« Dans un rapport en date du 23 août écoulé, j’ai annoncé l’arrivée dans notre port de six barques de pêche belges venant de Calais (…). Cette pêche ne saurait être mal accueillie, en ce moment, par nos populations et, pourtant, quelqu’un qui connaît les susceptibilités de nos cancalaises, dont les maris sont à la guerre, me disait que les belges feraient bien de ne pas présenter trop souvent leurs produits à Cancale ».
En avril 2016, les Archives nationales ont mis en ligne les rapports des préfets et des commissaires spéciaux de 1914 à 1919, après les avoir été restaurés et numérisés. Nous n’avions pas encore pris le temps de signaler cette nouvelle ressource, pourtant très intéressante. Un instrument de recherche, accessible via la salle des inventaires virtuelle des AN, facilite les recherches et la consultation des documents numérisés. Une fiche introductive explique la composition et l’intérêt des deux ensembles documentaires :
- les rapports divers émanant principalement des préfets et des commissaires spéciaux, couvrant l’ensemble du confit et la quasi-totalité des départements (F/7/12936)
- les rapports des préfets formalisés, quotidiens ou bi-quotidiens, concernant les premiers mois du conflit (août-septembre principalement), accompagnés parfois de pièces jointes (F/7/12937 à F/7/12939).
Les documents sont classés par département. Les Archives nationales ont choisi de respecter le mode de classement originel des dossiers : les pièces contenues dans les dossiers sont présentées de la plus récente à la plus ancienne.
La circulaire du 25 juillet 1911 du président du Conseil et ministre de l’Intérieur et des cultes Joseph Caillaux a dispensé les préfets de l’obligation de rédiger des rapports de synthèse mensuels : ils doivent désormais envoyer au ministère de l’Intérieur, chaque fois que la circonstance l’exige, un rapport spécial « sur chaque événement qui pourrait présenter un réel caractère d’intérêt pour la gouvernement ». D’autres rapports répondent à des demandes formulées dans des circulaires. Cependant, les rapports bi-quotidiens sont rédigés en vertu d’une instruction du 2 août 1914 adressée sous forme de télégramme à tous les préfets et sous-préfets de France, au moment où le mode de fonctionnement de l’administration pendant la guerre se met en place.
Utiles pour l’histoire de la vie quotidienne des Français pendant la guerre, ces rapports décrivent la mobilisation, l’organisation de l’administration civile pendant la guerre, les mesures d’ordre public comme les restrictions de la circulation routière ou l’interdiction de vente de l’absinthe. Ils permettent de mieux comprendre l’état d’esprit de la population et voir comment celui-ci évolue pendant la guerre. Il existe évidemment une grande disparité entre les rapports émanant des départements près de front et ceux situés à l’arrière.
Le pendant local de ces rapports adressés à la direction de la Sûreté du ministère de l’Intérieur a pu être conservé dans les Archives départementales, mais la situation est variable d’un département à l’autre. Ainsi, les Archives départementales d’Ille-et-Vilaine ne conservent pas de collection de rapports des préfets Lucien Saint, de 1909 à 1914, puis Hippolyte Juillard, de 1915 à 1920, ni du commissaire spécial des chemins de fer et du port de Saint-Malo (Voir le chapitre « fonctionnement des administrations » sur le site Histoire à la Source). Les 43 documents mis en ligne par les Archives nationales sont d’autant plus intéressants à connaître.
Rapports de préfets et de commissaires spéciaux des départements du Loir-et-Cher, d’Ille-et-Vilaine, du Var, du Pas-de-Calais, de l’Ain et du Morbihan (pour lire, clic droit puis afficher image).
Pour en savoir plus :
Se référer à la bibliographie et à l’état des sources complémentaires présentés en tête de l’instrument de recherche.
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