Publié aux éditions A l’ombre des mots, le dernier livre de l’historien Yann Lagadec consacré aux monuments aux morts des Côtes d’Armor de 1914 à aujourd’hui est original à plus d’un titre. Certes, on y trouve les développements attendus sur les financements, l’édification ou encore la forme des monuments. Mais en exploitant des sources plurielles, il va plus loin et offre une vision très large de l’hommage aux combattants. Il étudie les divers monuments, communaux, paroissiaux ou professionnels, et leur usage mémoriel de 1914 à aujourd’hui. Pour en savoir plus, je lui ai posé quelques questions. 1/ Pourquoi avez-vous écrit ce livre ? Trois éléments m’y ont poussé en fait. C’est tout d’abord un sujet sur lequel je m’étais déjà penché, au milieu des années 1990, lorsque j’enseignais au collège de Plémet : j’avais alors proposé à mes élèves de 3e de travailler sur les monuments de leur commune et j’avais ainsi pu mesurer tout l’intérêt de ces monuments, toute leur diversité. Cela avait été aussi l’occasion d’un premier contact avec une historiographie devenue classique depuis, notamment les travaux d’Antoine Prost, et d’une première mais très modeste publication. Le second élément est lié à l’encadrement d’étudiants de Licence professionnelle Tourisme…
En novembre 2016, la Mission du centenaire de la Première Guerre mondiale publiait un état des lieux et proposait des perspectives au sujet de la numérisation du patrimoine écrit de la Grande Guerre. Pour en savoir plus sur ce rapport, nous avons interrogé l’auteur de ce rapport, Laurent Veyssière, conservateur général du patrimoine et directeur général adjoint de la Mission du centenaire de la Première Guerre mondiale. Pourquoi la France est-elle un pays leader en matière de numérisation du patrimoine écrit ? La France, État et collectivités territoriales, s’est engagée résolument dans une politique de numérisation du patrimoine culturel dès les années 1990. En particulier, depuis une quinzaine d’années, la numérisation du patrimoine écrit a pris un essor considérable dans les bibliothèques et les services d’archives. Elle permet à la fois de protéger les collections et les fonds d’archives tout en assurant leur valorisation par une consultation aisée et à distance. Les politiques de numérisation du patrimoine écrit ont beaucoup évolué au fil de ces dernières années, répondant à des enjeux différents entre bibliothèques et services d’archives, mais aussi à des ambitions diverses. La mise en ligne des documents numérisés contribue incontestablement avec succès à la démocratisation culturelle et au développement…
On doit aux commémorations du Centenaire de la Première Guerre mondiale une augmentation du nombre de publications consacrées à la Grande Guerre. Cependant, les publications traitant des conséquences matérielles de la guerre sur le paysage et le bâti sont rares, alors même que les destructions engendrées par le conflit ont été considérables. Chercheure-partenaire au SIRICE (Sorbonne-Identités, relations internationales et civilisations de l’Europe), UMR 8138, Emmanuelle Danchin a publié Le temps des ruines (1914-1921) aux Presses universitaires de Rennes en 2015. Nous lui avons posé quelques questions pour mieux connaître les matériaux qui ont nourri son beau travail historique. Ses réponses très fournies nous renseignent également sur le travail de documentation, d’évaluation, de sélection, d’analyse et de contextualisation des sources. Quelle distinction faites-vous entre « ruine » et « ruine de guerre » ? La « ruine » n’est pas une « ruine de guerre » et il faut opérer une distinction entre l’une et l’autre car les temporalités ne sont pas les mêmes et les représentations iconographiques qui en découlent non plus. La « ruine », en effet, procède de l’usure du temps, elle est le fruit de la lente désagrégation des matériaux. Elle témoigne d’un passé et fait référence à une temporalité, celle du temps long. Il s’agit d’une ruine ornementale, envahie…
