1914-1945 : les Grandes Guerres. Nicolas Beaupré répond à nos questions
Objets , Recherche / 30 mai 2012

L’historien Joël Cornette nourrissait ce projet depuis plusieurs années : diriger une nouvelle Histoire de France et offrir au public le résultat des recherches entreprises par les historiens. Cette Histoire de France de Clovis à nos jours comprend treize tomes. L’historien Nicolas Beaupré s’est vu confier la rédaction du volume couvrant la période s’étendant de 1914 à 1945. Il a accepté de répondre à nos questions. Né en 1970, Nicolas Beaupré est maître de conférences en histoire contemporaine à l’Université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand. Il est également membre junior de l’Institut Universitaire de France (IUF, promotion 2010) et membre du comité directeur du Centre international de recherche de l’Historial de la Grande Guerre de Péronne. Spécialiste de la Grande Guerre et de ses conséquences en France et en Allemagne, il a notamment publié Le Rhin. Une géohistoire, Paris, La documentation Française, 2005 ; Ecrire en guerre, écrire la guerre (France, Allemagne 1914-1920), Paris, CNRS éditions, 2006 ; Das Trauma des Krieges (1918-1932/33). Deutsch-französische Geschichte Band VIII (Histoire franco-allemande 1918-1932/33), Darmstadt, Wissenschaftliche Buchgesellschaft, 2009, à paraître en français sous le titre Le Traumatisme de la Grande Guerre, en septembre 2012 aux Presses universitaires du Septentrion. Pourquoi ce titre : « Les Grandes Guerres » ? Comme…

Sur les traces des poilus d’Orient
Archéologie , Objets / 21 mai 2012

Document : cimetière militaire de Bitola avec au premier plan la tombe du soldat Momar N’Doye Origine :photographie d’Eric Allart (avril 2012) J’ai récemment échangé avec Eric Allart, enseignant, qui m’a fait part d’une initiative intéressante par ses aspects pédagogiques et scientifiques. Une équipe d’enseignants du lycée Mermoz de Vire, soutenue par des spécialistes (Yann Thomas et Sophie Quévillon) et avec le concours de la région Basse-Normandie et de l’académie de Caen, a mené à bien un projet de prospection archéologique sur le thème de la Première Guerre mondiale en Macédoine. L’une des caractéristiques de cette activité est qu’elle a associé des élèves du lycée professionnel Jean Mermoz de Vire et des élèves du lycée Josip Broz Tito de Bitola. Dès 2009, des enseignants et des élèves du lycée normand ont réalisé un travail de recherche documentaire et de lecture de correspondances et de carnets de guerre de poilus d’Orient. Du 20 au 25 mars 2009, ils ont effectué une reconnaissance sur le terrain, dans le but de localiser les zones de fouilles et de nouer des contacts avec les Macédoniens. A partir du 25 avril et jusqu’au 2 mai 2010, une équipe forte de 15 élèves français et de 15 élèves macédoniens, encadrés par six…

Pour une approche régionale de la Grande Guerre
Recherche / 13 mai 2012

Document : Le général Charles Boscal de Réals, maire de Plouvorn (Finistère), remet une décoration dans sa commune au début des années 1930. D’abord officier de cavalerie en 1914, Charles Boscal de Réals obtient d’être affecté dans l’infanterie pendant la guerre. Blessé à trois reprises, il commande notamment le 93e régiment d’infanterie, où sert également le chef de bataillon de Lattre de Tassigny. A ses côtés, son fils Guy, saint-cyrien de la promotion du Tafilalet (1931-1933), assiste à la cérémonie ; il meurt pour la France à la tête de la 3e compagnie du régiment infanterie coloniale du Maroc dans les environs d’Angers le 17 juin 1940. Origine : fonds privé Charles-Henri de Réals. Mardi 13 novembre 2012, une journée d’étude portant sur l’approche régionale de la Grande Guerre se tiendra à l’Université de Rennes 2 Haute-Bretagne. Cette journée est coorganisée par le CERHIO (UMR CNRS 6258), l’université de Rennes 2 et le Centre de recherche des écoles militaires de Saint-Cyr Coëtquidan (CREC). Si la connaissance de la Grande Guerre et de la manière dont combattants et civils ont vécu les quatre années de conflit a fait de considérables progrès depuis deux décennies, au gré du renouvellement des problématiques, une…

Le président de la République et les blessés de guerre
Uncategorized / 9 mai 2012

