Chtimis prisonniers de guerre : photos de groupes

Pendant la Première Guerre mondiale, les captures de soldats ont été massives. En 1918, près de 7 millions de militaires sont prisonniers en Europe, en Outre-Mer et en Amérique du Nord. Les prisonniers français ont formé l’un des plus gros contingents de ces infortunés, puisque plus de 600 000 soldats français ont été retenus en Allemagne principalement, mais aussi en Bulgarie et en Turquie. En France, ces hommes ont longtemps été suspectés de non combativité, voire de lâcheté. Pourtant, les conditions de vie dans les camps ont été très difficiles, notamment en raison des privations, du manque d’hygiène, des maladies, du travail obligatoire ou encore des punitions. Plusieurs milliers d’entre eux sont morts en captivité. La nécropole nationale de Sarrebourg, où domine « Le Géant enchaîné » du sculpteur et ancien prisonnier de guerre Frédy Stoll, rassemble les corps de plus de 13 200 soldats français décédés en captivité (les noms ici sur MémorialGenWeb). Les images concernant les prisonniers de guerre en captivité sont peu nombreuses. Elles sont rarement le fait des captifs et ont davantage servi la propagande des « geôliers ». Les cartes-photos ci-dessous en sont probablement un exemple. Une fois n’est pas coutume, ces photos contiennent des informations précieuses inscrites sur…

Who’s absent ?
Archives , Sources figurées / 21 avril 2013

Nous prenons quelques jours de vacances et cette fois nous l’annonçons par voie d’affichage. C’est l’occasion de mettre en valeur ce média. Des milliers d’affiches ont été diffusées pendant la Première Guerre mondiale. Tous les belligérants ont massivement utilisé ce mode de communication, principalement pour le recrutement militaire, les emprunts de guerre et la propagande. Pour en savoir plus sur les affiches dans la Grande Guerre, voici une sélection subjective de liens utiles. En France : L’Historial de la Grande Guerre propose une synthèse sur les affiches de 1914-1918. Les archives départementales de la Seine-et-Marne ont mis en ligne 404 affiches de la collection Taboureau. Le site de la mission du centenaire a consacré deux pages fort intéressantes aux affiches grâce à la collection privée de Pierre Grézard :  les enfants dans les affiches de la  Grande Guerre et les régions dans les affiches de la Grande Guerre. L’approche de L’histoire par l’image est originale avec cet article sur la permanence de l’imagerie de la Grande Guerre dans les affiches politiques. Les archives départementales des Bouches-du-Rhône proposent un dossier « La guerre 1914-1918 en affiches » avec des analyses de documents sur divers thèmes (la mobilisation économique ; le laboratoire, l’usine, la…

Wikipasdecalais engagé dans la Grande Guerre

Le temps de l’internaute, simple consommateur de documents d’archives en ligne, n’est plus, depuis que les internautes et les services patrimoniaux collaborent pour décrire le patrimoine, l’enrichir et le contextualiser, dans un esprit de partage. Divers projets illustrent cette évolution majeure depuis quelques années. Nous avons demandé à Ivan Pacheka, un des administrateurs de Wikipasdecalais, de nous présenter les projets du Wikipasdecalais concernant la Grande Guerre. *** L’encyclopédie collaborative en ligne du Pas-de-Calais, Wikipasdecalais, mène deux projets autour de la Grande Guerre qui mobilisent de manière complémentaire les sources d’archives publiques et privées : l’établissement de notices biographiques pour les quelques 35.000 victimes militaires du Pas-de-Calais, dont plus de 12.000 sont déjà en ligne ; et le projet intitulé « Un nom, un visage, une histoire », qui prévoit la collecte de fonds privés pour enrichir ces notices, mais aussi la publication de documents originaux accompagnée de leur transcription. Les notices et leurs sources Les notices biographiques, qui portent actuellement sur les soldats morts au combat, mais qui pourront s’ouvrir par la suite à l’ensemble des militaires ayant participé au conflit, croisent essentiellement trois sources d’archives publiques : Le fichier des morts pour la France. Les registres matricules militaires. L’état civil des communes. La transcription…

Les brigades russes dans les archives de la Guerre
Archives , Recherche / 24 mars 2013

