Résultats de recherche pour front orient

Faire des recherches sur un poilu d’Orient
Archives , Généalogie , Recherche / 16 mars 2015

Publication de l’Association vosgienne des anciens combattants de l’armée d’Orient (mars 1929) [Gallica]   La semaine dernière, Jean-Marc Todeschini, secrétaire d’État chargé des Anciens Combattants et de la mémoire auprès du ministère de la Défense, s’est rendu en Grèce, en Macédoine, en Serbie et en Roumanie, pour commémorer le centenaire du début des opérations militaires sur le front d’Orient. On peut suivre ce voyage mémoriel et commémoratif sur le carnet de voyage de Stéphanie Trouillard, journaliste à France24. A cette occasion, nous nous sommes intéressés aux sources permettant de partir sur les traces des poilus d’Orient. Environ 80 000 hommes ont débarqué aux Dardanelles en 1915 et 400 000 autres ont combattu dans les Balkans de 1915 à 1920. A première vue, la recherche d’informations paraît compliquée. Peu d’études et de monographies ont été consacrées à ce front par les historiens. De plus, l’éloignement des champs de bataille et des lieux de mémoire, l’éparpillement des sources en France, l’absence d’archives en Macédoine (ce qui ne semble pas être le cas en Bulgarie) et la barrière de la langue quand les recherches se déplacent dans les Balkans compliquent plus encore les recherches. Pourtant, comme nous l’avons déjà montré en présentant notamment…

Retour en Macédoine. Sur les traces matérielles et mémorielles des Poilus d’Orient.
Archéologie , Objets / 7 septembre 2014

En 2012, nous avions évoqué ici même l’initiative intéressante lancée par une équipe d’enseignants du lycée Mermoz de Vire. En juillet 2014, Eric Allart est retourné en Macédoine pour effectuer une nouvelle prospection inventaire dans la boucle de la Cerna. Il a bien voulu nous en présenter les grandes lignes. *** Dans le prolongement du travail effectué en avril 2010 et avril 2012, nous avons effectué une prospection inventaire dans la boucle de la Cerna du 15 au 21 juillet 2014, au sud de la République de Macédoine. Le voyage a été aussi l’occasion de rencontrer l’attaché de défense de l’ambassade de France à Skopje, pour lui présenter nos travaux et définir la participation d’un groupe d’élèves du lycée professionnel Jean Mermoz de Vire aux commémorations de novembre dans le cimetière militaire français de Bitola. Une stèle construite par les élèves chaudronniers du lycée professionnel Jules Verne de Mondeville, sous l’égide de Sylvie Guitton, est en voie d’acheminement vers Bitola (arrivée prévue courant septembre 2014). Elle représente un fantassin chargeant, inspiré par les dessins de l’artilleur Etienne Valentin, hommage de la communauté éducative bas-normande au sacrifice des Poilus d’Orient. L’expédition de 2012, associant des enseignants et des élèves des deux…

Sur les traces des poilus d’Orient
Archéologie , Objets / 21 mai 2012

Document : cimetière militaire de Bitola avec au premier plan la tombe du soldat Momar N’Doye Origine :photographie d’Eric Allart (avril 2012) J’ai récemment échangé avec Eric Allart, enseignant, qui m’a fait part d’une initiative intéressante par ses aspects pédagogiques et scientifiques. Une équipe d’enseignants du lycée Mermoz de Vire, soutenue par des spécialistes (Yann Thomas et Sophie Quévillon) et avec le concours de la région Basse-Normandie et de l’académie de Caen, a mené à bien un projet de prospection archéologique sur le thème de la Première Guerre mondiale en Macédoine. L’une des caractéristiques de cette activité est qu’elle a associé des élèves du lycée professionnel Jean Mermoz de Vire et des élèves du lycée Josip Broz Tito de Bitola. Dès 2009, des enseignants et des élèves du lycée normand ont réalisé un travail de recherche documentaire et de lecture de correspondances et de carnets de guerre de poilus d’Orient. Du 20 au 25 mars 2009, ils ont effectué une reconnaissance sur le terrain, dans le but de localiser les zones de fouilles et de nouer des contacts avec les Macédoniens. A partir du 25 avril et jusqu’au 2 mai 2010, une équipe forte de 15 élèves français et de 15 élèves macédoniens, encadrés par six…

Numériser et mettre en ligne les registres matricules : l’exemple des Archives départementales de la Drôme