M. et Mme Deschanel reçoivent des grands blessés à l’Elysée  (photographie de presse, Agence Meurisse), 1920. Source : gallica.bnf.fr / BnF Le 18 février 1920, le Parlement, réuni en congrès, élit Paul Deschanel à la présidence de la République. C’est une immense surprise et une déception pour les proches de Georges Clemenceau. Mais la présidence de Deschanel ne dure que quelques mois et aujourd’hui on retient surtout sa chute d’un train dans les environs de Roanne en mai 1920. Pour des raisons de santé, il démissionne en septembre 1920. Pourtant, au lendemain de la Première Guerre mondiale, Paul Deschanel jouit d’une grande popularité. Il a accompli une belle carrière politique en qualité de député puis de président de l’Assemblée nationale (de 1898 à 1902 et de 1912 à 1920). Mais surtout, pendant et après la guerre, il s’investit dans le soutien aux blessés de guerre en leur rendant visite dans les hôpitaux et en défendant leurs intérêts. En 1920, il effectue sa première visite présidentielle au cimetière de Bagneux, où il dépose une palme au pied du monument élevé aux morts de la guerre, puis il rend visite à des blessés de guerre soignés à l’hôpital du Val de Grâce (sources). Cette même année, Paul…

Tour de France des matricules

Réservistes de 1870, Pierre Georges Jeanniot, 1882, Paris, Musée de l’Armée L’histoire de l’armée est inséparable de celle de la Nation, écrivait Paul-Marie de La Gorce dans La République et son armée. Les registres matricules en sont une illustration. Comment et pourquoi ont-ils été constitués et comment sont-ils conservés et valorisés aujourd’hui ? Les collections des registres matricules commencent à partir de 1867. Les lois sur le recrutement de l’armée, depuis la loi Niel de 1868 jusqu’à la loi de 1905, ont imposé progressivement le service militaire aux jeunes Français. Le recrutement dans les armées débute par un recensement des jeunes hommes de 20 ans (la classe) effectué chaque année par les maires. Ces hommes sont ensuite convoqués devant le conseil de révision au chef-lieu de canton, où ils sont déclarés aptes ou inaptes au service. Cette décision est inscrite sur les listes de recrutement cantonal de la subdivision. On peut en visionner sur le site internet des archives municipales de Saint-Denis. Enfin, les bureaux du recrutement, installés dans les subdivisions de région, convoquent les conscrits afin des les immatriculer et de les inscrire sur le registre matricule avant l’incorporation. Les civils deviennent alors des militaires. Un site internet, Le parcours…

Their Name Liveth For Evermore

Dimanche dernier, alors que je flânais en famille le long des étals d’un vide-grenier, mon attention s’est portée sur une Etude sur Rudyard Kipling, chantre de la Grande Guerre (1914-1918). Ce livret de 60 pages est la version publiée de conférences données à l’Hôtel de ville de Versailles en juin 1921 par Victor Glachant (1864-1941), professeur de rhétorique aux lycées Buffon à Paris puis Hoche à Versailles. Il est aussi l’auteur de plusieurs ouvrages de pédagogie et d’études littéraires, telle  cette étude consacrée à Rudyard Kipling. Rudyard Kipling doit sa notoriété à des livres pour enfant : qui ne se souvient du Livre de la jungle, de Capitaines courageux ou de Kim ? Dans ses romans, dans ses nouvelles comme dans ses poèmes, Kipling exalte souvent la gloire et la grandeur de l’empire britannique. Ses héros sont souvent de petites gens, qui œuvrent à cette grandeur : les marins, les soldats, les ingénieurs, les fonctionnaires, etc. Le prix Nobel de littérature lui est décerné en 1907 ; il est à alors à l’apogée de sa carrière. Chantre de l’impérialisme britannique, il s’en détache peu à peu quand la dimension mercantile s’impose aux ambitions politiques et morales. Néanmoins, en 1914, il s’investit dans le lutte contre l’Allemagne. Cet épisode de la vie…

Le 16 avril 1917, au Chemin des Dames, « L’heure est venue. Confiance et courage »
Archives / 15 avril 2012

Au tournant de 1916 et 1917, les Alliés placent tous leurs espoirs dans leur grande offensive de printemps. Le plan nécessite des moyens considérables. A la fin du mois de mars 1917, les Français alignent sur un front compris entre Soissons et Reims, soit 80 kilomètres, un groupe d’armées, commandé par le général Micheler, fort de trois armées aux ordres des généraux Mazel (Ve),  Mangin (VIe) et Duchêne (Xe). Ce sont plus de 5 000 pièces d’artillerie qui ont été acheminées : sur le front des Ve et VIe armées (environ 50 kilomètres), il y a une pièce d’artillerie tous les huit mètres. Pour tirer, l’artillerie a besoin des observations aériennes : 39 ballons, 47 escadrilles d’observation (pour le réglage de l’artillerie) et 8 escadrilles de chasse ont été réunis pour l’offensive. Enfin, pour la première fois, le haut commandement français s’apprête à engager massivement des chars (128). Au total, près de 1 200 000 hommes (10 fois l’effectif de l’armée de terre française aujourd’hui) sont rassemblés. Le général Robert Nivelle est le commandant en chef de l’armée française. Ce polytechnicien, officier d’artillerie, s’est distingué dans la phase offensive de la bataille de Verdun l’année précédente. Il a notamment reconquis…

