Publié aux éditions A l’ombre des mots, le dernier livre de l’historien Yann Lagadec consacré aux monuments aux morts des Côtes d’Armor de 1914 à aujourd’hui est original à plus d’un titre. Certes, on y trouve les développements attendus sur les financements, l’édification ou encore la forme des monuments. Mais en exploitant des sources plurielles, il va plus loin et offre une vision très large de l’hommage aux combattants. Il étudie les divers monuments, communaux, paroissiaux ou professionnels, et leur usage mémoriel de 1914 à aujourd’hui. Pour en savoir plus, je lui ai posé quelques questions. 1/ Pourquoi avez-vous écrit ce livre ? Trois éléments m’y ont poussé en fait. C’est tout d’abord un sujet sur lequel je m’étais déjà penché, au milieu des années 1990, lorsque j’enseignais au collège de Plémet : j’avais alors proposé à mes élèves de 3e de travailler sur les monuments de leur commune et j’avais ainsi pu mesurer tout l’intérêt de ces monuments, toute leur diversité. Cela avait été aussi l’occasion d’un premier contact avec une historiographie devenue classique depuis, notamment les travaux d’Antoine Prost, et d’une première mais très modeste publication. Le second élément est lié à l’encadrement d’étudiants de Licence professionnelle Tourisme…
Les grandes batailles de la Première Guerre mondiale sur le front de l’Ouest ont en commun d’avoir des bornes chronologiques indéterminées, des limites géographiques floues, jusqu’à plusieurs appellations pour une même bataille. Au début de l’année 1918 et contrairement à l’Yser, l’Oise, l’Aisne ou la Somme, la Marne, obstacle naturel pour un envahisseur venant du nord, a été le théâtre d’une seule grande bataille en septembre 1914. Depuis, pour l’opinion publique française, travaillée par la propagande, la bataille de la Marne s’est muée en un miracle, une bataille mythique et unique. Inconnue des Européens et peu connue des Français, cette rivière de 525 km entre dans l’histoire de la France et de l’Europe en 1914. En juillet 1918, la Marne a de nouveau rendez-vous avec l’histoire….. Avec quatre années d’écart, ces deux batailles sauvent le camp des Alliés. Pourtant, après la guerre, le succès de 1914 éclipse celui de 1918 dans la mémoire collective française. Si les deux batailles se distinguent sur de nombreux points, il faut néanmoins, comme l’écrit François Cochet, « penser la seconde bataille de la Marne en résonance avec celle de 1914 ». Deux tournants de la guerre aux conséquences différentes. La seconde bataille de la…
Nous avons reçu le dernier hors-série histoire du Courrier international conçu, en partenariat avec RFI. Intitulé 14-18. La Guerre des autres, ce numéro propose une approche mondiale de la Grande Guerre (voir ici le sommaire) à travers la presse de 70 pays. Les traductions des articles sont complétées par des biographies, des références bibliographiques et cinématographiques. Pour en savoir plus sur l’élaboration de cette livraison, nous avons posé quelques questions à Raymond Clarinard, rédacteur en chef, et à Mélanie Liffschitz, coordinatrice éditoriale. 1) Comment avez-vous sélectionné les articles ? Raymond Clarinard : Ce projet de hors-série spécial consacré à la Grande Guerre remonte à près d’un an. Quand nous avons obtenu le feu vert de la direction, nous avons “mobilisé” la rédaction de “Courrier International”, afin que chacun se plonge dans la presse du pays ou de la zone dont il ou elle est responsable pour y trouver tout article se rapportant de près ou de loin tant à la guerre elle-même qu’au souvenir qu’elle a laissé, ou encore aux commémorations prévues d’un pays à l’autre. L’idée était de donner la parole à ceux qui sont d’ordinaire délaissés par les travaux de ce genre, lesquels se concentrent le plus souvent…
