Un nouveau guide des sources sur la Grande Guerre

Depuis sa création, ce blog est écrit à quatre mains : celles de l’enseignant-chercheur et celles de l’archiviste. Cependant, cette dernière se faisait rare ces derniers temps, occupée à une autre tâche au service des sources de la grande guerre… Aujourd’hui, une fois n’est pas coutume, je reprends le clavier pour parler d’un sujet qui m’est cher à plus d’un titre, puisqu’il s’agit de présenter un nouvel instrument de recherche (les archivistes en sont friands…), résultat d’un projet que j’ai copiloté pendant 4 ans. Je me livre donc ici à un exercice inédit et assumé d’auto-promotion et de réflexion sur la diffusion et la valorisation des sources 🙂 ! En 2012, les Archives départementales d’Ille-et-Vilaine se sont lancées dans la réalisation d’un guide des sources concernant l’Ille-et-Vilaine et la Grande Guerre, volet archivistique d’un ensemble de manifestations destinées à commémorer le Centenaire. L’objectif initial était de faire un état des sources existantes un siècle après le conflit, avec un parti pris d’ouverture : outre les documents conservés aux Archives départementales, nous avons élargi le périmètre du recensement à d’autres institutions patrimoniales d’Ille-et-Vilaine, à l’ensemble des communes du département, de la plus petite à la plus grande, ainsi qu’à des institutions nationales (Archives…

Le site internet du Centenaire présenté par le directeur éditorial

En février, la Mission du Centenaire a ouvert un site internet, centenaire.org, consacré à la Grande Guerre hier et aujourd’hui : hier à travers les archives (écrites, figurées ou orales) et aujourd’hui à travers le tourisme de mémoire, les événements commémoratifs ou scientifiques, les fouilles archéologiques ou les photographies contemporaines par exemple.  C’est un « portail de ressources numériques » : il propose du contenu (sans viser l’exhaustivité mais plutôt dans le but de faire découvrir des documents ou des thèmes, de donner envie d’en savoir plus) et se présente aussi comme une porte d’entrée vers d’autres sites internet, notamment vers les institutions patrimoniales détentrices de fonds d’archives. Ce portail pédagogique et esthétique s’adresse à la fois au grand public et aux spécialistes. Les contenus sont encore limités mais il est appelé à s’enrichir très vite. Nous avons souhaité en savoir plus sur les objectifs de la Mission : Aurélien Brossé, directeur éditorial du site, a bien voulu répondre à nos questions et nous a ainsi présenté les perspectives pour les mois à venir. Nous l’en remercions, ainsi que Joseph Zimet, directeur général de la Mission. 1. Comment se fait la quête des « trésors d’archives » ? Dans le cadre des actions de la Mission du centenaire de la Première…

En 2013, on déroge !
Archives / 4 janvier 2013

2013 commence par une dérogation générale : l’année s’ouvre sous les meilleurs auspices pour les amateurs de 14-18 ! En effet, un arrêté du 20 décembre 2012 signé par la ministre de la Culture et le ministre de la Défense, institue une dérogation générale pour la consultation des registres matricules du recrutement militaire de la Première Guerre mondiale. La dérogation concerne plus précisément les registres des classes 1912 à 1921. Ces derniers n’étaient pas encore librement communicables, en application des délais prévus par le code du Patrimoine (art. L. 213-2) pour protéger le secret médical, à savoir 120 ans à compter de la date de naissance de l’intéressé (délai pouvant être rapporté à 25 ans à compter de la date du décès si la date de décès est connue). Les informations de nature médicale ne sont pas rares dans les matricules, ce qui amène les services d’archives à appliquer aux registres ce délai de 120 ans, qui est le plus long prévu par le code du Patrimoine. Seuls les registres matricules des classes antérieures à 1912 étaient donc librement communicables. La « dérog » court jusqu’à la classe 1921, afin de permettre d’éventuelles recherches sur de jeunes engagés volontaires, même si ces…