Pendant la Première Guerre mondiale, quatre brigades russes sont intégrées dans l’armée française et combattent sur les fronts de l’Ouest et d’Orient. Cependant, après le déclenchement de la Révolution russe en 1917, ces soldats deviennent suspects aux yeux des Français, qui les retirent du front. Après la révolte et la répression du camp de La Courtine en septembre 1917, les contingents russes en France et à Salonique sont dispersés. Certains soldats continuent à se battre dans l’armée française (dans la division marocaine notamment) tandis que d’autres sont employés dans des compagnies de travailleurs à l’arrière ou en Afrique du Nord. De cette histoire, il reste encore de nombreuses traces qui sont présentées ci-dessous brièvement. Avant de commencer ses recherches au Service historique de la Défense, le chercheur doit s’approprier le plan de classement des archives de la Guerre. Les archives militaires sont classées par producteur au sein de séries chronologiques (1). La série N, qui couvre la IIIe République, reflète l’organisation politique de l’Etat et de l’armée : le ministre de la Guerre et son cabinet, les conseils supérieurs, l’état-major de l’armée, les archives des unités (armée, corps d’armée, division, brigade, régiment, etc). L’historien qui s’intéresse aux brigades russes en…

Le site internet du Centenaire présenté par le directeur éditorial

En février, la Mission du Centenaire a ouvert un site internet, centenaire.org, consacré à la Grande Guerre hier et aujourd’hui : hier à travers les archives (écrites, figurées ou orales) et aujourd’hui à travers le tourisme de mémoire, les événements commémoratifs ou scientifiques, les fouilles archéologiques ou les photographies contemporaines par exemple.  C’est un « portail de ressources numériques » : il propose du contenu (sans viser l’exhaustivité mais plutôt dans le but de faire découvrir des documents ou des thèmes, de donner envie d’en savoir plus) et se présente aussi comme une porte d’entrée vers d’autres sites internet, notamment vers les institutions patrimoniales détentrices de fonds d’archives. Ce portail pédagogique et esthétique s’adresse à la fois au grand public et aux spécialistes. Les contenus sont encore limités mais il est appelé à s’enrichir très vite. Nous avons souhaité en savoir plus sur les objectifs de la Mission : Aurélien Brossé, directeur éditorial du site, a bien voulu répondre à nos questions et nous a ainsi présenté les perspectives pour les mois à venir. Nous l’en remercions, ainsi que Joseph Zimet, directeur général de la Mission. 1. Comment se fait la quête des « trésors d’archives » ? Dans le cadre des actions de la Mission du centenaire de la Première…

Justice militaire : André Bach répond à nos questions
Archives , Recherche / 12 février 2013

Nous avons déjà évoqué sur ce blog les conseils de guerre des régions à travers l’exemple de Rennes (voir ici). La récente parution du livre du général André Bach, Justice militaire 1915-1916, nous permet d’approfondir notre connaissance de cette institution pendant la guerre. André Bach a été chef du Service historique de l’armée de terre. On lui doit notamment Fusillés pour l’exemple et L’armée de Dreyfus. Avec ce nouveau livre, l’auteur nous transporte au cœur de la machine judiciaire militaire française, dont il nous montre les évolutions pendant une partie de la guerre, y compris dans une dimension politico-militaire. Il soulève la question de la survie des institutions de la République, et plus largement du système démocratique, en temps de guerre. Justice militaire est un livre passionnant. On retrouvera l’interview qu’André Bach a accordé à Rémy Porte sur son blog Guerres et conflits. Pour notre blog, il a bien voulu répondre à quelques questions en lien avec les sources et partager sa conception du travail d’historien. ** L’informatique et internet ont transformé les méthodes de travail des historiens. Pouvez-vous nous en dire plus sur la base Access des condamnés à mort ? Peut-on envisager une mise en ligne de cet…

Le correspondant de guerre et le général
Archives / 5 février 2013

Document : Lettre de Ludovic Naudeau au général Gérald Pau (4 mars 1915). Origine : Fonds privé famille Pau. Les archives privées contribuent, au même titre que les archives publiques, à nourrir la recherche en histoire. Elles sont conservées tantôt par des personnes privées (familles, entreprises, associations, etc.) tantôt par des services d’archives publiques. Parmi ces archives privées, les archives personnelles, surtout celles qui ont été constituées par des personnalités historiques, tirent leur richesse de la diversité et de l’unicité des documents qu’elles recèlent. Ainsi des lettres inédites, des journaux intimes, des photographies, des films ou des objets apporteront souvent des éclairages nouveaux et permettront d’appréhender des réalités peu ou pas perceptibles dans les archives publiques comme l’histoire familiale, la vie quotidienne, les mœurs, les réseaux de sociabilité. Il reste encore beaucoup de ces documents dans les familles. Quand ils n’ont pas été vendus ou dispersés, on peut espérer en trouver en s’adressant aux descendants. Ces recherches, naguère difficiles et fastidieuses, sont aujourd’hui facilitées par internet. Je garde ainsi un excellent souvenir de ma rencontre et de mes échanges avec Jean Tannery alors que je préparais un article sur son père. Le document que je veux mettre en lumière aujourd’hui…