Voilà quelques jours, à l’occasion d’une visite à la bibliothèque de quartier, mon regard a été attiré par le dernier numéro d’Astrapi : deux poilus dans une tranchée figuraient sur la première de couverture… Ce bimensuel français destiné à la jeunesse consacre quelques pages à la Première Guerre mondiale, sous la forme d’une bande dessinée intitulée « Le journal de Louis soldat de 1914-1918 ». Louis Delmas est un Français mobilisé en août 1914, qui participe à la Première Guerre mondiale du début jusqu’à la fin et qui relate son expérience de la guerre. Les contenus sont pédagogiques et la vision n’est pas manichéenne, ce qui mérite d’être souligné. On retrouve les thèmes de l’ennui (« La vie dans les tranchées, c’est attendre »), de la camaraderie, de l’expérience des combats, des relations des combattants avec l’arrière, des blessures de guerre et du retour difficile dans les foyers des soldats après la guerre. J’ai contacté Bruno Muscat, chef de rubrique à la revue Astrapi et auteur de ce dossier, illustré par le dessinateur Alexandre Franc. Ils ont été conseillés par Jean-Pierre Verney. Louis Delmas est un personnage de fiction, mais son histoire est inspirée de récits de combattants, parmi lesquels ceux de Louis Barthas…
Londres n’a pas connu les destructions des villes du front. Tout au plus la ville a-t-elle été victime de plusieurs raids aériens allemands, qui ont occasionné la mort de plusieurs centaines de personnes. Pourtant, la Grande Guerre est partout à Londres. Cette forte empreinte montre combien le conflit a marqué la conscience collective des Britanniques. Ainsi, les nombreux monuments et les magnifiques collections de certains musées londoniens ont de quoi satisfaire les passionnés de la Grande Guerre. En voici une sélection. Plusieurs musées consacrent une partie de leurs collections à la Première Guerre mondiale. Le plus connu est évidemment l’Imperial War Museum, qui ne concerne pas uniquement la Grande Guerre. Les expositions de divers matériels (tanks, avions, canons, uniformes, etc.) et les nombreux documents (films, photographies, archives, témoignages de vétérans) méritent le détour. Une tranchée est reconstituée : elles éveillera les sens ! Beaucoup moins connus sont le National Army Museum, le Guard’s Museum et le Royal Air Force Museum. Enfin, un thème « War and Memory » dans la partie 1900-1960 de la Tate Britain revient sur la Première Guerre mondiale dans l’art britannique au travers notamment des œuvres du peintre Richard Nevinson (1889-1946), du sculpteur Charles Sargeant Jagger (1885-1934) ou…
En février, la Mission du Centenaire a ouvert un site internet, centenaire.org, consacré à la Grande Guerre hier et aujourd’hui : hier à travers les archives (écrites, figurées ou orales) et aujourd’hui à travers le tourisme de mémoire, les événements commémoratifs ou scientifiques, les fouilles archéologiques ou les photographies contemporaines par exemple. C’est un « portail de ressources numériques » : il propose du contenu (sans viser l’exhaustivité mais plutôt dans le but de faire découvrir des documents ou des thèmes, de donner envie d’en savoir plus) et se présente aussi comme une porte d’entrée vers d’autres sites internet, notamment vers les institutions patrimoniales détentrices de fonds d’archives. Ce portail pédagogique et esthétique s’adresse à la fois au grand public et aux spécialistes. Les contenus sont encore limités mais il est appelé à s’enrichir très vite. Nous avons souhaité en savoir plus sur les objectifs de la Mission : Aurélien Brossé, directeur éditorial du site, a bien voulu répondre à nos questions et nous a ainsi présenté les perspectives pour les mois à venir. Nous l’en remercions, ainsi que Joseph Zimet, directeur général de la Mission. 1. Comment se fait la quête des « trésors d’archives » ? Dans le cadre des actions de la Mission du centenaire de la Première…