Photographier le travail en 14-18
Sources figurées / 9 septembre 2012

En découvrant cet été les balades sonores initiées par les Archives de Rennes pour découvrir le quartier Arsenal-Redon, je me suis intéressée à l’histoire de l’Arsenal de Rennes et à un sujet qui m’est cher, à savoir les ouvrières. Le projet Regards neufs consistait à constituer un fonds d’archives orales grâce aux habitants du quartier et à faire découvrir les archives et la recherche historique à un public non initié. L’objectif était aussi de créer du dialogue, du lien social et de poser un nouveau regard sur leur quartier. Le résultat se donne à voir et à entendre sur le site Internet WikiRennes, où des témoignages oraux d’habitants du quartier et des documents écrits ou figurés se complètent pour évoquer, entre autres, l’histoire de l’Arsenal. Le projet de construction d’un établissement d’artillerie à Rennes, qui remonte à la fin du XVIIIe siècle, s’est concrétisé au milieu du XIXe siècle et l’arsenal s’est développé surtout après la défaite de 1871. Pour répondre aux besoins suscités par la Première Guerre mondiale, les ateliers de fabrication d’armement ont été renforcés, avec notamment la construction d’une douillerie en 1916, la superficie des terrains et bâtiments a été étendue, et la main-d’oeuvre serait passée de…

Au travail !
Archives , Commémorations / 27 août 2012

A l’heure des universités d’été, les archivistes du monde entier avaient les yeux tournés vers Brisbane, en Australie, où s’est tenu le Congrès international 2012 du Conseil international des archives, du 20 au 24 août. A cette occasion, Jean-Baptiste Auzel, conservateur en chef aux Archives de France, a donné une communication sur « les Archives de France et la commémoration du premier conflit mondial », consultable sur le site Internet ICA 2012. Il y a présenté cinq grands axes : 1 – la numérisation et la mise en ligne des registres matricules des soldats : 8 millions de fiches matricules au total…, qu’une dérogation générale devrait bientôt rendre librement communicables et dont la CNIL pourrait autoriser la mise en ligne ; s’il est possible d’ajouter une indexation à la numérisation, l’accès se ferait via un moteur de recherche national (sur tous ces aspects juridiques, techniques et financiers, la communication est très complète). 2 – un guide de recherche dans les sources archivistiques : le guide de recherche national, thématique, ne vise pas l’exhaustivité, et devrait être complémentaire des guides déjà publiés ou en cours d’élaboration dans les services d’archives notamment dans les Archives départementales ; ce guide national devrait être publié en…

Europeana 1914-1918. Acte III : la collecte auprès des particuliers
Archives , Objets , Patrimoine / 19 mars 2012

Die Bibel als Rettung vor dem Tod (Collection particulière : Prof. Dr. Gottfried Geiler) / Europeana 1914-1918 Après « Europeana Collections 1914-1918 », qui concerne des institutions patrimoniales, il faut évoquer un projet au nom très proche, « Europeana 1914-1918« , qui consiste quant à lui à numériser des fonds détenus par des particuliers. En 2008, dans toute la Grande-Bretagne, il a été demandé au public de rassembler les lettres, les photos et les souvenirs de famille liés à la Grande Guerre afin de les numériser. Cette initiative de l’université d’Oxford, qui a donné naissance à The Great War Archive, a remporté un franc succès, amenant Europeana à lancer un programme pan-européen de collecte et de numérisation auprès du public Depuis 2011, ce projet rassemble des souvenirs et des histoires sur la période de la Grande Guerre. Dans la phase actuelle, il se concentre sur des objets européens : lettres, cartes postales, photos et histoires d’Allemagne, du Luxembourg, d’Irlande, de Slovénie et du Royaume-Uni. Les contributions peuvent prendre deux formes : Chacun peut fournir une photographie d’objet ou proposer une histoire via le site Europeana 1914-1918 : l’équipe projet procède ensuite à la validation. A l’occasion de journées de collecte, chacun peut apporter des…

Europeana Collections 1914-1918. Acte II : les contenus

Les protagonistes du programme Europeana Collections 1914-1918 se sont interrogés sur les attentes du public afin d’orienter la sélection des documents à numériser. Une enquête réalisée sur Internet, dont les résultats ont été présentés au cours de la journée d’étude du 16 décembre 2011, a offert un premier aperçu de la demande du grand public comme des chercheurs, entre sélection de documents uniques et riche bibliographie. L’ambition du projet se lit dans le nombre de documents numérisés (plus de 400000) mais aussi dans leur qualité et leur diversité.  La sélection concernera tous les supports (manuscrits, imprimés, cartes, photographies, affiches, musique, enregistrements audiovisuels) et tous les types de publications (journaux, tracts, romans, correspondance, littérature pour la jeunesse, manuels…). Elle permettra de constituer un corpus représentatif de l’expérience individuelle et collective et de l’opinion dans les pays belligérants comme dans les pays neutres et selon toutes les sensibilités nationales, politiques et religieuses. (Chroniques de la Bibliothèque nationale de France, n° 58, avril-juin 2011) De plus, pour répondre à l’objectif d’accès rapide et facile, la numérisation sera faite, chaque fois que possible, en plein texte. Quelles seront les contributions françaises ? La BnF sera une des principales contributrices, à partir de ses propres…

