Les secrets de la Grande Guerre : Rémy Porte répond à nos questions
Recherche / 25 février 2012

A l’occasion de la sortie de son nouveau livre, Les secrets de la Grande Guerre chez Vuibert, le colonel Rémy Porte a accepté de répondre à nos questions. Auteur d’une utile Chronologie commentée de la Première Guerre mondiale publiée chez Perrin en 2011, Rémy Porte a choisi de traiter ici, en une vingtaine de chapitres, différents épisodes méconnus ou mal interprétés du conflit. A partir d’un fait précis, il en profite pour aborder des problématiques plus larges. Rappelons que l’auteur a écrit plusieurs ouvrages se rapportant à la Première Guerre mondiale. On lui doit notamment une édition annotée et commentée du livre d’Erich von Falkenheim, Le commandement suprême de l’armée allemande 1914-1916 et ses décisions essentielles publiée aux éditions SOTECA  en 2010. Enfin, Rémy Porte anime depuis quelques mois le blog Guerres et conflits. Pourquoi avez-vous choisi ces thèmes ? En fait, je n’avais que l’embarras du choix puisque nous avons encore une vision très « franco-centrée » de la Première Guerre mondiale et pour tout dire, par rapport à la première version remise à l’éditeur, j’ai finalement supprimé plusieurs chapitres. Un volume 2 est déjà, éventuellement, presque disponible ! L’objectif pour moi avec ce livre, après plusieurs études antérieures à caractère…

De l’intérêt des livres d’or
Archives , Recherche / 19 février 2012

Document : Livre d’or de l’enseignement primaire. Département de l’Ain. 1914-1918, Paris, SADAG, 1920, 103 p. Origine : collection particulière. Plusieurs centaines de livres d’or ont été publiés après la guerre. Le plus connu est sans doute le projet de Livre d’or des Français morts pour la France destiné à être déposé au Panthéon à Paris. Sa conception a été initiée par l’Etat (loi du 25 octobre 1919 « relative à la commémoration et à la glorification des morts pour la France au cours de la Grande Guerre »). Le ministère des Pensions, nouvellement créé, s’est appuyé sur le fichier constitué par le ministère de la Guerre dès 1914, demandant aux communes de compléter ou d’amender les listes communales. Ce gigantesque travail n’a cependant jamais été finalisé, en raison de nombreuses difficultés (dont certaines sont exposées dans un article de la Voix du Combattant du 20 novembre 1921). Heureusement, les Archives Nationales (site de Fontainebleau) conservent les listes des morts pour la France établies par commune à cette occasion. Les renseignements qu’ils contiennent sont sommaires : nom, prénoms, date et lieu de naissance, régiment et grade et enfin date et lieu de mort. Ces listes diffèrent souvent de celles qui…

La Grande Illusion au cinéma
Arts Littérature Cinéma / 15 février 2012

C’est une bonne nouvelle ! La Grande Illusion de Jean Renoir ressort en salle dans une version restaurée inédite. La Grande Illusion retrace l’histoire d’un groupe d’officiers français prisonniers de guerre en Allemagne. Dès sa sortie en France en 1937, ce fut un succès. Film humaniste et pacifiste, La Grande Illusion est aussi un film sur la diversité du corps des officiers en 1914 dont tous les archétypes sont ici représentés : Boëldieu, l’officier de carrière noble ; Maréchal, le lieutenant issu du peuple ; Rosenthal, le Juif ; un instituteur, un ingénieur du cadastre, etc. Redécouvrez ce chef d’œuvre de Jean Renoir dans les salles dès aujourd’hui. Marc Voinchet reviendra sur cet événement dans Les Matins de France Culture vendredi. Enfin, cette semaine, la Fabrique de l’histoire consacre un cycle d’émissions à l’histoire des relations de l’armée à la Nation.  