Les conseils de guerre des régions : l’exemple de Rennes
Archives / 5 avril 2012

Cliquer sur le document pour agrandir. Document : Dossier de procédure de Jean-Louis Lannezval, 136e régiment d’infanterie, traduit devant le conseil de guerre permanent de la 10e région (septembre 1914). Origine : Archives départementales d’Ille-et-Vilaine, 11 R 795. A l’occasion de mes récentes recherches dans les dossiers du conseil de guerre de Rennes, je vous invite à découvrir ces sources et quelques axes de recherche qu’elles offrent au chercheur. Avant le conflit, la justice dans les armées est exercée par le conseil de guerre. Chaque région militaire dispose d’un tribunal. Les hommes déférés devant les conseils de guerre sont des soldats, des sous-officiers et des officiers appartenant à l’armée active (engagés et appelés) jugés pour des crimes et des délits attestés par le code de justice militaire de 1857. Celui-ci est complété en 1875 par une loi sur le fonctionnement en temps de guerre. Les condamnés sont écroués dans des lieux de détention militaires (les fameuses prisons militaires) et ils réintègrent l’armée à l’expiration de leur peine. A partir d’août 1914, cette organisation connaît quelques évolutions. Dans la zone de l’intérieur (les régions), les tribunaux militaires sont maintenus. Dans la zone des armées, toutes les grandes unités (de la division à…

Une sinistre comptabilité
Archives / 26 mars 2012

Document : Note de la commission de l’armée au Sénat au sujet de l’évaluation des récupérations et des déchets, avril 1916 (état-major de l’armée, 1er bureau). Origine : Service historique de la Défense, 7 N 533 : études sur les effectifs (1914-1919). Aujourd’hui, je vous propose de découvrir un document étonnant. Beaucoup considèrent, encore aujourd’hui, que les autorités ont longtemps ignoré l’étendue des pertes pendant la guerre. Il est vrai que compter les pertes (morts, disparus, blessés, prisonniers) a été une opération compliquée à mettre en œuvre ; que les chiffres obtenus ont été le plus souvent  fantaisistes ; et que le résultat a été l’un des secrets les mieux gardés. Mais dès les premières batailles, les généraux comme les politiques savent bien que le feu tue : beaucoup ont connu les champs de bataille et toutes les familles sont endeuillées. Le maréchal Foch perd son fils et son gendre à la guerre ; le général de Castelnau perd ses trois fils. Pour conduire la guerre et les opérations, il est nécessaire d’avoir une vision globale des pertes et des effectifs disponibles. Au début de l’année 1916, l’armée française, alors qu’elle se prépare à attaquer conjointement avec les Britanniques sur la…

Les rendez-vous de mars
Patrimoine , Recherche / 2 mars 2012

Le mois de mars sera riche en manifestations scientifiques consacrées à la Première Guerre mondiale. Le mardi 6 mars, le thème de la conférence du séminaire « La Grande Guerre aujourd’hui » animé par Anne Hertzog et Nicolas Offenstadt, portera sur le patrimoine urbain de la Grande Guerre.  Jean-Yves Bonnard (Centre départemental de Documentation pédagogique de l’Oise) interviendra sur « L’architecture de la première reconstruction en Picardie : une patrimonialisation en devenir » et Romain Fathi (Institut d’étude politique ede Paris) traitera de « Villers-Bretonneux et l’Australie : construction de l’identité nationale et extraterritorialité ». La séance se tiendra à la salle Michelet à la DMPA, 37 rue de Bellechasse dans le 7e arrondissement à Paris, de 17 heures à 19 heures30. Le 12 mars, Antoine Prost animera une discussion au cours de laquelle Gerd Krumeich et Nicolas Offenstadt tenteront de dresser le bilan d’un centenaire de l’historiographie française de la Grande Guerre. Rendez-vous donc à l’Institut historique allemand de Paris le 12 mars à 18 heures. Cette nouvelle conférence s’inscrit dans un cycle commencé en février et qui se terminera en juin 2012. Les 22 et 23 mars, un colloque  rassemblera des universitaires (Philippe Nivet, Emmanuelle Cronier, Caroline Douki) et des doctorants (Erwan Le Gall, Emma Danchin), des militaires (lieutenant-colonel Rémy…