L’Album des Poilus d’Adrien Barrère

  Pour feuilleter l’album, passer d’abord le curseur sur l’image. Pour zoomer, cliquer d’abord sur « afficher l’image » (clic droit). La semaine dernière, un collectionneur m’a confié L’Album des poilus. Leurs souvenirs de guerre (1914-1919) d’Adrien Barrère. Je n’ai pas résisté à l’envie de le partager sur ce blog. Cet album de grand format rassemble en 48 pages 125 dessins en « noir » et quatre grandes planches en couleurs. Cet exemplaire est numéroté (45/300). Il a été publié en 1919 chez A. Maloine et fils, un éditeur parisien spécialisé dans les publications médicales. Adrien Barrère (1877-1931) a étudié le droit et la médecine avant de se consacrer à l’illustration. On comprend donc pourquoi les références au service de santé des armées (hôpitaux, ambulances, blessés, portraits de soignants, etc) sont récurrentes dans le document. Avant la guerre, Adrien Barrère jouit d’une grande notoriété en France. Ses affiches de cinéma et ses caricatures des personnalités ont fait sa renommée. Barrère le caricaturiste ne se prive pas de croquer avec talent les « trouffions« , les « sous-off », les « gradés » et les « poireaux » (les généraux). Après une courte introduction, aux accents patriotiques et manichéens, les planches se succèdent et c’est un véritable plaisir que de les parcourir. Les…

BD et histoire : « Le soldat inconnu vivant »
Arts Littérature Cinéma / 25 février 2013

En août 2002, l’historien Jean-Yves Le Naour publiait Le soldat inconnu vivant, l’histoire incroyable de ce soldat, Anthelme Mangin alias Octave Monjoin, amnésique et inconnu, découvert sur un quai de gare au début de 1918. Dix ans plus tard, cette étude historique est adaptée dans une bande dessinée cosignée par Jean-Yves Le Naour et par l’illustrateur et scénariste Mauro Lirussi. On peut écouter en podcast ici les réponses apportées par Jean-Yves Le Naour aux questions de Collin et Mauduit dans Downtown sur France Inter en décembre dernier (pour les plus pressés, l’interview commence au bout de 20’50 » d’émission). On peut également voir cette courte vidéo mise en ligne par les éditions Roymodus, qui permet de découvrir l’album en deux minutes trente. Nous avons nous-même posé quelques questions à Jean-Yves Le Naour sur cette expérience originale d’écriture et de représentation de l’histoire. ** Pouvez-vous nous expliquer quelle a été la collaboration entre l’historien et le dessinateur ? Quand on n’est pas à la fois auteur et dessinateur, la BD est un ouvrage collectif qui nécessite un vrai travail de collaboration. Il ne faut pas croire que les phylactères appartiennent à l’auteur et le dessin au dessinateur, les choses sont en effet plus…

Ernst Johannsen et les Quatre de l’infanterie
Arts Littérature Cinéma / 9 décembre 2012

J’ai récemment découvert le livre d’Ernst Johannsen, Quatre de l’infanterie. Je connaissais le film de guerre allemand directement inspiré du roman : Westfront 1918, réalisé par Georg Wilhelm Pabst en 1930, est connu en France sous le titre Quatre de l’infanterie. Il y a quelques années, il a été diffusé dans l’émission le Cinéma de minuit sur FR3, à l’occasion d’un cycle Première Guerre mondiale. Pabst a réalisé une œuvre cinématographique proche du documentaire. Pendant plus d’une heure trente, le spectateur suit le quotidien de quatre soldats allemands sur le front de l’ouest en 1918. Les bruits de la guerre (bombardements, explosions, coups de feu, cris) remplacent une musique quasiment absente et couvrent des dialogues rares et courts (voir ici un extrait du film Quatre de l’infanterie). Ce film pacifiste est, à mon avis, l’un des meilleurs films consacrés à la Grande Guerre. La découverte récente du roman m’a amené à m’intéresser au mystérieux Ernst Johannsen et à ses traducteurs. Le livre est très bien présenté par Arnaud Carrobi sur son blog Le parcours du combattant de la guerre 1914-1918. La version française du roman a été publiée aux Editions de l’Epi à Paris en 1929 et la traduction est…