Sources et vestiges : l’exemple de Carspach
Archéologie , Recherche / 12 février 2012

Photo : PAIR archeologie / BNPS.co.uk. Retrouvez le reportage du Dailymail en cliquant sur l’image. Le 18 mars 1918, après un bombardement de l’artillerie française, 34 soldats allemands sont ensevelis dans une galerie souterraine allemande de première ligne à Carspach (Haut-Rhin). La nuit suivante, les Allemands tentent de secourir leurs soldats. Ils parviennent à extraire deux survivants, qui décèdent par la suite, et une dizaine de cadavres. Puis les combats se poursuivent et le régiment allemand quitte le secteur. C’est ainsi que les corps de 21 soldats ensevelis ont été retrouvés en 2011. Le site était connu par les sources écrites et figurées (plans, historique du 94e régiment d’infanterie de réserve allemand, etc) et l’existence d’un monument commémoratif sur place. Le Kilianstollen, une galerie souterraine destinée à abriter plusieurs centaines d’homme dans les premières lignes, a été découvert à la faveur de travaux routiers l’année dernière. En septembre et en décembre 2011, des fouilles archéologiques préventives ont été entreprises. De nombreux objets, bien conservés, ont alors été mis au jour. Ils permettent d’en savoir plus sur la vie quotidienne de ces soldats mais aussi sur la construction et l’organisation des fortifications de campagne. Pour Michaël Landolt, archéologue territorial, cette fouille…

La Grande Guerre aujourd’hui. Patrimoines, territoires, tourismes.
Commémorations , Patrimoine , Recherche / 9 février 2012

Dans la perspective des commémorations de 2014, Anne Hertzog (université de Cergy-Pontoise) et Nicolas Offenstadt (université Paris-I) animent le séminaire « La Grande Guerre aujourd’hui« . Ils poursuivent la réflexion, engagée précédemment dans le séminaire, sur le sens donné à cet événement en France aujourd’hui (patrimoines, territoires, tourisme). Des chercheurs français et étrangers s’interrogeront sur « les enjeux, les acteurs et les pratiques que sous-tend la patrimonialisation des traces de guerre« , peut-on lire dans le résumé. Le programme est séduisant. Rendez-vous donc dans la salle Michelet à la DMPA, 37 rue de Bellechasse dans le 7e arrondissement à Paris, les premiers mardis de chaque mois, de 17 heures à 19 heures 30. Mardi 6 mars : En marge du champ de bataille, patrimoines urbains de la Grande Guerre. Mardi 3 avril : Collectionner, exposer : montrer la Grande Guerre au musée. Mardi 15 mai : photographie de traces de guerre : passé, présent. Mardi 5 juin : Cimetières, lieux de mémoires.

L’occupation allemande en France au Deutsches Historisches Institut à Paris.
Recherche / 8 février 2012

Le mardi 14 février, une table ronde portant sur l’occupation allemande en France pendant la Grande Guerre sera organisée à l’Institut historique allemand  à Paris. Autour d’Emmanuel Debruyne de l’université de Louvain, modérateur, seront réunis Annette Becker (Université de Paris Ouest Nanterre la Défense), Larissa Wegner (université de Freiburg) et Philippe Nivet (Université de Picardie Jules Vernes). En octobre 2011, Philippe Nivet a publié La France occupée, 1914-1918, fondant son travail sur le dépouillement de nombreux journaux intimes, de témoignages publiés, d’articles de presse, d’enquêtes, notamment celles réalisées auprès des instituteurs et conservées à la BDIC, de comptes rendus de procès et d’interrogatoires, etc. L’entrée est libre mais il est recommandé de s’inscrire à l’adresse suivante c.fontaine@historial.org.

Des prisonniers de guerre russes dans le Cambrésis en 1915
Archives / 3 février 2012

Document : photographie d’un groupe de prisonniers russes dans un village du Nord de la France en 1915. Origine : collection particulière. La scène se passe à Saint-Aubert en 1915. Ce petit village du Cambrésis, à environ 15 kilomètres de Cambrai, est occupé par l’armée allemande à partir du 25 août 1914. Avec la stabilisation du front, la commune se retrouve à moins de trente kilomètres en arrière des lignes allemandes. L’originalité de ce document tient à la présence d’un groupe de prisonniers russes. Car si l’histoire des Russes dans l’est de la France est bien connue notamment grâce aux travaux de quelques historiens, en revanche elle n’a pas été étudiée pour le département du Nord. Ces hommes ont laissé peu de traces : les témoins ont disparu et les sources les concernant sont peu nombreuses, se résumant à de brèves allusions dans les souvenirs laissés par des civils. Les images sont rares. Il reste surtout de leur passage dans le Nord plusieurs centaines de tombes dans les cimetières militaires des environs. Pourquoi des Russes ont-ils séjourné dans le nord envahi près du front ? La condition des prisonniers de guerre est définie par les conventions de La Haye :…