A l’heure où nombre de services d’archives départementales numérisent les registres matricules pour les mettre en ligne sur leurs sites Internet, le directeur des Archives départementales de la  Drôme, Benoît Charenton, a bien voulu nous présenter les motivations, les préparatifs et la mise en œuvre de ce type d’opération, qui contribue à la diffusion du patrimoine écrit conservé dans le réseau des archives publiques. *** Numériser les registres matricules, pour le conservateur qui en a la charge, c’est d’abord l’occasion de se replonger dans ces gros registres livrés chaque année, par porteur militaire, dans les archives départementales. Soixante-dix ans après avoir été ouverts, ils retournent dans leur département d’origine, porteurs de tous les « bons pour le service » d’une classe, soit l’ensemble des jeunes gens recensés au cours de leur vingtième année et déclarés aptes à remplir leurs obligations militaires. Leur reliure fatiguée cache des pages remplies de précieuses informations sur la carrière de nos aïeux sous les drapeaux, à des époques où le fait militaire exerçait sur les individus une emprise que l’on a peine à imaginer aujourd’hui. Arrivées à vingt ans au régiment, les recrues y effectuent un service actif de deux à cinq ans suivant les époques et…

Les monuments aux morts de la Grande Guerre dans les Côtes d’Armor (1914-2020)
Commémorations , Entretiens , Patrimoine / 1 décembre 2020

Publié aux éditions A l’ombre des mots, le dernier livre de l’historien Yann Lagadec consacré aux monuments aux morts des Côtes d’Armor de 1914 à aujourd’hui est original à plus d’un titre. Certes, on y trouve les développements attendus sur les financements, l’édification ou encore la forme des monuments. Mais en exploitant des sources plurielles, il va plus loin et offre une vision très large de l’hommage aux combattants. Il étudie les divers monuments, communaux, paroissiaux ou professionnels, et leur usage mémoriel de 1914 à aujourd’hui. Pour en savoir plus, je lui ai posé quelques questions. 1/ Pourquoi avez-vous écrit ce livre ? Trois éléments m’y ont poussé en fait. C’est tout d’abord un sujet sur lequel je m’étais déjà penché, au milieu des années 1990, lorsque j’enseignais au collège de Plémet : j’avais alors proposé à mes élèves de 3e de travailler sur les monuments de leur commune et j’avais ainsi pu mesurer tout l’intérêt de ces monuments, toute leur diversité. Cela avait été aussi l’occasion d’un premier contact avec une historiographie devenue classique depuis, notamment les travaux d’Antoine Prost, et d’une première mais très modeste publication.   Le second élément est lié à l’encadrement d’étudiants de Licence professionnelle Tourisme…

« Bien s’instruire pour mieux servir » : la formation militaire au début du XXe siècle
Recherche / 1 mars 2018

La défaite de 1871 provoque une prise de conscience, chez le pouvoir politique et l’autorité militaire, de la nécessité de réformer l’armée. Tout comme le recrutement (voir le billet précédent) ou l’organisation de l’armée, la formation des militaires devient une priorité. De plus, au tournant des XIXe et XXe siècles, l’institution militaire ne peut pas rester à l’écart du mouvement de scolarisation qui touche la société française. Progressivement, les officiers se passionnent pour les études et le travail intellectuel, une sorte d’âge d’or pour de nombreux militaires aujourd’hui. Officiers et surtout sous-officiers deviennent les chevilles ouvrières de l’instruction dans les armées. Ainsi à la veille de la Première Guerre mondiale, les cadres sont non seulement instruits et formés pour commander au feu mais aussi pour préparer des millions de Français à combattre. I / Avant les obligations militaires La formation militaire des Français commence bien avant les obligations militaires. Dès leur plus jeune âge à l’école primaire, les jeunes Français sont préparés mentalement et physiquement à l’idée de servir militairement le pays. Par exemple, à partir des années 1880, des cours de gymnastique et d’exercices militaires pour les garçons sont inscrits au programme des écoles primaires. De nombreux fils de…

Pourquoi Orages d’acier n’est-il pas à mettre dans toutes les mains….

Orages d’acier, troisième épisode. Pourquoi Orages d’acier n’est-il pas à mettre dans toutes les mains, sans remise dans le contexte de la Grande guerre, mais aussi de l’après-1918 en Allemagne ? ____ La prudence s’impose. Ce témoignage a exercé – on vient d’en noter les ressorts – un magnétisme puissant dans une Allemagne déboussolée, après 1918. Orages d’acier pose les bases d’une société militarisée, presque sans classe, dynamique socialement, virile et impitoyable pour les faibles. Cette armée allemande décrite par Jünger reprend en le perfectionnant – révolution des transports et de l’industrie oblige – un modèle mis en place par un autre empereur : Napoléon Ier. Ce dernier a imaginé une Grande Armée auto-centrée et hermétique aux affaires civiles, une contre-société soudée par la camaraderie militaire : celle que l’on retrouve décrite par Conrad dans sa nouvelle Le Duel, portée à l’écran par Ridley Scott (Les duellistes). L’armée napoléonienne aux uniformes chatoyants et son va-et-vient continuel à travers toute l’Europe, a perfectionné le legs de glorieux précurseurs : celui de Louis XIV ou de Frédéric II de Prusse. L’Empereur français concentre ses forces sur une portion de territoire (le camp de Boulogne, par exemple), grâce à des prodiges de logistique…

Que manque-t-il à Orages d’acier pour pouvoir figurer au rang des ouvrages d’instruction ?

