Pendant la Première Guerre mondiale, 1008 individus (militaires et civils, français et étrangers) ont été condamnés à la peine capitale par la justice militaire, au front ou à l’arrière, pour désobéissance militaire, affaires d’espionnage ou de droit commun. Les archives des conseils de guerre conservées au Service historique de la Défense à Vincennes ont été numérisées et récemment mises en ligne sur le site internet Mémoire des hommes, en réponse à la demande formulée par le Président de la République lors du lancement des commémorations du centenaire de la Première Guerre mondiale en novembre 2013. Dans cet ensemble sériel, ce sont des situations très diverses et souvent émouvantes que le curieux et le chercheur peuvent désormais facilement découvrir page après page. Pour en savoir plus sur cette opération, nous avons interrogé Agnès Chablat-Beylot, conservateur en chef du patrimoine, responsable du département des archives définitives du Centre historique des archives du SHD. D’où viennent ces dossiers de fusillés ? Les « dossiers de fusillés », mis en ligne à partir du 6 novembre 2014 sur le site Mémoire des hommes sont les minutes de jugement et les dossiers de procédure des conseils de guerre qui les ont condamnés à mort. Ces archives sont…
Nous avons déjà évoqué sur ce blog les conseils de guerre des régions à travers l’exemple de Rennes (voir ici). La récente parution du livre du général André Bach, Justice militaire 1915-1916, nous permet d’approfondir notre connaissance de cette institution pendant la guerre. André Bach a été chef du Service historique de l’armée de terre. On lui doit notamment Fusillés pour l’exemple et L’armée de Dreyfus. Avec ce nouveau livre, l’auteur nous transporte au cœur de la machine judiciaire militaire française, dont il nous montre les évolutions pendant une partie de la guerre, y compris dans une dimension politico-militaire. Il soulève la question de la survie des institutions de la République, et plus largement du système démocratique, en temps de guerre. Justice militaire est un livre passionnant. On retrouvera l’interview qu’André Bach a accordé à Rémy Porte sur son blog Guerres et conflits. Pour notre blog, il a bien voulu répondre à quelques questions en lien avec les sources et partager sa conception du travail d’historien. ** L’informatique et internet ont transformé les méthodes de travail des historiens. Pouvez-vous nous en dire plus sur la base Access des condamnés à mort ? Peut-on envisager une mise en ligne de cet…
Cliquer sur le document pour agrandir. Document : Dossier de procédure de Jean-Louis Lannezval, 136e régiment d’infanterie, traduit devant le conseil de guerre permanent de la 10e région (septembre 1914). Origine : Archives départementales d’Ille-et-Vilaine, 11 R 795. A l’occasion de mes récentes recherches dans les dossiers du conseil de guerre de Rennes, je vous invite à découvrir ces sources et quelques axes de recherche qu’elles offrent au chercheur. Avant le conflit, la justice dans les armées est exercée par le conseil de guerre. Chaque région militaire dispose d’un tribunal. Les hommes déférés devant les conseils de guerre sont des soldats, des sous-officiers et des officiers appartenant à l’armée active (engagés et appelés) jugés pour des crimes et des délits attestés par le code de justice militaire de 1857. Celui-ci est complété en 1875 par une loi sur le fonctionnement en temps de guerre. Les condamnés sont écroués dans des lieux de détention militaires (les fameuses prisons militaires) et ils réintègrent l’armée à l’expiration de leur peine. A partir d’août 1914, cette organisation connaît quelques évolutions. Dans la zone de l’intérieur (les régions), les tribunaux militaires sont maintenus. Dans la zone des armées, toutes les grandes unités (de la division à…