Le rapport de préfiguration du centenaire

Le 11 novembre 2011, un rapport de préfiguration du centenaire de la Première Guerre mondiale intitulé Commémorer la Grande Guerre (2014-2020) : propositions pour un centenaire international, signé par Joseph Zimet (Direction de mémoire, du patrimoine et des archives), a été remis au président de la République. Le centenaire doit être « une nouvelle pierre ajoutée au singulier édifice mémoriel bâti par les Français » (p. 10). Ce rapport d’une centaine de pages donne les premières orientations en matière de financement, de gouvernance, de projets scientifiques et de calendrier. Pour la France, les enjeux sont internationaux, culturels, éducatifs, économiques et sociaux, etc. Parmi les projets envisagés, il y a l’inscription au patrimoine mondial de l’Humanité des principaux paysages et sites de mémoire de la Grande Guerre. Un premier programme a déjà été établi pour l’année 2014, celle de « la levée de rideau du 100e anniversaire ». Elle sera marquée par six grands rendez-vous (voir p. 14), parmi lesquels l’entrée au Panthéon de Maurice Genevoix le 11 novembre 2014. Pour mettre en œuvre le programme commémoratif du centenaire de la Première Guerre mondiale, une mission interministérielle doit être créée au début de cette année 2012. La numérisation et la valorisation…

Numériser pour commémorer
Projets de valorisation / 25 janvier 2012

2014 s’annonce, avec son lot de manifestations de commémoration de la Grande Guerre. Les institutions patrimoniales se sont mises en ordre de marche pour communiquer et valoriser leurs fonds. Il y en aura pour tous les goûts : publications d’instruments de recherche, mise en ligne de documents numérisés, expositions, colloques et conférences… Les nouvelles technologies seront de la partie. Et le sujet se prête à de riches partenariats nationaux et internationaux. Ce blog fera état des initiatives et des résultats (publications, mise en ligne de ressources numériques, annonces de manifestations scientifiques ou culturelles), sans prétendre à l’exhaustivité, dans le but de donner des pistes de recherches et de favoriser l’accès aux sources de la Grande guerre. Le 16 décembre 2011, les établissements documentaires détenteurs de fonds sur la Grande Guerre ont été invités à participer à une journée d’information et d’échange sur le thème de la numérisation de ce patrimoine, à la BnF.

Meilleurs voeux !
Archives / 24 janvier 2012

Document : vœux du lieutenant-colonel Gourguen, chef du 2e bureau de l’état-major de l’armée, à son personnel le 31 décembre 1918. Origine : Service historique de la Défense, archives rapatriées de Moscou, en cours de classement. Les archives de l’état-major de l’armée, créé en 1890, sont aujourd’hui conservées au Service historique de la Défense. On les trouve principalement dans la volumineuse sous-série 7 N (1 659 cartons dont 1235 couvrent les années de guerre), mais également dans les archives rapatriées de Moscou (archives saisies pendant la Seconde Guerre mondiale par les Allemands puis détenues par les Soviétiques, avant la restitution à la France dans les années 1990-2000). Les archives des attachés militaires ou encore du 2e bureau demeurent mieux connues que celles des services courants.  Pourtant, ces dernières renferment des documents originaux qui dépeignent la vie quotidienne au sein des services, comme l’attestent ces vœux du lieutenant-colonel Gourguen. A la date du 31 décembre 1918, il n’y a pas encore de traité de paix, mais les combats ont cessé et on ne meurt plus à la guerre à l’ouest. Une fois rédigée par le secrétariat du chef de bureau, cette note a été ventilée dans toutes les sections (plus d’une…