La Grande Guerre s’est invitée à Brazzaville en novembre

A l’occasion des cérémonies du 11 novembre 2012, l’Institut français du Congo et le lycée français Saint-Exupéry de Brazzaville ont organisé les premières rencontres Images et histoire à Brazzaville. L’Afrique dans les tranchées est le thème retenu par les organisateurs, Louis Estienne, Soukeye Estienne, Christophe Jegat et Gonzague Batteux, proviseur du lycée. Ce premier festival s’inscrit dans une perspective plus large. Il est la suite logique d’un cycle Cinéma et histoire organisé deux fois par mois dans la capitale congolaise depuis 2011 sous la forme d’une projection cinématographique suivie d’une conférence. Il préfigure aussi les manifestations qui accompagneront les commémorations du centenaire de la Première Guerre mondiale en Afrique équatoriale. Ainsi, du 11 au 16 novembre, des chercheurs et universitaires congolais et français ainsi que des professeurs du secondaire ont participé à un colloque original ouvert au grand public (le programme se trouve ici). Les matinées de la semaine ont été consacrées à des interventions thématiques destinées aux élèves du lycée français Saint-Exupéry de Brazzaville et de quelques établissements congolais de Brazzaville (parmi lesquelles l’École militaire préparatoire Général Leclerc). Ainsi, Jean-Yves Le Naour est intervenu sur l’expérience combattante tandis qu’Annette Becker a évoqué Apollinaire, un écrivain du front. Le 16…

Louis Pergaud : carnet de guerre

Enfant, après avoir vu le film d’Yves Robert de 1962, j’ai lu avec plaisir La guerre des boutons et je me suis ensuite intéressé au destin de son auteur, Louis Pergaud, instituteur devenu écrivain, né à Belmont (Doubs) le 22 janvier 1882. Après la parution de Goupil à Margot, son recueil de nouvelles animalières couronné par les Goncourt en 1910, Pergaud devient célèbre et publie encore La Revanche du Corbeau, Le roman de Miraut, diffusé en feuilleton dans L’Humanité, et La Guerre des boutons. En 1914, La vie des bêtes paraît dans L’Homme libre de Clemenceau. Pergaud est un écrivain engagé, patriote, républicain et pacifiste. Quand la guerre est déclarée, il est mobilisé au 166e régiment d’infanterie de Verdun, où il est sous-officier. En mars 1915, il est promu sous-lieutenant et il commande la 1re section de la 2e compagnie du 166e RI quand le régiment est chargé de prendre la cote 233 près du village de Marcheville-en-Woëvre dans la Meuse. Dans la nuit du 6 au 7 avril 1915, il disparaît à jamais, englouti dans la boue de la Woëvre. J’ai découvert Carnet de guerre récemment. Si des fragments ont été publiés en 1938 (Mélanges, Paris, Mercure de France,…

Their Name Liveth For Evermore

Dimanche dernier, alors que je flânais en famille le long des étals d’un vide-grenier, mon attention s’est portée sur une Etude sur Rudyard Kipling, chantre de la Grande Guerre (1914-1918). Ce livret de 60 pages est la version publiée de conférences données à l’Hôtel de ville de Versailles en juin 1921 par Victor Glachant (1864-1941), professeur de rhétorique aux lycées Buffon à Paris puis Hoche à Versailles. Il est aussi l’auteur de plusieurs ouvrages de pédagogie et d’études littéraires, telle  cette étude consacrée à Rudyard Kipling. Rudyard Kipling doit sa notoriété à des livres pour enfant : qui ne se souvient du Livre de la jungle, de Capitaines courageux ou de Kim ? Dans ses romans, dans ses nouvelles comme dans ses poèmes, Kipling exalte souvent la gloire et la grandeur de l’empire britannique. Ses héros sont souvent de petites gens, qui œuvrent à cette grandeur : les marins, les soldats, les ingénieurs, les fonctionnaires, etc. Le prix Nobel de littérature lui est décerné en 1907 ; il est à alors à l’apogée de sa carrière. Chantre de l’impérialisme britannique, il s’en détache peu à peu quand la dimension mercantile s’impose aux ambitions politiques et morales. Néanmoins, en 1914, il s’investit dans le lutte contre l’Allemagne. Cet épisode de la vie…

La Grande Illusion au cinéma
Arts Littérature Cinéma / 15 février 2012

C’est une bonne nouvelle ! La Grande Illusion de Jean Renoir ressort en salle dans une version restaurée inédite. La Grande Illusion retrace l’histoire d’un groupe d’officiers français prisonniers de guerre en Allemagne. Dès sa sortie en France en 1937, ce fut un succès. Film humaniste et pacifiste, La Grande Illusion est aussi un film sur la diversité du corps des officiers en 1914 dont tous les archétypes sont ici représentés : Boëldieu, l’officier de carrière noble ; Maréchal, le lieutenant issu du peuple ; Rosenthal, le Juif ; un instituteur, un ingénieur du cadastre, etc. Redécouvrez ce chef d’œuvre de Jean Renoir dans les salles dès aujourd’hui. Marc Voinchet reviendra sur cet événement dans Les Matins de France Culture vendredi. Enfin, cette semaine, la Fabrique de l’histoire consacre un cycle d’émissions à l’histoire des relations de l’armée à la Nation.