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Le temps des ruines (1914-1921) : Emmanuelle Danchin répond à nos questions
Entretiens , Patrimoine , Recherche / 4 janvier 2016

On doit aux commémorations du Centenaire de la Première Guerre mondiale une augmentation du nombre de publications consacrées à la Grande Guerre. Cependant, les publications traitant des conséquences matérielles de la guerre sur le paysage et le bâti sont rares, alors même que les destructions engendrées par le conflit ont été considérables. Chercheure-partenaire au SIRICE (Sorbonne-Identités, relations internationales et civilisations de l’Europe), UMR 8138, Emmanuelle Danchin a publié Le temps des ruines (1914-1921) aux Presses universitaires de Rennes en 2015. Nous lui avons posé quelques questions pour mieux connaître les matériaux qui ont nourri son beau travail historique. Ses réponses très fournies nous renseignent également sur le travail de documentation, d’évaluation, de sélection, d’analyse et de contextualisation des sources. Quelle distinction faites-vous entre « ruine » et « ruine de guerre » ? La « ruine » n’est pas une « ruine de guerre » et il faut opérer une distinction entre l’une et l’autre car les temporalités ne sont pas les mêmes et les représentations iconographiques qui en découlent non plus. La « ruine », en effet, procède de l’usure du temps, elle est le fruit de la lente désagrégation des matériaux. Elle témoigne d’un passé et fait référence à une temporalité, celle du temps long. Il s’agit d’une ruine ornementale, envahie…

Alphonse Grasset, témoin et historien militaire, des champs de bataille aux archives
Archives , Bibliothèques / 7 décembre 2015

Né à Labassière dans les Hautes-Pyrénées, Alphonse Grasset (1873-1952) est l’un des officiers historiens de la Section historique de l’état-major de l’armée en 1914. Ce spécialiste des armées napoléoniennes part en campagne en août 1914. La guerre modifie profondément ses recherches. Gravement blessé, il rejoint le ministère de la Guerre, où il classe les premières archives de la campagne en cours et écrit les premières études. Après la guerre, Grasset devient l’un des écrivains militaires les plus prolixes. Son parcours est éclairant sur la construction des sources militaires de la Grande Guerre. Saint-cyrien (1894-1896) et officier d’infanterie (fiche matricule, Archives départementales des Hautes-Pyrénées), Grasset est affecté à la Section historique de l’état-major de l’armée le 24 décembre 1909. A l’époque, l’enseignement et l’étude de l’histoire militaire fondée sur des cas concrets occupent une place centrale dans la formation des cadres. L’armée cherche absolument à tirer des enseignements du passé et Grasset entreprend plusieurs études dans ce sens. En 1906, il publie chez Lavauzelle La doctrine allemande et les leçons de Moukden, ouvrage couronné par l’Académie française. Grasset s’oriente vers l’étude des campagnes napoléoniennes, dont le haut commandement est friand, et se spécialise dans l’étude de la guerre d’Espagne. En 1907,…

La Grande Guerre sur France 24
Entretiens , Presse / 5 juillet 2015

Journaliste à France 24, Stéphanie Trouillard anime la page centenaire 14-18 sur le site internet de la chaîne de télévision internationale française. Son intérêt pour l’histoire et les commémorations du Centenaire, en particulier dans sa dimension internationale, l’ont amenée à travailler sur la Première Guerre mondiale. En parallèle, elle mène des recherches familiales. Nous lui avons posé quelques questions pour comprendre le travail d’une journaliste dans le cadre des commémorations. Comment abordez-vous l’histoire en tant que journaliste ? Nous avons l’obligation d’être crédibles. Nous sommes des journalistes et non des historiens. Notre premier travail est de vulgariser, de rendre ces événements compréhensibles par le plus grand nombre tout en évitant de commettre des erreurs historiques. Par conséquent, nous effectuons un important travail de recherche dans les ouvrages et dans les archives sur des sujets peu connus. Pour chaque article, nous contactons des historiens et nous nous appuyons sur leurs travaux. Enfin, notre objectif est d’être une sorte de porte d’entrée pour le lecteur vers d’autres ouvrages historiques. Nous avons eu plusieurs retours de professeurs d’histoire et de géographie de lycées et de collèges qui nous ont dit avoir trouvé des idées pour travailler avec leurs élèves. Quels sont les sujets traités ? Je…

Les sources du ravitaillement alimentaire dans l’armée française pendant la Grande Guerre
Archéologie , Recherche / 1 février 2015