Depuis le début de l’année, chaque semaine, les écoles de Saint-Cyr Coëtquidan proposent de découvrir un officier de la Grande Guerre sur leur site internet à partir des fonds très riches du musée du Souvenir (des milliers d’objets, de tableaux et de documents d’archives). Les objets qui sont présentés, parce qu’ils ont appartenu à ces officiers, donnent également lieu à une description. Cette rubrique hebdomadaire ne se limite pas aux saint-cyriens. Le conservateur du musée, l’officier communication et moi-même, qui suis chef du département histoire et géographie, souhaitons évoquer l’histoire des officiers de l’armée française pendant la Première Guerre mondiale, quels qu’ils soient. La diversité des recrutements a toujours fait la richesse de ce corps (Saint-Cyriens, Polytechniciens, Saint-Maixentais, réservistes, territoriaux…). L’objectif de cette rubrique est avant tout pédagogique. Tous les élèves officiers en formation aux écoles peuvent ainsi approfondir l’histoire de la Première Guerre, celle du corps des officiers ou encore les traditions de l’armée française et son patrimoine. Les nombreux témoignages laissés par les officiers de la Grande Guerre sont aussi l’occasion de stimuler la réflexion des élèves officiers sur le sens de l’engagement, la décision, le commandement, la peur, le combat, les relations avec les subordonnés. Pour certains,…
A l’occasion des 16e Rendez-vous de l’histoire à Blois, j’ai redécouvert ce site consacré aux monuments aux morts. En effet, Martine Aubry, ingénieur de recherche à l’université de Lille III, a présenté le travail de recherche qui portait sur les départements du Nord et du Pas-de-Calais, et qui s’est étendu à la France et à la Belgique. Il s’agit de recenser les monuments aux morts, de les décrire au moyen des informations fournies par les archives et d’en montrer des photographies. Une fiche technique pour chaque monument retrace son histoire, de la construction à nos jours. Elle comprend notamment : une description des monuments (matériaux, inscriptions, sculptures, ornements, etc.). une carte de géolocalisation des données historiques concernant la construction, l’inauguration, les commémorations, etc. On découvre ainsi que depuis leur édification, l’histoire des monuments n’a pas été figée et qu’elle a été marquée aussi par des destructions, des dégradations, des déplacements, etc. des sources (photographies et archives) numérisées et accessibles en ligne. des références bibliographiques ainsi que des liens internet qui permettent d’approfondir la recherche. Les possibilités d’interrogation sont multiples. On peut faire une recherche par lieu, par type de commémoration, par type de monument, par date, par auteur, par nom…
Londres n’a pas connu les destructions des villes du front. Tout au plus la ville a-t-elle été victime de plusieurs raids aériens allemands, qui ont occasionné la mort de plusieurs centaines de personnes. Pourtant, la Grande Guerre est partout à Londres. Cette forte empreinte montre combien le conflit a marqué la conscience collective des Britanniques. Ainsi, les nombreux monuments et les magnifiques collections de certains musées londoniens ont de quoi satisfaire les passionnés de la Grande Guerre. En voici une sélection. Plusieurs musées consacrent une partie de leurs collections à la Première Guerre mondiale. Le plus connu est évidemment l’Imperial War Museum, qui ne concerne pas uniquement la Grande Guerre. Les expositions de divers matériels (tanks, avions, canons, uniformes, etc.) et les nombreux documents (films, photographies, archives, témoignages de vétérans) méritent le détour. Une tranchée est reconstituée : elles éveillera les sens ! Beaucoup moins connus sont le National Army Museum, le Guard’s Museum et le Royal Air Force Museum. Enfin, un thème « War and Memory » dans la partie 1900-1960 de la Tate Britain revient sur la Première Guerre mondiale dans l’art britannique au travers notamment des œuvres du peintre Richard Nevinson (1889-1946), du sculpteur Charles Sargeant Jagger (1885-1934) ou…
En février, la Mission du Centenaire a ouvert un site internet, centenaire.org, consacré à la Grande Guerre hier et aujourd’hui : hier à travers les archives (écrites, figurées ou orales) et aujourd’hui à travers le tourisme de mémoire, les événements commémoratifs ou scientifiques, les fouilles archéologiques ou les photographies contemporaines par exemple. C’est un « portail de ressources numériques » : il propose du contenu (sans viser l’exhaustivité mais plutôt dans le but de faire découvrir des documents ou des thèmes, de donner envie d’en savoir plus) et se présente aussi comme une porte d’entrée vers d’autres sites internet, notamment vers les institutions patrimoniales détentrices de fonds d’archives. Ce portail pédagogique et esthétique s’adresse à la fois au grand public et aux spécialistes. Les contenus sont encore limités mais il est appelé à s’enrichir très vite. Nous avons souhaité en savoir plus sur les objectifs de la Mission : Aurélien Brossé, directeur éditorial du site, a bien voulu répondre à nos questions et nous a ainsi présenté les perspectives pour les mois à venir. Nous l’en remercions, ainsi que Joseph Zimet, directeur général de la Mission. 1. Comment se fait la quête des « trésors d’archives » ? Dans le cadre des actions de la Mission du centenaire de la Première…
