En février, la Mission du Centenaire a ouvert un site internet, centenaire.org, consacré à la Grande Guerre hier et aujourd’hui : hier à travers les archives (écrites, figurées ou orales) et aujourd’hui à travers le tourisme de mémoire, les événements commémoratifs ou scientifiques, les fouilles archéologiques ou les photographies contemporaines par exemple.
C’est un « portail de ressources numériques » : il propose du contenu (sans viser l’exhaustivité mais plutôt dans le but de faire découvrir des documents ou des thèmes, de donner envie d’en savoir plus) et se présente aussi comme une porte d’entrée vers d’autres sites internet, notamment vers les institutions patrimoniales détentrices de fonds d’archives.
Ce portail pédagogique et esthétique s’adresse à la fois au grand public et aux spécialistes. Les contenus sont encore limités mais il est appelé à s’enrichir très vite. Nous avons souhaité en savoir plus sur les objectifs de la Mission : Aurélien Brossé, directeur éditorial du site, a bien voulu répondre à nos questions et nous a ainsi présenté les perspectives pour les mois à venir. Nous l’en remercions, ainsi que Joseph Zimet, directeur général de la Mission.
1. Comment se fait la quête des « trésors d’archives » ?
Dans le cadre des actions de la Mission du centenaire de la Première Guerre mondiale, nous sommes amenés à rencontrer beaucoup de détenteurs de fonds d’archives liés à la Grande Guerre. Cela va de la grande institution patrimoniale et culturelle au collectionneur privé. Rappelons également que l’ECPAD et la BnF font partie des membres fondateurs de la Mission du Centenaire. De grandes institutions sont également partenaires de la Mission du Centenaire (la BDIC, l’Historial de la Grande Guerre de Péronne, le Musée national de l’éducation, le Musée de Meaux…). Depuis la mise en ligne du site, nous sommes également contactés par des institutions qui souhaitent avoir « leur » Trésors d’Archives.
Nous ciblons nos demandes en fonction de la spécificité de chaque fonds et nous nous appuyons sur l’expertise des conservateurs de ces institutions. Ils sont les mieux placés pour sélectionner et légender les documents.
Notre démarche est donc d’exploiter au mieux ce « droit d’accès » pour constituer ces diaporamas d’archives. Il ne s’agit pas de proposer à terme un service tel que Gallica mais davantage de s’appuyer sur la diversité des fonds d’archives en offrant à voir une sélection des documents les plus représentatifs, les plus originaux sur la Grande Guerre.
Le site centenaire.org est par nature éphémère, et le Centenaire est l’occasion de sensibiliser le grand public à la richesse des archives qui sont accessibles pour la plupart grâce aux institutions patrimoniales mais aussi via le réseau des Archives départementales.
Nous travaillons donc de concert avec les institutions patrimoniales qui sont le plus souvent ravies de nous fournir cette sélection de documents. Beaucoup d’autres Trésors d’Archives seront publiés d’ici et pendant le Centenaire.
2. Quelle articulation avec les sites internet existants ?
Sur chaque diaporama, la provenance des documents est clairement identifiée et chaque internaute peut poursuivre sa recherche sur le site Internet de l’Institution mise à l’honneur.
Nous ne visons pas l’exhaustivité ni le recensement automatique. Notre objectif sera donc de proposer un ou plusieurs diaporamas thématiques par projet qui renverra vers le site complet.
3. C’est la « première version » du portail qui a été mise en ligne : pouvez-vous nous dire quelles seront les évolutions en ce qui concerne les sources ?
Nous allons poursuivre les mises en lignes régulières. Concernant les archives, les évolutions seront davantage techniques. Nous allons mettre en place un moteur de recherche performant et affiner la taxonomie relative aux documents. Il faut que toutes les ressources soient facilement accessibles, même quand elles commenceront à s’accumuler.
Nous souhaitons également proposer des analyses d’archives. Montrer à voir la diversité des fonds est passionnant mais décortiquer, déconstruire quelques archives permet de montrer la somme impressionnante d’informations que l’on peut tirer d’un document qui peut sembler anodin.
Précisons également que la valorisation des archives n’est qu’une partie de centenaire.org. Le site propose des informations sur le tourisme de mémoire, sur le Centenaire en France et à l’étranger, et contient un espace pédagogique et scientifique.
Chacune de ces rubriques fera l’objet d’évolutions proposant une meilleure organisation des contenus et de nouveaux outils. Parmi ceux-ci, citons un agenda dynamique agrégeant tous les événements culturels du Centenaire, une frise chronologique dynamique, une base de données participative consacrée aux monuments aux morts… Notre objectif est de proposer un portail de ressources numériques digne de ce nom d’ici la fin 2013.
4. Une place particulière sera-t-elle accordée aux sources allemandes ou aux sources françaises sur l’Allemagne ?
Oui. Nous souhaitons mettre en ligne un « album franco-allemand ». Nous allons publier régulièrement dès la fin de l’année 2013 un document d’archive commenté par un spécialiste allemand et un spécialiste français. Ce « regard croisé » sera certainement très intéressant. Nous travaillons sur ce projet avec la BDIC, la BnF, la BNUS, la Bibliothek für Zeitgeschichte de Stuttgart et la Staatsbibliothek de Berlin. Nous gardons la même logique éditoriale. Sans viser l’exhaustivité, nous publierons des documents sélectionnés et commentés en nous appuyant sur les conservateurs et les spécialistes.
5. Pour conclure, pouvez-vous nous dire quelles compétences ont été réunies au sein de l’équipe qui fait vivre ce portail ?
Chaque membre de la Mission du Centenaire participe au portail centenaire.org. La rubrique En France est animée par notre conseiller à l’action territoriale, Dans le Monde par notre conseillère diplomatique, l’Espace pédagogique par notre conseiller à l’action pédagogique, etc. Trois conseillers de la Mission sont historiens et apportent leur regard d’expert sur les publications. Je suis de mon côté aux manettes pour définir la stratégie éditoriale et les évolutions du portail tout en veillant à son animation quotidienne.
L’Espace scientifique, réservé à la publication de littérature grise, sera animé par le Conseil scientifique de la Mission du Centenaire présidé par Antoine Prost. Il comporte six commissions thématiques, dont une dédiée à la « valorisation et ressources numériques » animée par Nicolas Offenstadt. Le conseil scientifique sera donc producteur de contenus.
Nous assurons également une présence sur les réseaux sociaux pour toucher différents publics et offrir des espaces plus collaboratifs. Mon assistante, spécialiste du community management, m’épaule dans l’animation de notre page Facebook et de notre fil Twitter.
Un commentaire
Lorsque nous avons en notre possession la fiche signalétique d’un militaire tué à la guerre, pouvons nous prétendre a avoir sa photographie lorsqu’il a été recruté? Quelles sont les démarches à faire?