En cette veille de Chandeleur, nous nous intéressons aux sources du ravitaillement militaire, en laissant la parole à Stéphane Le Bras, maître de conférences en histoire contemporaine et auteur d’une thèse intitulée Négoce et négociants en vins dans l’Hérault : pratiques, influences, trajectoires (1900-1970). *** Peu d’études ont été consacrées à l’histoire du ravitaillement alimentaire dans l’armée française pendant la Grande Guerre. Le sujet a longtemps été considéré comme un thème peu sérieux. Ainsi, le ravitaillement renvoyait simplement à un discours folklorique, symbolisé par l’argot du poilu où coexistaient « pinard », « singe », « popote » et autre « tambouille ». Cette vision largement caricaturale, matérialisée par exemple par les cartes postales, contribue à expliquer l’absence de travaux  de fond sur les enjeux liés au ravitaillement alimentaire, alors même que les études s’élargissaient à l’Autre front. Il est primordial de comprendre que la question du ravitaillement des troupes françaises entre 1914 et 1918 dépasse le simple cadre de l’acheminement de telle ou telle denrée au front, sa quantité, son coût, son goût voire l’évocation du soutien au moral des soldats, et qu’elle participe à plein à l’économie de guerre. Très concrètement, l’analyse des sources à notre disposition sur le sujet permet de mettre en exergue des…

Mettre en ligne des dossiers de fusillés
Archives , Entretiens / 16 novembre 2014

Pendant la Première Guerre mondiale, 1008 individus (militaires et civils, français et étrangers) ont été condamnés à la peine capitale par la justice militaire, au front ou à l’arrière, pour désobéissance militaire, affaires d’espionnage ou de droit commun. Les archives des conseils de guerre conservées au Service historique de la Défense à Vincennes ont été numérisées et récemment mises en ligne sur le site internet Mémoire des hommes, en réponse à la demande formulée par le Président de la République lors du lancement des commémorations du centenaire de la Première Guerre mondiale en novembre 2013. Dans cet ensemble sériel, ce sont des situations très diverses et souvent émouvantes que le curieux et le chercheur peuvent désormais facilement découvrir page après page. Pour en savoir plus sur cette opération, nous avons interrogé Agnès Chablat-Beylot, conservateur en chef du patrimoine, responsable du département des archives définitives du Centre historique des archives du SHD.   D’où viennent ces dossiers de fusillés ? Les « dossiers de fusillés », mis en ligne à partir du 6 novembre 2014 sur le site Mémoire des hommes sont les minutes de jugement et les dossiers de procédure des conseils de guerre qui les ont condamnés à mort. Ces archives sont…

Des décorations et des archives
Archives / 5 novembre 2014

Les soldats de la Grande Guerre et les civils ont été abondamment décorés pendant et après la Première Guerre mondiale. Des sites internet permettent de reconnaître les différentes décorations et de découvrir leur histoire, les critères d’attribution et leurs caractéristiques matérielles : Ordres, décorations et médailles (1914-1918) et France Phaleristique. En revanche, on sait moins que l’attribution de décorations a généré des archives, qui peuvent s’avérer très utiles pour les recherches familiales et historiques. Nous avons voulu identifier ces sources et nous en avons découvert la diversité et la richesse, dont nous essayons de rendre compte dans le présent article. Des décorations : pourquoi, pour qui ? Avant la guerre : Que ce soit par l’octroi d’une promotion au grade supérieur ou par l’attribution d’une marque distinctive, récompenser le soldat est aussi ancien que la guerre elle-même. Pourtant, à la veille de la Première Guerre mondiale, peu de décorations sont distribuées dans les armées françaises. Elles récompensent principalement le temps des services, les séjours outre-mer et parfois le mérite et le courage. La Légion d’honneur et la Médaille militaire : elles sont peu distribuées avant 1914. La médaille coloniale et les médailles commémoratives (Maroc, Madagascar) : elles ne confèrent pas une dignité…

Aout 1914. Tous en guerre ! Entretien avec Isabelle Chave
Archives , Bibliothèques , Entretiens , Exposition / 14 septembre 2014

L’exposition Août 1914. Tous en guerre ! ouvre ses portes aux Archives nationales  à Pierrefite-sur-Seine le 19 septembre 2014. Isabelle Chave, conservatrice en chef aux Archives nationales et commissaire de l’exposition a accepté de répondre à nos questions. En préambule, pouvez-vous nous présenter l’exposition ? Comme l’indique son titre, l’exposition des Archives nationales porte sur l’entrée en guerre, sur une période de 36 jours exactement, allant de la mobilisation, le 2 août 1914, à la première bataille de la Marne. Son originalité est, avec l’arrière-plan militaire que l’on connaît, de mettre l’accent sur l’histoire sociale, administrative, économique, financière, industrielle et culturelle de cette période, en donnant la priorité à l’évocation des Français de l’arrière, à l’administration de leur vie quotidienne. Par cette exclamation, « Tous en guerre ! », il s’agit d’inviter à sortir le sujet du seul exposé de la mobilisation militaire et de l’élargir à la « mobilisation civile », pour reprendre l’expression utilisée par Olivier Bascou, préfet de la Gironde en août 1914, dans son livre de souvenirs, ou encore à la mobilisation administrative, à la mobilisation industrielle, entre autres… Pour en montrer l’ampleur et l’ambition, il fallait par ailleurs appliquer cette approche à une aire géographique…