Pendant les vacances de Noël, nous avons visité le musée de la Grande Guerre de Meaux. Il n’est pas difficile de trouver l’imposant bâtiment de l’architecte Christophe Lab, au pied de la Liberté éplorée, monument offert à la France par les États-Unis en septembre 1932. Cet ensemble monumental rend hommage aux soldats français qui ont résisté à l’avance allemande devant Meaux pendant la première bataille de la Marne en septembre 1914. Officiellement inauguré le 11 novembre 2011, le musée s’appuie sur l’importante collection de Jean-Pierre Verney (20 000 objets et 30 000 documents !) et dépend de la communauté d’agglomération du Pays de Meaux. L’historien Marc Ferro est président d’honneur du Conseil scientifique. Le musée, qui a pour ambition d’expliquer la Première Guerre mondiale de façon pédagogique, s’adresse à tous les publics, y compris les plus jeunes. Les deux batailles de la Marne occupent une grande place dans l’exposition, sans que les autres aspects nationaux et internationaux de la guerre soient négligés. Nous avons été séduits par l’utilisation de l’espace dans toutes les dimensions. Après avoir traversé des salles introductives consacrées aux origines du conflit, on pénètre dans une galerie en marchant aux côtés des soldats de 14 de…
A l’heure où nombre de services d’archives départementales numérisent les registres matricules pour les mettre en ligne sur leurs sites Internet, le directeur des Archives départementales de la Drôme, Benoît Charenton, a bien voulu nous présenter les motivations, les préparatifs et la mise en œuvre de ce type d’opération, qui contribue à la diffusion du patrimoine écrit conservé dans le réseau des archives publiques. *** Numériser les registres matricules, pour le conservateur qui en a la charge, c’est d’abord l’occasion de se replonger dans ces gros registres livrés chaque année, par porteur militaire, dans les archives départementales. Soixante-dix ans après avoir été ouverts, ils retournent dans leur département d’origine, porteurs de tous les « bons pour le service » d’une classe, soit l’ensemble des jeunes gens recensés au cours de leur vingtième année et déclarés aptes à remplir leurs obligations militaires. Leur reliure fatiguée cache des pages remplies de précieuses informations sur la carrière de nos aïeux sous les drapeaux, à des époques où le fait militaire exerçait sur les individus une emprise que l’on a peine à imaginer aujourd’hui. Arrivées à vingt ans au régiment, les recrues y effectuent un service actif de deux à cinq ans suivant les époques et…
Depuis quelques années, la Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives du ministère de la Défense permet aux citoyens « d’aller à la rencontre du patrimoine historique et des lieux de mémoire » via un site internet, Chemin de mémoire, dont je viens d’explorer la nouvelle version. Intuitif et bien illustré, le site est au service du « tourisme de mémoire« . L’internaute peut préparer sa visite des hauts lieux de mémoire, des fortifications, des nécropoles, des monuments historiques, des musées et des mémoriaux. Les recherches s’effectuent par critère (nationalité, période, nature du lieu et accès) et les résultats apparaissent sur une carte. On accède ensuite à une notice descriptive plus ou moins détaillée. Des parcours thématiques sont également proposés. Le premier propose un circuit autour des batailles de la Marne. On y trouve des informations pratiques et des références bibliographiques. Une photothèque participative permet à qui veut de partager ses photographies. En outre, le site offre de nombreuses ressources à la rubrique Histoire : Des fiches documentaires, classées par période (1870-1871, Première Guerre mondiale, Seconde Guerre mondiale, Depuis 1945 et Hors conflit), portent sur les batailles, les nations en guerre, les hôpitaux, les femmes, les prisonniers, etc. Plusieurs articles sont consacrés…