En 2013, on déroge !
Archives / 4 janvier 2013

2013 commence par une dérogation générale : l’année s’ouvre sous les meilleurs auspices pour les amateurs de 14-18 ! En effet, un arrêté du 20 décembre 2012 signé par la ministre de la Culture et le ministre de la Défense, institue une dérogation générale pour la consultation des registres matricules du recrutement militaire de la Première Guerre mondiale. La dérogation concerne plus précisément les registres des classes 1912 à 1921. Ces derniers n’étaient pas encore librement communicables, en application des délais prévus par le code du Patrimoine (art. L. 213-2) pour protéger le secret médical, à savoir 120 ans à compter de la date de naissance de l’intéressé (délai pouvant être rapporté à 25 ans à compter de la date du décès si la date de décès est connue). Les informations de nature médicale ne sont pas rares dans les matricules, ce qui amène les services d’archives à appliquer aux registres ce délai de 120 ans, qui est le plus long prévu par le code du Patrimoine. Seuls les registres matricules des classes antérieures à 1912 étaient donc librement communicables. La « dérog » court jusqu’à la classe 1921, afin de permettre d’éventuelles recherches sur de jeunes engagés volontaires, même si ces…

L’ECPAD nous emmène au Cameroun en 1917-1918
Archives , Sources figurées / 17 décembre 2012

Le « fonds Première Guerre mondiale » de l’Établissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense (ECPAD) comprend des images (près de 110 000 clichés et plus de 2 000 films) et des archives écrites (en particulier des notes manuscrites des opérateurs, des registres et des livres d’entrée tenus par les archivistes de la section photographique et cinématographique des armées). L’ECPAD conserve aussi des images provenant de dons privés (16 000 photos), souvent accompagnées d’une riche documentation (journaux intimes, dessins, etc.). Consultable au fort d’Ivry dans le Val-de-Marne, le « fonds Première Guerre mondiale » est en grande partie numérisé (95%). L’établissement permet aux internautes de découvrir régulièrement une partie de ce fonds sur son site internet. Depuis le 3 décembre, l’ECPAD propose ainsi un thema remarquable consacré au Cameroun de 1917 à 1918, qui se compose d’une galerie photos et d’un dossier documentaire. L’origine de ce fonds remonte à la Première Guerre mondiale. En février 1916, au terme d’une longue campagne, les alliés (Belges, Britanniques et Français) chassent les Allemands du Cameroun. Dans les mois qui suivent, les vainqueurs se partagent l’ancienne colonie allemande et c’est ainsi que les autorités militaires françaises dépêchent un opérateur photographique militaire chargé de « dresser un…

Mort pour la France le 7 octobre 1915
Archives , Généalogie / 21 octobre 2012

Je n’ai jamais connu mon arrière-grand-père. Jean Baptiste Bourlet est mort pour la France le 7 octobre 1915. Canonnier au 17e régiment d’artillerie de campagne, il avait embarqué à bord du vapeur Amiral Hamelin le 2 octobre 1915. Le cargo, emmené par un équipage de 48 hommes, appartenait à la compagnie de navigation française à vapeur les Chargeurs réunis. Il transportait 306 passagers militaires, 2 000 obus de gros calibre et 15 000 de 75 mm et 2 millions de cartouches. Il avait pour destination Salonique mais n’arriva jamais dans le port grec : le 7 octobre 1915 à l’aube, il fut canonné et torpillé par l’U33, un sous-marin allemand battant pavillon austro-hongrois, au large de Cythère à environ 400 kilomètres des côtes. Mon arrière-grand-mère et ses fils, restés en pays envahis, n’apprirent la mort de Jean Baptiste qu’une fois la guerre terminée. Comme ce fut le cas pour des millions de familles françaises, sa disparition allait bouleverser l’histoire de ma famille et notamment la vie de mon grand-père qui, orphelin de père dès l’âge de cinq ans, devenait l’homme de la famille. J’ai bien connu mon grand-père, mais jamais je n’ai abordé l’histoire de son père avec lui. Mon…