Au lendemain de la guerre franco-allemande de 1870-1871, de considérables efforts financiers et matériels permettent de réorganiser l’armée. Constatant que les effectifs instruits militairement pour défendre le pays ont été insuffisants, le haut commandement décide de réformer l’encadrement, l’équipement des unités et surtout le recrutement. Ainsi, à la fin du XIXe siècle, comme les engagements volontaires sont trop peu nombreux pour entretenir une armée d’active et des réserves, la France opte pour la conscription, malgré l’hostilité de la majorité des Français. A la veille de la Première Guerre mondiale, « le recrutement embrasse l’ensemble des mesures ayant pour but la constitution et l’entretien de l’effectif de l’armée et de ses diverses réserves » (Dictionnaire militaire. Encyclopédie des sciences militaires, Berger-Levrault, Paris, 1910, p. 2397). L’adoption des premières lois de recrutement a donné lieu à de vifs débats à la Chambre des députés. Une partie de la droite est resté longtemps hostile à un service militaire universel et obligatoire. Elle préfère une armée de métier, croyant qu’elle est seule capable de maintenir l’ordre en France et estimant que les soldats de métier sont bien meilleurs dans l’offensive que les conscrits. A gauche, beaucoup réclament une réduction de la durée des services actifs et…
Réservistes de 1870, Pierre Georges Jeanniot, 1882, Paris, Musée de l’Armée L’histoire de l’armée est inséparable de celle de la Nation, écrivait Paul-Marie de La Gorce dans La République et son armée. Les registres matricules en sont une illustration. Comment et pourquoi ont-ils été constitués et comment sont-ils conservés et valorisés aujourd’hui ? Les collections des registres matricules commencent à partir de 1867. Les lois sur le recrutement de l’armée, depuis la loi Niel de 1868 jusqu’à la loi de 1905, ont imposé progressivement le service militaire aux jeunes Français. Le recrutement dans les armées débute par un recensement des jeunes hommes de 20 ans (la classe) effectué chaque année par les maires. Ces hommes sont ensuite convoqués devant le conseil de révision au chef-lieu de canton, où ils sont déclarés aptes ou inaptes au service. Cette décision est inscrite sur les listes de recrutement cantonal de la subdivision. On peut en visionner sur le site internet des archives municipales de Saint-Denis. Enfin, les bureaux du recrutement, installés dans les subdivisions de région, convoquent les conscrits afin des les immatriculer et de les inscrire sur le registre matricule avant l’incorporation. Les civils deviennent alors des militaires. Un site internet, Le parcours…