Mort pour la France le 7 octobre 1915
Archives , Généalogie / 21 octobre 2012

Je n’ai jamais connu mon arrière-grand-père. Jean Baptiste Bourlet est mort pour la France le 7 octobre 1915. Canonnier au 17e régiment d’artillerie de campagne, il avait embarqué à bord du vapeur Amiral Hamelin le 2 octobre 1915. Le cargo, emmené par un équipage de 48 hommes, appartenait à la compagnie de navigation française à vapeur les Chargeurs réunis. Il transportait 306 passagers militaires, 2 000 obus de gros calibre et 15 000 de 75 mm et 2 millions de cartouches. Il avait pour destination Salonique mais n’arriva jamais dans le port grec : le 7 octobre 1915 à l’aube, il fut canonné et torpillé par l’U33, un sous-marin allemand battant pavillon austro-hongrois, au large de Cythère à environ 400 kilomètres des côtes. Mon arrière-grand-mère et ses fils, restés en pays envahis, n’apprirent la mort de Jean Baptiste qu’une fois la guerre terminée. Comme ce fut le cas pour des millions de familles françaises, sa disparition allait bouleverser l’histoire de ma famille et notamment la vie de mon grand-père qui, orphelin de père dès l’âge de cinq ans, devenait l’homme de la famille. J’ai bien connu mon grand-père, mais jamais je n’ai abordé l’histoire de son père avec lui. Mon…

Numériser et mettre en ligne les registres matricules : l’exemple des Archives départementales de la Drôme

A l’heure où nombre de services d’archives départementales numérisent les registres matricules pour les mettre en ligne sur leurs sites Internet, le directeur des Archives départementales de la  Drôme, Benoît Charenton, a bien voulu nous présenter les motivations, les préparatifs et la mise en œuvre de ce type d’opération, qui contribue à la diffusion du patrimoine écrit conservé dans le réseau des archives publiques. *** Numériser les registres matricules, pour le conservateur qui en a la charge, c’est d’abord l’occasion de se replonger dans ces gros registres livrés chaque année, par porteur militaire, dans les archives départementales. Soixante-dix ans après avoir été ouverts, ils retournent dans leur département d’origine, porteurs de tous les « bons pour le service » d’une classe, soit l’ensemble des jeunes gens recensés au cours de leur vingtième année et déclarés aptes à remplir leurs obligations militaires. Leur reliure fatiguée cache des pages remplies de précieuses informations sur la carrière de nos aïeux sous les drapeaux, à des époques où le fait militaire exerçait sur les individus une emprise que l’on a peine à imaginer aujourd’hui. Arrivées à vingt ans au régiment, les recrues y effectuent un service actif de deux à cinq ans suivant les époques et…

Chemins de mémoire
Musées , Patrimoine / 19 septembre 2012

Depuis quelques années, la  Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives du ministère de la Défense permet aux citoyens « d’aller à la rencontre du patrimoine historique et des lieux de mémoire » via un site internet, Chemin de mémoire, dont je viens d’explorer la nouvelle version. Intuitif et bien illustré, le site est au service du « tourisme de mémoire« . L’internaute peut préparer sa visite des hauts lieux de mémoire, des fortifications, des nécropoles, des monuments historiques, des musées et des mémoriaux. Les recherches s’effectuent par critère (nationalité, période, nature du lieu et accès) et les résultats apparaissent sur une carte. On accède ensuite à une notice descriptive plus ou moins détaillée. Des parcours thématiques sont également proposés. Le premier propose un circuit autour des batailles de la Marne. On y trouve des informations pratiques et des références bibliographiques. Une photothèque participative permet à qui veut de partager ses photographies. En outre, le site offre de nombreuses ressources à la rubrique Histoire : Des fiches documentaires, classées par période (1870-1871, Première Guerre mondiale, Seconde Guerre mondiale, Depuis 1945 et Hors conflit), portent sur les batailles, les nations en guerre, les hôpitaux, les femmes, les prisonniers, etc. Plusieurs articles sont consacrés…

Votre ancêtre est…dans les archives militaires.
Archives , Généalogie , Recherche / 2 septembre 2012