Jules Berquet, disparu le 31 août 1914
Généalogie / 31 août 2014

Jules Berquet n’a laissé aucune lettre, aucun journal de guerre, aucun objet. Le temps a effacé le souvenir de cet homme puisque tous ceux qui l’ont connu sont maintenant disparus. La photographie ci-contre, transmise par ma grand-mère, constitue la dernière trace de cette vie engloutie au cours des premières semaines de guerre. Une rapide enquête, à partir d’éléments dispersés, m’a néanmoins permis de recomposer, en pointillés, la vie de ce soldat disparu le 31 août 1914. Né à Saulzoir (Nord) le 5 octobre 1888, il est le fils de Jules Joseph Louis et de Zélie Julienne Desfossez, Il est le cadet d’une famille modeste de huit enfants. Jules Berquet est aussi le frère de ma grand-mère paternelle, vingt ans plus jeune que lui. Avant l’armée, Jules Berquet est employé en qualité de chauffeur. Appartenant à la classe 1908, il est incorporé au 45e régiment d’infanterie dont les unités sont stationnées à Laon, Hirson et Sissonne le 8 octobre 1909. Au terme de deux années de service militaire actif obligatoire, il passe dans la disponibilité de l’armée active le 24 septembre 1911. Il rentre à Saulzoir, où il épouse Zélie Renaut, avec laquelle il a un enfant. Des années d’avant-guerre, seules…

Retrouver un soldat algérien dans les archives françaises
Archives , Généalogie , Recherche / 28 mai 2014

Depuis la création du blog, nous avons reçu beaucoup de messages d’Algérie. Des questions nous sont régulièrement posées au sujet des Algériens incorporés dans l’armée française pendant la Première Guerre mondiale. Nous ne pouvons pas répondre à toutes les sollicitations, mais nous proposons ici quelques pistes destinées à orienter les chercheurs dans les archives françaises. Tout d’abord, je conseille la lecture de quatre excellentes fiches méthodologiques élaborées par les Archives nationales : Les recherches biographiques du XIXe au milieu du XXe siècle (fiche n°29). Recherches biographiques sur les combattants et victimes de la Première Guerre mondiale (fiche n°22) Les militaires aux Archives nationales et au Service historique de la Défense (fiche n°23) Vous recherchez un militaire ? En 1914, la population de l’Algérie se caractérise par son hétérogénéité. L’Algérie coloniale est alors à son apogée et elle est l’un des premiers partenaires commerciaux de la France. Cette prospérité attire des milliers d’Européens qui viennent s’ajouter aux immigrants français et à la population juive, naturalisée en 1870. Cette communauté de 750 000 personnes cohabite avec 4 500 000 Musulmans, ou « indigènes », qui ne bénéficie cependant pas des même droits. Les Français d’origine ou naturalisés Quand la guerre est déclarée, la mobilisation…

Le SHD nous guide dans les archives de la Grande Guerre
Archives / 1 mai 2014

La Première Guerre mondiale est sans doute, dans l’histoire de France, le conflit qui a laissé le plus d’archives. Conscientes, dès l’enlisement des opérations à la fin de 1914, de vivre un événement crucial de l’histoire du monde, les autorités civiles et militaires attachent un soin particulier à la collecte et à la conservation des documents s’y rapportant. Héritier des services historiques de l’Armée et de la Marine, eux-mêmes directement issus de la Première Guerre mondiale, le Service historique de la Défense (SHD), né en 2005, est aujourd’hui le dépositaire de l’énorme production documentaire des institutions militaires d’un pays engagé dans une guerre d’une ampleur et d’une intensité sans précédent. Si ces archives sont presque intégralement inventoriées, il manquait au chercheur, confronté à leur masse et à leur dispersion, un guide présentant de manière synthétique l’ensemble des sources conservées par le SHD, tant dans ses centres de Vincennes, de Châtellerault et de Pau que dans ses antennes de Cherbourg, Brest, Lorient, Rochefort, Toulon et Caen. Au-delà, cet instrument de recherche veut mettre l’accent sur la complémentarité de fonds émanant d’institutions françaises ou alliées, de différents ministères (Guerre, Marine et Armement), de l’armée de Terre ou de la Marine, mais aussi…