La Grande Guerre s’est invitée à Brazzaville en novembre

3 décembre 2012

A l’occasion des cérémonies du 11 novembre 2012, l’Institut français du Congo et le lycée français Saint-Exupéry de Brazzaville ont organisé les premières rencontres Images et histoire à Brazzaville. L’Afrique dans les tranchées est le thème retenu par les organisateurs, Louis Estienne, Soukeye Estienne, Christophe Jegat et Gonzague Batteux, proviseur du lycée. Ce premier festival s’inscrit dans une perspective plus large. Il est la suite logique d’un cycle Cinéma et histoire organisé deux fois par mois dans la capitale congolaise depuis 2011 sous la forme d’une projection cinématographique suivie d’une conférence. Il préfigure aussi les manifestations qui accompagneront les commémorations du centenaire de la Première Guerre mondiale en Afrique équatoriale.

Ainsi, du 11 au 16 novembre, des chercheurs et universitaires congolais et français ainsi que des professeurs du secondaire ont participé à un colloque original ouvert au grand public (le programme se trouve ici). Les matinées de la semaine ont été consacrées à des interventions thématiques destinées aux élèves du lycée français Saint-Exupéry de Brazzaville et de quelques établissements congolais de Brazzaville (parmi lesquelles l’École militaire préparatoire Général Leclerc). Ainsi, Jean-Yves Le Naour est intervenu sur l’expérience combattante tandis qu’Annette Becker a évoqué Apollinaire, un écrivain du front. Le 16 novembre, j’ai présenté aux élèves quelques documents que les historiens et les généalogistes français et africains peuvent trouver dans les archives françaises. Puis, chaque après-midi, des passionnés, des étudiants, des érudits, des professeurs et des curieux se sont réunis, nombreux, dans l’amphithéâtre de l’Institut français du Congo pour suivre des conférences universitaires. En guise d’introduction, le public a pu écouter une conférence du professeur Marc Michel, de l’université de Provence, spécialiste de l’histoire contemporaine de l’Afrique, portant sur la participation des Africains à la Grande Guerre. Professeur d’histoire à l’université Marien-Ngouabi, Léon Bemba a centré sa communication sur la participation de l’Afrique équatoriale française dans la Première Guerre mondiale. L’historien Cheikh Sakho est revenu sur les monuments élevés en l’honneur des soldats de l’Afrique. Annie Déperchin a évoqué les modalités juridiques de la participation de l’Afrique à la Première Guerre mondiale. Quant à Olivier Appolodorus, enseignant au lycée français de Kinshasa et scénariste de bande dessinée, il a présenté les différentes étapes (recherches, écritures, dessins, etc.) qui ont ponctué l’élaboration d’une bande dessinée inspirée de faits historiques : La Grippe coloniale. Enfin, tous les soirs, des projections de films et de documentaires ont été poursuivies par des débats et des conférences. Le public a assisté à la diffusion de documentaires : celui de la réalisatrice Florida Sadki intitulé Dans les tranchées l’Afrique : l’aventure ambiguë ou encore celui de Serge Simon, Le mystère du camp des nègres. L’historien du cinéma Laurent Veray a présenté L’Héroïque cinématographe mais aussi Théâtres de guerre – 1917, qui était diffusé en boucle dans l’exposition 1917 au centre Pompidou-Metz. Ces premières rencontres Images et histoires de Brazzaville ont été suivies par RFI et partiellement retransmises dans La Marche du monde de Valérie Nivelon, au cours de deux émissions disponibles en podcast (1re partie et 2e partie).

Le pari des organisateurs a été tenu. Ils ont réussi à organiser une manifestation scientifique destinée aux spécialistes mais aussi à un plus large public. Une fois de plus, les différentes communications ont permis de mesurer la diversité des approches et des sources relatives à la Première Guerre mondiale. Ces journées ont aussi été l’occasion de suivre des débats passionnants. J’ai pu constater que les Congolais nourrissent une véritable passion pour la Première Guerre mondiale. Beaucoup m’ont présenté des archives familiales concernant un aïeul tandis que d’autres m’ont demandé la marche à suivre pour retrouver un soldat africain de l’armée française de la Grande Guerre. Une idée pour un prochain papier sur ce blog !

Un commentaire

  • DELABARRE Jean-Marie 2 avril 2014 à00:27

    Je suis président de l’association « Cinq et demi, pour un cinéma d’auteur » à REIMS.
    Je suis curieux de savoir si vs avez vu le film « La Victoire en chantant » de JJ Annaud et si oui, ce que vs en avez pensé.
    Merci de votre réponse.
    JM Delabarre

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