Orages d’acier, deuxième épisode. Que manque-t-il à Orages d’acier pour pouvoir figurer au rang des ouvrages d’instruction ? ____ Mon opinion sur cette œuvre majeure n’a pas sa place dans la réponse à cette deuxième question. Quoi que j’en dise, elle poursuivra sa carrière entamée il y a près d’un siècle. Ernst Jünger a immédiatement trouvé son public, y compris de ce côté-ci du Rhin. Dans la présente réédition au format Livre de Poche, on commence ainsi par une préface de l’auteur lui-même à la traduction française, dans laquelle il affiche une tranquille certitude : la gloire et la paix des braves (on est en 1960). L’avant-propos du maréchal Juin n’apporte rien d’autre, il est vrai, qu’un lénifiant commentaire sur la différence entre ceux qui en ont (l’avant fait le boulot) et ceux qui traînent derrière avec les planqués; écrits trop rapides d’un ancien combattant de 14 ayant perdu un bras au feu, membre de l’Académie Française. Alphonse Juin ne souligne pas l’effort d’Ernst Jünger pour faire comprendre de l’intérieur la Grande guerre. On saisit l’immense quiproquo provoqué par Orages d’acier en lisant la citation élogieuse d’André Gide en quatrième de couverture. Qu’un maréchal de France et un géant subversif…

De l’intérêt pédagogique d’une correspondance familiale : Plateforme 14-18

3500 lettres et une centaine de photographies, échangées entre 1914 et 1918 par les huit membres d’une même famille et leurs amis, constituent le point de départ du travail mené par Pierrick Hervé, professeur au lycée Guist’Hau de Nantes et Marie-Christine Bonneau-Darmagnac, professeure au collège Jules Verne de Buxerolles. Cette dernière nous le présente. ** Le fonds d’archives de la famille Résal C’est grâce à un trésor de famille que Plateforme 14/18 existe. Jacques Résal, l’un des descendants, est dépositaire du fonds constitué de 3500 lettres et environ une centaine de photographies et nous a permis de l’utiliser pour le mettre à la disposition de la communauté éducative. C’est un vaste projet transmedia qui est né de cet ensemble documentaire avec tout d’abord la réalisation d’un film La cicatrice. Une famille dans la Grande Guerre par Laurent Véray, pour France 3, en 2013. Puis, l’édition de trois ouvrages co-signés Jacques Résal et Pierre Allorant : Lignes du front de l’Arrière. Correspondance du directeur du tramway de Bordeaux avec son fils artilleur, PU Bordeaux, 2015. La Grande Guerre à tire d’ailes. Correspondance de deux frères dans l’aviation. 1915-1918, Encrage, 2015. Femmes sur le pied de guerre. Chronique d’une famille bourgeoise. 1914-1918, Septentrion,…

Frederic Manning, Nous étions des hommes
Arts Littérature Cinéma / 12 janvier 2016

Nous étions des hommes (Her Privates We) se déroule dans la Somme en 1916, il y a près de cent ans. Frederic Manning, universitaire australien mort dans l’Entre-deux-guerres, décrit là sa propre expérience de la guerre de tranchées. Il a lui-même échappé aux tirs ennemis mais son personnage principal meurt à la fin du roman. Manning ne se soucie pas d’attacher le lecteur au destin de Bourne. Le récit chronologique compte moins que la réflexion métaphysique sur la vie et la mort… Mieux vaut pour les amateurs de suspense et d’aventures épiques se détourner du roman. Nous étions des hommes ne parle presque pas des Allemands. Il y a une situation militaire à peine esquissée au départ. Un régiment britannique combat un ennemi bien retranché, dans un paysage plus rural qu’urbain métamorphosé par les bombardements. Rien n’offre de résistance aux obus : pas plus les hommes que la nature et les constructions qui s’affaissent et dissimulent mal les combattants. Manning ne se donne même pas la peine de présenter une situation stratégique (ou même tactique) de départ pour stimuler l’intérêt. On ne sait pas en lisant vers quoi s’orientent cette poignée de soldats. Les antimilitaristes qui ont trouvé dans Les…