Le 26 juin 2012 a eu lieu la première journée du généalogiste au Service historique de la Défense (SHD) à Vincennes. En préparant cette manifestation, les organisateurs ont eu l’idée de concevoir un guide de généalogie dans les archives militaires. Nous avons rencontré les auteurs de Vos ancêtres à travers les archives militaires : Vincent Mollet, conservateur du patrimoine, chargé de mission « instruments de recherche » auprès de l’adjoint au chef du SHD, et Sandrine Heiser, chargée d’études documentaires et chef du bureau de la politique des publics au département des publics et de la valorisation du SHD. Quels étaient les objectifs des auteurs ? D’abord, il s’agissait d’offrir aux généalogistes « les repères nécessaires à une recherche fructueuse » peut-on lire sur le site du Service historique de la Défense. Ainsi, en moins de trois mois, Sandrine Heiser et Vincent Mollet ont écrit « le guide que nous aurions envie d’avoir« , nous confie Sandrine Heiser. Les auteurs ont mobilisé les équipes du Service historique de la Défense, à Vincennes et dans toutes les antennes du service en France. Le résultat dépasse ce qu’on pouvait espérer. C’est une anaphore qui interpelle et guide le lecteur de chapitre en chapitre, avec des intitulés commençant par « Votre ancêtre était… »…

Bonnes vacances !
Uncategorized / 26 juillet 2012

Sourcesdelagrandeguerre.fr prend des vacances. Nous vous donnons rendez-vous en septembre. En attendant, cette photographie d’un permissionnaire retrouvant sa famille à la gare de l’Est nous a bien plu (photo de presse de l’agence Rol conservée à la BNF, cote Rol 45397) : cliquer dessus pour la voir en meilleure définition sur gallica.bnf.fr Bonnes vacances !

Destination Nouvelle-Zélande
Archives , Bibliothèques , Musées / 15 juillet 2012

Contrairement à ce que le titre de ce billet peut laisser croire, nous ne partons pas en vacances aux antipodes… mais il n’est pas interdit de voyager « à dos d’archives » ! Nous nous sommes donc intéressés aux sources et aux outils consacrés à l’histoire de la Grande Guerre en Nouvelle-Zélande. A chacune de mes visites à Ypres, j’ai été impressionné par l’intensité et la solennité des cérémonies néo-zélandaises à Paschendaele. Il faut dire que l’effort de ce dominion de l’empire britannique a été considérable : la Nouvelle-Zélande, peuplée de 1,1 million d’habitants en 1914, a levé 120 000 volontaires pendant la guerre. Avec les Australiens, ils ont formé l’Australian and New Zealand Army Corps (ANZAC) et se sont illustrés aux Dardanelles, en Palestine et en France : L’Australie et la Nouvelle-Zélande dans la Grande Guerre (Chemins de mémoire) et La Nouvelle-Zélande sur le front occidental (Mission du Centenaire). Au total, près de 18 000 Néo-Zélandais sont morts au combat à des milliers de kilomètres de chez eux. Rien d’étonnant donc à ce que l’histoire de la Première Guerre mondiale suscite un grand intérêt dans cet archipel du Pacifique Sud, aujourd’hui membre du Commonwealth britannique. Le succès des trois journées franco-néo-zélandaises…

La revue illustrée de la semaine
Presse / 11 juillet 2012

Document : Le Pèlerin, dimanche 9 juillet 1916. Origine : collection particulière. A la veille de la Première Guerre mondiale, Le Pèlerin est l’un des principaux périodiques catholiques français (il tire à 450 000 exemplaires en 1912) [1]. Ce modeste bulletin de liaison entre groupes de pèlerins, créé au lendemain de la guerre franco-prussienne, est progressivement devenu un hebdomadaire traitant de tous les sujets de société et qui défend les intérêts des catholiques. Les articles sont accompagnés de nombreuses illustrations très tôt en couleur (1896). A la fin du XIXe siècle, la rédaction a l’idée de publier une illustration en pleine page en première de couverture et de consacrer la 4e de couverture à la caricature en couleur. Quand la guerre est déclarée, la rédaction du Pèlerin modifie sa ligne éditoriale. Elle met en avant l’héroïsme, le sacrifice et l’engagement des fidèles et des prêtres mobilisés en publiant des lettres et des extraits de journaux du front : dans le numéro du 9 juillet 1916 par exemple, des extraits du Klaxon et du Rat à Poil, journaux de tranchées, sont publiés. Des histoires individuelles sont relatées dans une rubrique intitulée « Nos héros ». L’objectif est de montrer le patriotisme des catholiques…

