Le Service des archives économiques et financières vient de publier, sur le site internet des ministères économiques et financiers, un mini-site consacré aux marchés de guerre passés entre 1914 et 1919. Ouvert à l’occasion des Journées européennes du Patrimoine, ce site fait suite à un travail de numérisation de près de 10 682 fiches fournisseurs récapitulant les 11 000 dossiers conservés par le service, soit près de 280 ml d’archives. Un fonds riche et sous-exploité pour comprendre le tissu industriel français pendant la Grande Guerre. Sont considérés comme marchés de guerre, au sens de l’article 138 de la loi du 31 mai 1933, les marchés passés par l’État, les départements, les communes et les établissements publics entre le 1er août 1914 et le 25 octobre 1919, ainsi que ceux concernant la liquidation des stocks, la reconstitution des régions libérées et les opérations liquidatrices des séquestres d’Alsace et de Lorraine réalisées après la guerre. Les grands noms de l’industrie française y sont présents : Blériot aéronautique, Schneider et compagnie, Société Michelin E. et Cie, Louis Renault, Peugeot et Cie, Société des mines de Carmaux, Société lyonnaise des eaux et de l’éclairage, Société chimique des usines du Rhône, Saint Gobain Chauny et…
L’exposition Août 1914. Tous en guerre ! ouvre ses portes aux Archives nationales à Pierrefite-sur-Seine le 19 septembre 2014. Isabelle Chave, conservatrice en chef aux Archives nationales et commissaire de l’exposition a accepté de répondre à nos questions. En préambule, pouvez-vous nous présenter l’exposition ? Comme l’indique son titre, l’exposition des Archives nationales porte sur l’entrée en guerre, sur une période de 36 jours exactement, allant de la mobilisation, le 2 août 1914, à la première bataille de la Marne. Son originalité est, avec l’arrière-plan militaire que l’on connaît, de mettre l’accent sur l’histoire sociale, administrative, économique, financière, industrielle et culturelle de cette période, en donnant la priorité à l’évocation des Français de l’arrière, à l’administration de leur vie quotidienne. Par cette exclamation, « Tous en guerre ! », il s’agit d’inviter à sortir le sujet du seul exposé de la mobilisation militaire et de l’élargir à la « mobilisation civile », pour reprendre l’expression utilisée par Olivier Bascou, préfet de la Gironde en août 1914, dans son livre de souvenirs, ou encore à la mobilisation administrative, à la mobilisation industrielle, entre autres… Pour en montrer l’ampleur et l’ambition, il fallait par ailleurs appliquer cette approche à une aire géographique…