De l’intérêt pédagogique d’une correspondance familiale : Plateforme 14-18

3500 lettres et une centaine de photographies, échangées entre 1914 et 1918 par les huit membres d’une même famille et leurs amis, constituent le point de départ du travail mené par Pierrick Hervé, professeur au lycée Guist’Hau de Nantes et Marie-Christine Bonneau-Darmagnac, professeure au collège Jules Verne de Buxerolles. Cette dernière nous le présente. ** Le fonds d’archives de la famille Résal C’est grâce à un trésor de famille que Plateforme 14/18 existe. Jacques Résal, l’un des descendants, est dépositaire du fonds constitué de 3500 lettres et environ une centaine de photographies et nous a permis de l’utiliser pour le mettre à la disposition de la communauté éducative. C’est un vaste projet transmedia qui est né de cet ensemble documentaire avec tout d’abord la réalisation d’un film La cicatrice. Une famille dans la Grande Guerre par Laurent Véray, pour France 3, en 2013. Puis, l’édition de trois ouvrages co-signés Jacques Résal et Pierre Allorant : Lignes du front de l’Arrière. Correspondance du directeur du tramway de Bordeaux avec son fils artilleur, PU Bordeaux, 2015. La Grande Guerre à tire d’ailes. Correspondance de deux frères dans l’aviation. 1915-1918, Encrage, 2015. Femmes sur le pied de guerre. Chronique d’une famille bourgeoise. 1914-1918, Septentrion,…

Explorer les cartes de la Grande Guerre

Entre 1914 et 1918, on assiste à une explosion de la production cartographique. Aujourd’hui, environ 14000 cartes concernant la Première Guerre mondiale, dressées par le Service géographique de l’armée, sont conservées au Service historique de la Défense. Les cartes restent une source mal connue alors qu’elles peuvent s’avérer très utiles pour les chercheurs et certains professionnels. Le projet « Explorer les cartes de la Première Guerre mondiale» en constitue un exemple remarquable. Avant de vous de le présenter, prenons le temps de découvrir cette source. Extrait du canevas de tir « Péronne » du 20 novembre 1916 (échelle 1/10 000e). En rouge, les positions alliées ; en bleu, les positions allemandes. © Coll. Historial de la Grande Guerre. ** Quelles cartes ? Pendant la Première Guerre mondiale, la géographie est omniprésente dans les armées, comme l’a très bien exposé Philippe Boulanger dans son livre La géographie militaire française (1871-1939). Pour faire la guerre, les armées ont besoin de cartes. Avant 1914, la fabrication et la diffusion des cartes militaires incombent au Service géographique de l’armée. Avec la guerre de position, le Service intègre dans ses activités de nouveaux champs tels que la géologie, l’hydrologie, la résistance des sols et des roches, grâce notamment à…

L’arrière : la guerre si loin, si proche
Archives , Projets de valorisation / 24 novembre 2014

Le départ du 113e régiment d’infanterie de Blois le 5 août 1914 [Archives départementales du Loir-et-Cher, 6 Fi] ____ A l’occasion de la préparation d’une exposition sur le département dans la guerre, les Archives départementales de Loir-et-Cher ont « redécouvert » dans leurs collections un journal intime qui constitue un témoignage vivant et totalement inédit sur la vie à l’arrière. Dans ce journal, à partir du 30 juillet 1914, l’architecte blésois Paul Legendre, conscient de la gravité des événements, rapporte l’actualité quotidienne, détaille ses occupations et confie au papier les pensées que lui inspire l’actualité. Très vite, l’idée de la publication s’est imposée mais l’importance matérielle du journal (6 cahiers de 230 pages chacun) a conduit à privilégier une édition intégrale en ligne, pour laquelle Facebook semblait le médium le plus approprié. Ainsi, chaque jour depuis le 30 juillet, cent ans jour pour jour après que Paul Legendre a raconté sa journée sur son cahier, nous publions son récit : quelques phrases d’accroche illustrées sur Facebook et l’intégralité du texte sur le portail culture41.fr. Un journal intime Dans sa préface, Paul Legendre (1872-1941) précise lui-même sa démarche : « À la veille d’événements peut-être graves, au tournant mystérieux de notre histoire, je commence des « Souvenirs…