Officiers en série
Archives , Recherche / 1 juillet 2012

Pour retracer le parcours des hommes qui ont servi pendant la Grande Guerre, nous avons déjà évoqué les registres matricules du recrutement, mais les dossiers nominatifs constituent également une source précieuse. La journée d’étude sur les dossiers nominatifs au XIXe siècle, organisée au Centre historique des Archives nationales le 24 octobre 2006, a bien montré l’importance des archives administratives du personnel. L’existence des dossiers individuels en France est largement due à la structure centralisée de l’État : produits et gérés par les ministères, ces dossiers constituent aujourd’hui d’importantes séries aux Archives nationales ainsi que dans les services d’archives des ministères de la Défense et des Affaires étrangères (Les recherches biographiques du XIXe au milieu du XXe siècle. État des sources d’archives et des instruments de recherche nominatifs). Au Service historique de la Défense (SHD), dans les fonds de l’armée de terre (les seuls dont nous parlerons ici), la volumineuse série Y est consacrée aux archives du personnel : archives collectives et archives individuelles. Les archives collectives sont constituées de registres, principalement des contrôles de troupes et d’officiers (sous-séries Ya, Yb et Yc). Les dossiers individuels du personnel, dossiers de carrière et de pension, occupent les sous-séries Yd, Ye, Yf, Yg,…

Invitation à (re)découvrir In Flanders Fields Museum

Le musée In Flanders Fields d’Ypres en Belgique, consacré à la Première Guerre mondiale, a rouvert officiellement ses portes le 11 juin 2012. C’est l’occasion pour les visiteurs de découvrir un aspect de la guerre, méconnu en France mais non en Grande-Bretagne et dans l’ensemble des pays du Commonwealth : la guerre sur le front belge, de Nieuport en Belgique à Armentières en France. Dominiek Dendooven, collaborateur scientifique recherche au musée, a accepté de répondre à nos questions. Pourquoi avez-vous pris la décision de fermer le musée ? Il y a plusieurs raisons, à commencer par les aspects pratiques. Quand le musée a ouvert en avril 1998, il était théoriquement conçu pour accueillir 100 000 visiteurs par an. Mais nous n’avons jamais eu moins de 200 000 visiteurs par an, soit le double. Le musée était donc devenu trop petit pour accueillir confortablement le public. En outre, dans la perspective des commémorations du centenaire de 2014-2018, le gouvernement flamand a décidé d’investir des sommes considérables dans plusieurs projets touristiques et patrimoniaux liés à la Grande Guerre. Afin d’être prêt avant 2014, année au cours de laquelle nombre d’associations et d’institutions feront appel à notre expertise pour réaliser leurs projets, il…

Louis Pergaud : carnet de guerre

Enfant, après avoir vu le film d’Yves Robert de 1962, j’ai lu avec plaisir La guerre des boutons et je me suis ensuite intéressé au destin de son auteur, Louis Pergaud, instituteur devenu écrivain, né à Belmont (Doubs) le 22 janvier 1882. Après la parution de Goupil à Margot, son recueil de nouvelles animalières couronné par les Goncourt en 1910, Pergaud devient célèbre et publie encore La Revanche du Corbeau, Le roman de Miraut, diffusé en feuilleton dans L’Humanité, et La Guerre des boutons. En 1914, La vie des bêtes paraît dans L’Homme libre de Clemenceau. Pergaud est un écrivain engagé, patriote, républicain et pacifiste. Quand la guerre est déclarée, il est mobilisé au 166e régiment d’infanterie de Verdun, où il est sous-officier. En mars 1915, il est promu sous-lieutenant et il commande la 1re section de la 2e compagnie du 166e RI quand le régiment est chargé de prendre la cote 233 près du village de Marcheville-en-Woëvre dans la Meuse. Dans la nuit du 6 au 7 avril 1915, il disparaît à jamais, englouti dans la boue de la Woëvre. J’ai découvert Carnet de guerre récemment. Si des fragments ont été publiés en 1938 (Mélanges, Paris, Mercure de France,…