Europeana Collections 1914-1918. Acte I : la genèse

Je commence aujourd’hui un « billet-feuilleton » consacré au programme Europeana Collections 1914-1918. C’est un projet international de numérisation et de diffusion, via un portail européen, de documents se rapportant à la Première Guerre mondiale. Soutenu par la Commission européenne, ce projet est impressionnant, tant par ses objectifs (mise en ligne de plus de 400000 documents) que par l’important travail de coordination qu’il suppose à l’échelle européenne (mise en place de partenariats, sélection des documents, numérisation et océrisation, interopérabilité des métadonnées, agrégation des contenus, médiation…). En voici la genèse. En 2010, dix bibliothèques nationales de huit pays européens, ainsi que deux partenaires techniques, ont décidé de se réunir autour d’un projet commun visant à numériser et à proposer en ligne un corpus riche et varié de documents numérisés traitant de la Grande Guerre. Ces pays, qui figuraient en 1914-1918 du côté de la Triple Entente, de la Triple Alliance ou des Neutres, sont : l’Allemagne, la France, l’Italie, la Belgique, le Royaume-Uni, le Danemark, l’Autriche, la Serbie. La France est représentée par la Bibliothèque nationale de France (BnF) et la Bibliothèque nationale et universitaire (BNU) de Strasbourg. 17 thématiques ont été retenues (par exemple : littérature de guerre ; chants et partitions…

« Avis à la population » : bientôt la Journée internationale des Femmes !
Archives , Musées , Recherche / 4 mars 2012

La Journée internationale des Femmes, le 8 mars prochain, nous donne l’occasion de parler de la place des femmes dans la Grande Guerre. En l’absence de son mari mobilisé, une femme récupère les fonctions de crieur public (photographie de presse, Agence Rol), 1916. Source : gallica.bnf.fr / BnF   L’émancipation des femmes, tant politique que sociale ou professionnelle, n’a pas attendu le conflit mondial, comme l’ont bien montré des historien-ne-s, à l’instar de Françoise Thébaud. Et les changements apportés, bien qu’ils aient été très visibles pendant le conflit, se sont finalement souvent avérés superficiels ou provisoires. Un court dossier sur le site Chemins de Mémoire fait état de l’évolution de l’historiographie et de l’impossibilité de traiter le sujet de manière univoque. Jeudi 8 mars 2012, le Musée de la Grande Guerre du Pays de Meaux propose un Bistrot historique sur les pionnières de l’aviation (« Les Reines du Ciel, aviatrices célèbres »). Des visites guidées sur le thème des femmes dans la guerre sont également proposées. Et l’on trouvera, sur le site Internet du musée, des ressources mises en ligne à l’occasion de l’exposition consacrée en 2010-2011 aux femmes dans la Grande Guerre. Dimanche 11 mars, l’Historial de la Grande Guerre va…

Zoom sur Blaise Cendrars à la BDIC
Bibliothèques / 5 février 2012

La Bibliothèque de documentation internationale contemporaine met Blaise Cendrars à l’honneur à l’occasion du 50e anniversaire de sa disparition et de l’acquisition de l’édition originale de J’ai tué. C’est l’occasion de revenir sur le parcours de l’écrivain d’origine suisse qui s’est engagé dans l’armée française comme volontaire étranger dès 1914 et a été amputé du bras droit en septembre 1915. Il a laissé deux témoignages de son expérience de guerre : J’ai tué (1918) et La Main coupée (1946). En partant de l’expérience et des écrits de Cendrars, la BDIC a réalisé, outre une bibliographie thématique sélective, plusieurs dossiers très intéressants sur Cendrars et la presse illustrée, La blessure et la mutilation des combattants dans les affiches françaises, L’artisanat de tranchée : « Je tiens le filon », Cendrars et le cinéma. C’est aussi l’occasion de mieux connaître la BDIC, cette bibliothèque créée en 1917 pour collecter le patrimoine de la Première Guerre mondiale et favoriser la connaissance historique. Un dossier consacré à la littérature combattante (J’ai tué de Blaise Cendrars et le fonds des récits de guerre à la BDIC) me permet d’évoquer l’intérêt de comprendre les modes de constitution et de classement des collections d’une bibliothèque. Deux exemples : – …