Proust and the Great War à l’Université de l’Illinois

  Extrait d’une lettre de Marcel Proust à Lionel Hauser (2 août 1914). (Avec l’aimable autorisation de la Rare Book & Manuscript Library, University of Illinois at Urbana-Champaign) A la déclaration de la guerre, Marcel Proust est âgé de 43 ans. Il connaît déjà le succès depuis qu’est paru Du côté de chez Swann (1913), le premier volume de La recherche du temps perdu. La guerre inspire Marcel Proust, en particulier dans Le Temps retrouvé, septième et dernier volume publié en 1927, à titre posthume. En revanche, on connaît moins le correspondance que l’écrivain a entretenue pendant le conflit. L’université de l’Illinois a mis en ligne une exposition originale, Proust and the Great War, qui permet de découvrir quelques lettres de l’écrivain. François Proulx, Assistant Professor of French, qui a fait travailler six étudiants du département de français sur ces lettres, a accepté de nous présenter ce travail. Cette exposition numérique réunit une dizaine de lettres de Marcel Proust écrites entre 1914 et 1918. On y découvre l’angoisse de Proust à l’amorce de la guerre, alors qu’il craint le siège de Paris, son profond chagrin face à la perte d’êtres chers, et son lucide refus de tout chauvinisme. Des lettres adressées à Proust…

Une exposition originale : « Les malles ont une mémoire »
Objets , Projets de valorisation / 3 juillet 2013

Voilà quelques semaines, je découvrais l’exposition Les Malles ont une mémoire. L’idée de reconstituer des malles de soldats et de civils de la Grande Guerre m’a beaucoup plu et intrigué. Cette exposition originale est présentée par l’association « L’Alloeu Terre de Batailles 1914-1918 » (ATB 14-18) au Mémorial Ascq 1944 à Villeneuve d’Ascq du 31 mars au 29 août 2013. Son président, Bertrand Lecomte, a bien voulu répondre à quelques questions. Quelle est l’origine de ce projet ? D’où vient cette idée des malles ?  Le projet collectif d’exposition itinérante « Les malles ont une mémoire 1914-1918 » a été initié, piloté et mis en œuvre par l’association « l’Alloeu Terre de Batailles, 1914-1918 » (62), présidée par Bertrand Lecomte. Il fédère des musées et associations du Nord et du Pas-de-Calais consacrés à l’histoire des conflits mondiaux, notamment le musée de la bataille de Fromelles (59), le musée du Fort de Leveau à Feignies (59), le musée d’Histoire de Harnes (62), la société historique de Villeneuve d’Ascq et du Mélantois (59), le musée de la Résistance de Bondues (59), l’Office National des Anciens Combattants et le Musée Hospitalier Régional de Lille. A l’image de l’association ATB 14-18, les différentes structures partenaires possèdent dans leurs réserves et…

Wikipasdecalais engagé dans la Grande Guerre

Le temps de l’internaute, simple consommateur de documents d’archives en ligne, n’est plus, depuis que les internautes et les services patrimoniaux collaborent pour décrire le patrimoine, l’enrichir et le contextualiser, dans un esprit de partage. Divers projets illustrent cette évolution majeure depuis quelques années. Nous avons demandé à Ivan Pacheka, un des administrateurs de Wikipasdecalais, de nous présenter les projets du Wikipasdecalais concernant la Grande Guerre. *** L’encyclopédie collaborative en ligne du Pas-de-Calais, Wikipasdecalais, mène deux projets autour de la Grande Guerre qui mobilisent de manière complémentaire les sources d’archives publiques et privées : l’établissement de notices biographiques pour les quelques 35.000 victimes militaires du Pas-de-Calais, dont plus de 12.000 sont déjà en ligne ; et le projet intitulé « Un nom, un visage, une histoire », qui prévoit la collecte de fonds privés pour enrichir ces notices, mais aussi la publication de documents originaux accompagnée de leur transcription. Les notices et leurs sources Les notices biographiques, qui portent actuellement sur les soldats morts au combat, mais qui pourront s’ouvrir par la suite à l’ensemble des militaires ayant participé au conflit, croisent essentiellement trois sources d’archives publiques : Le fichier des morts pour la France. Les registres matricules militaires. L’état civil des communes. La transcription…

Le site internet du Centenaire présenté par le directeur éditorial

En février, la Mission du Centenaire a ouvert un site internet, centenaire.org, consacré à la Grande Guerre hier et aujourd’hui : hier à travers les archives (écrites, figurées ou orales) et aujourd’hui à travers le tourisme de mémoire, les événements commémoratifs ou scientifiques, les fouilles archéologiques ou les photographies contemporaines par exemple.  C’est un « portail de ressources numériques » : il propose du contenu (sans viser l’exhaustivité mais plutôt dans le but de faire découvrir des documents ou des thèmes, de donner envie d’en savoir plus) et se présente aussi comme une porte d’entrée vers d’autres sites internet, notamment vers les institutions patrimoniales détentrices de fonds d’archives. Ce portail pédagogique et esthétique s’adresse à la fois au grand public et aux spécialistes. Les contenus sont encore limités mais il est appelé à s’enrichir très vite. Nous avons souhaité en savoir plus sur les objectifs de la Mission : Aurélien Brossé, directeur éditorial du site, a bien voulu répondre à nos questions et nous a ainsi présenté les perspectives pour les mois à venir. Nous l’en remercions, ainsi que Joseph Zimet, directeur général de la Mission. 1. Comment se fait la quête des « trésors d’archives » ? Dans le cadre des actions de la Mission du centenaire de la Première…

