« Dans un rapport en date du 23 août écoulé, j’ai annoncé l’arrivée dans notre port de six barques de pêche belges venant de Calais (…). Cette pêche ne saurait être mal accueillie, en ce moment, par nos populations et, pourtant, quelqu’un qui connaît les susceptibilités de nos cancalaises, dont les maris sont à la guerre, me disait que les belges feraient bien de ne pas présenter trop souvent leurs produits à Cancale ». Extrait du rapport du commissaire spécial de la police des chemins de fer de l’Etat et des ports au ministre de l’Intérieur, le 27 septembre 1915. En avril 2016, les Archives nationales ont mis en ligne les rapports des préfets et des commissaires spéciaux de 1914 à 1919, après les avoir été restaurés et numérisés. Nous n’avions pas encore pris le temps de signaler cette nouvelle ressource, pourtant très intéressante. Un instrument de recherche, accessible via la salle des inventaires virtuelle des AN, facilite les recherches et la consultation des documents numérisés. Une fiche introductive explique la composition et l’intérêt des deux ensembles documentaires : les rapports divers émanant principalement des préfets et des commissaires spéciaux, couvrant l’ensemble du confit et la quasi-totalité des départements (F/7/12936) les rapports des…
Les 12, 13 et 14 septembre se tiendra un colloque international consacré à l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne dans la Grande Guerre : patrimoine, commémoration, transmission. Fruit d’un partenariat entre les Archives nationales, l’université Paris I, l’UMR Sorbonne-SIRICE, l’Institut des mondes africains, l’Institut de recherche sur le Maghreb contemporain, le Musée de la Grande Guerre à Meaux et l’Ossuaire de Douaumont, cette manifestation s’inscrit dans la continuité des sessions tenues à Rabat en novembre 2014 (Le Maghreb et l’Afrique subsaharienne dans la Grande guerre 1914-1918) et Tunis en mai 2015 (La mobilisation au Maghreb et en Afrique subsaharienne dans la Grande Guerre). La construction de la mémoire de la mobilisation des troupes d’Afrique et de l’implication du Maghreb actuel et de l’Afrique subsaharienne dans la guerre 1914-1918 est ici étudiée à travers le champ patrimonial (archives, musées, lieux de mémoire), de l’après-guerre à nos jours. Le 12 septembre, les Archives nationales accueillent la journée inaugurale sur le thème de « Faire mémoire ». Le lendemain, au musée de la Grande Guerre du Pays de Meaux, les débats porteront sur la transmission. Enfin, le dernier jour sera consacré à la question de la commémoration à l’ossuaire de Douaumont. Ce colloque s’annonce prometteur…
Récemment, les Archives nationales ont mis en ligne un nouvel instrument de recherche concernant l’état civil des régiments, hôpitaux militaires et ambulances de la Première Guerre mondiale. C’est l’occasion pour nous d’évoquer cette source méconnue. Ci-contre : acte de décès du lieutenant Charles Péguy [Archives nationales] ** L’état civil dans les armées Très tôt, la loi a prévu que des officiers d’état civil spéciaux puissent remplir les missions d’état civil habituellement dévolues aux maires pour les militaires se trouvant en France et hors de France, en temps de guerre ou dans certaines circonstances analogues au temps de guerre (état de siège par exemple). Ainsi, à partir de la fin du XVIIIe siècle, les armées assurent la tenue de l’état civil, c’est-à-dire les actes de naissance, mariage et décès ainsi que la légitimation, la reconnaissance, l’adoption, le divorce, l’interdiction, l’émancipation, la déclaration d’absence et la disparition. Ces archives sont aujourd’hui conservées au Service historique de la Défense dans les sous-séries Xz (état-civil de 1793 à 1900) et Ya (hôpitaux militaires et état civil). La tenue des registres d’état civil Dès la déclaration de la guerre en 1914, les dispositions du temps de paix s’appliquent. Elles prévoient que les actes d’état civil…
Les Archives Nationales (Wikimedia Commons) Dans le cadre de l’exposition « Août 1914. Tous en guerre ! » (ouverte au public jusqu’au 22 janvier 2015), un cycle d’initiation à la recherche archivistique autour des sources sur la Grande Guerre des Archives nationales est organisé sur le site de Pierrefitte des Archives nationales. Cinq séances (de 1 heure 30 à 2 heures chacune) sont prévues du 26 novembre 2014 au 26 janvier 2015. Elles seront conduites par les responsables scientifiques des fonds d’archives. Elles sont libres d’accès et ouvertes à tous types de publics intéressés par la généalogie ou la recherche historique (lecteurs, visiteurs, généalogistes, enseignants-chercheurs….). Ce cycle de conférences pratiques est destiné à faire connaître les ressources propres des Archives nationales sur l’histoire de la Grande Guerre et le travail scientifique mené sur les fonds. La session liminaire, consacrée à une présentation générale des fonds, servira de cadre pour tout le cycle. Les sessions suivantes, plus sélectives, prennent la forme d’interventions très courtes et concrètes autour d’une thématique. Les responsables scientifiques des fonds, en une intervention de 15 à 20 minutes, présentent la structure et les grandes composantes d’un fonds, son intérêt, exposent les modalités d’accès aux documents, les actualités de traitement…
L’exposition Août 1914. Tous en guerre ! ouvre ses portes aux Archives nationales à Pierrefite-sur-Seine le 19 septembre 2014. Isabelle Chave, conservatrice en chef aux Archives nationales et commissaire de l’exposition a accepté de répondre à nos questions. En préambule, pouvez-vous nous présenter l’exposition ? Comme l’indique son titre, l’exposition des Archives nationales porte sur l’entrée en guerre, sur une période de 36 jours exactement, allant de la mobilisation, le 2 août 1914, à la première bataille de la Marne. Son originalité est, avec l’arrière-plan militaire que l’on connaît, de mettre l’accent sur l’histoire sociale, administrative, économique, financière, industrielle et culturelle de cette période, en donnant la priorité à l’évocation des Français de l’arrière, à l’administration de leur vie quotidienne. Par cette exclamation, « Tous en guerre ! », il s’agit d’inviter à sortir le sujet du seul exposé de la mobilisation militaire et de l’élargir à la « mobilisation civile », pour reprendre l’expression utilisée par Olivier Bascou, préfet de la Gironde en août 1914, dans son livre de souvenirs, ou encore à la mobilisation administrative, à la mobilisation industrielle, entre autres… Pour en montrer l’ampleur et l’ambition, il fallait par ailleurs appliquer cette approche à une aire géographique…