A l’occasion des cérémonies du 11 novembre 2012, l’Institut français du Congo et le lycée français Saint-Exupéry de Brazzaville ont organisé les premières rencontres Images et histoire à Brazzaville. L’Afrique dans les tranchées est le thème retenu par les organisateurs, Louis Estienne, Soukeye Estienne, Christophe Jegat et Gonzague Batteux, proviseur du lycée. Ce premier festival s’inscrit dans une perspective plus large. Il est la suite logique d’un cycle Cinéma et histoire organisé deux fois par mois dans la capitale congolaise depuis 2011 sous la forme d’une projection cinématographique suivie d’une conférence. Il préfigure aussi les manifestations qui accompagneront les commémorations du centenaire de la Première Guerre mondiale en Afrique équatoriale. Ainsi, du 11 au 16 novembre, des chercheurs et universitaires congolais et français ainsi que des professeurs du secondaire ont participé à un colloque original ouvert au grand public (le programme se trouve ici). Les matinées de la semaine ont été consacrées à des interventions thématiques destinées aux élèves du lycée français Saint-Exupéry de Brazzaville et de quelques établissements congolais de Brazzaville (parmi lesquelles l’École militaire préparatoire Général Leclerc). Ainsi, Jean-Yves Le Naour est intervenu sur l’expérience combattante tandis qu’Annette Becker a évoqué Apollinaire, un écrivain du front. Le 16…
Les manifestations de novembre autour de la Grande Guerre nous ont tenus éloignés de ce blog depuis quelques semaines. Il est plus que temps de donner la réponse à l’énigme du 11 novembre. Nous vous proposions de retrouver la date d’une photographie extraite de Gallica, représentant une cérémonie du 11 novembre. Comme certains nous l’ont écrit, il s’agit du cénotaphe dressé sous l’Arc de Triomphe à l’occasion des fêtes de l’armistice le 11 novembre 1934. En effet, on distingue nettement en arrière-plan un immense blason au milieu de l’arche : l’aigle bicéphale de la dynastie des Karađorđević [Karageorgévic], qui reprend l’aigle traditionnel de l’ancienne dynastie serbe des Nemanjic. A travers ce symbole, la France apporte son soutien au royaume de Yougoslavie, après l’assassinat du roi Alexandre Ier (1888-1934) par des terroristes croates à Marseille, au cours d’une visite officielle en France. L’attentat a aussi coûté la vie au ministre français des Affaires étrangères, Louis Barthou, venu accueillir le souverain yougoslave à son arrivée dans la cité phocéenne.
Dans moins d’une semaine, nous célèbrerons le 94e anniversaire de l’armistice du 11 novembre 1918. Signé à 5 heures 10 du matin dans la clairière de Rethondes et prenant effet à 11 heures, l’armistice était conclu pour 36 jours renouvelables. En effet, si un armistice suspend les hostilités, il ne met pas fin officiellement à la guerre. Cependant, dans les faits, la guerre était terminée. En France, la date du 11 novembre a été retenue, non sans difficultés, pour commémorer la victoire dans un premier temps. Mais dès le début des années 1920, c’est la fin de la guerre que les Français célèbrent à l’occasion du 11 novembre, devenu fête nationale (donc férié et chômé). La photographie ci-dessous représente une de ces commémorations du 11 novembre. Nous vous proposons de deviner de quelle année il s’agit. A vos commentaires…
A l’heure des universités d’été, les archivistes du monde entier avaient les yeux tournés vers Brisbane, en Australie, où s’est tenu le Congrès international 2012 du Conseil international des archives, du 20 au 24 août. A cette occasion, Jean-Baptiste Auzel, conservateur en chef aux Archives de France, a donné une communication sur « les Archives de France et la commémoration du premier conflit mondial », consultable sur le site Internet ICA 2012. Il y a présenté cinq grands axes : 1 – la numérisation et la mise en ligne des registres matricules des soldats : 8 millions de fiches matricules au total…, qu’une dérogation générale devrait bientôt rendre librement communicables et dont la CNIL pourrait autoriser la mise en ligne ; s’il est possible d’ajouter une indexation à la numérisation, l’accès se ferait via un moteur de recherche national (sur tous ces aspects juridiques, techniques et financiers, la communication est très complète). 2 – un guide de recherche dans les sources archivistiques : le guide de recherche national, thématique, ne vise pas l’exhaustivité, et devrait être complémentaire des guides déjà publiés ou en cours d’élaboration dans les services d’archives notamment dans les Archives départementales ; ce guide national devrait être publié en…