Numériser et mettre en ligne les registres matricules : l’exemple des Archives départementales de la Drôme

A l’heure où nombre de services d’archives départementales numérisent les registres matricules pour les mettre en ligne sur leurs sites Internet, le directeur des Archives départementales de la  Drôme, Benoît Charenton, a bien voulu nous présenter les motivations, les préparatifs et la mise en œuvre de ce type d’opération, qui contribue à la diffusion du patrimoine écrit conservé dans le réseau des archives publiques. *** Numériser les registres matricules, pour le conservateur qui en a la charge, c’est d’abord l’occasion de se replonger dans ces gros registres livrés chaque année, par porteur militaire, dans les archives départementales. Soixante-dix ans après avoir été ouverts, ils retournent dans leur département d’origine, porteurs de tous les « bons pour le service » d’une classe, soit l’ensemble des jeunes gens recensés au cours de leur vingtième année et déclarés aptes à remplir leurs obligations militaires. Leur reliure fatiguée cache des pages remplies de précieuses informations sur la carrière de nos aïeux sous les drapeaux, à des époques où le fait militaire exerçait sur les individus une emprise que l’on a peine à imaginer aujourd’hui. Arrivées à vingt ans au régiment, les recrues y effectuent un service actif de deux à cinq ans suivant les époques et…

Invitation à (re)découvrir In Flanders Fields Museum

Le musée In Flanders Fields d’Ypres en Belgique, consacré à la Première Guerre mondiale, a rouvert officiellement ses portes le 11 juin 2012. C’est l’occasion pour les visiteurs de découvrir un aspect de la guerre, méconnu en France mais non en Grande-Bretagne et dans l’ensemble des pays du Commonwealth : la guerre sur le front belge, de Nieuport en Belgique à Armentières en France. Dominiek Dendooven, collaborateur scientifique recherche au musée, a accepté de répondre à nos questions. Pourquoi avez-vous pris la décision de fermer le musée ? Il y a plusieurs raisons, à commencer par les aspects pratiques. Quand le musée a ouvert en avril 1998, il était théoriquement conçu pour accueillir 100 000 visiteurs par an. Mais nous n’avons jamais eu moins de 200 000 visiteurs par an, soit le double. Le musée était donc devenu trop petit pour accueillir confortablement le public. En outre, dans la perspective des commémorations du centenaire de 2014-2018, le gouvernement flamand a décidé d’investir des sommes considérables dans plusieurs projets touristiques et patrimoniaux liés à la Grande Guerre. Afin d’être prêt avant 2014, année au cours de laquelle nombre d’associations et d’institutions feront appel à notre expertise pour réaliser leurs projets, il…

Tour de France des matricules

Réservistes de 1870, Pierre Georges Jeanniot, 1882, Paris, Musée de l’Armée L’histoire de l’armée est inséparable de celle de la Nation, écrivait Paul-Marie de La Gorce dans La République et son armée. Les registres matricules en sont une illustration. Comment et pourquoi ont-ils été constitués et comment sont-ils conservés et valorisés aujourd’hui ? Les collections des registres matricules commencent à partir de 1867. Les lois sur le recrutement de l’armée, depuis la loi Niel de 1868 jusqu’à la loi de 1905, ont imposé progressivement le service militaire aux jeunes Français. Le recrutement dans les armées débute par un recensement des jeunes hommes de 20 ans (la classe) effectué chaque année par les maires. Ces hommes sont ensuite convoqués devant le conseil de révision au chef-lieu de canton, où ils sont déclarés aptes ou inaptes au service. Cette décision est inscrite sur les listes de recrutement cantonal de la subdivision. On peut en visionner sur le site internet des archives municipales de Saint-Denis. Enfin, les bureaux du recrutement, installés dans les subdivisions de région, convoquent les conscrits afin des les immatriculer et de les inscrire sur le registre matricule avant l’incorporation. Les civils deviennent alors des militaires. Un site internet, Le parcours…