En ce 11 novembre, nous proposons de nous intéresser aux disparus : comment s’est organisée la recherche des disparus pendant le conflit ? comment aujourd’hui mener des recherches sur les disparus ? Cet article est le résultat d’un échange avec Jean-Michel Gilot, l’animateur du projet collaboratif « 1 Jour – 1 Poilu ». Il m’a fait découvrir une source méconnue, à savoir La Recherche des disparus, journal de l’association française pour la recherche des disparus, paru entre 1915 et 1917. Il a imaginé un nouveau défi collaboratif consistant à proposer aux internautes d’indexer et d’identifier les disparus figurant dans les colonnes de ce journal. De mon côté, je me suis attaché à en savoir plus sur cette source et sur son contexte de parution. ** Plusieurs milliers d’Européens, militaires et civils, ont disparu pendant la Première Guerre mondiale. Les combats, les évacuations et les déportations sont les principales causes de ces disparitions. Près de 700 000 soldats sont encore ensevelis sous les anciens champs de bataille, parmi lesquels 250 000 Français (sur ce sujet, on peut voir le webdocumentaire « 700 000 », réalisé par Olivier Lassu à partir de fouilles archéologiques). Régulièrement, des corps sont exhumés à l’occasion de travaux effectués sur l’ancienne ligne de…
Pour la troisième fois en moins d’un an, j’écris la biographie d’un ancêtre mort pour la France pendant la Première Guerre mondiale. Léon Bourlet est le frère cadet de mon arrière-grand-père, Resté dans les « pays envahis » lors de l’invasion d’août 1914, il choisit de rejoindre la France non occupée. ** Léon Bourlet est né à Saulzoir (Nord) le 1er avril 1892. Quand j’ai entamé les premières recherches à son sujet, je me suis aperçu que Léon avait épousé Henriette Gabelle en septembre 1911, sœur de mon arrière-grand-mère. Ainsi les deux frères étaient mariés aux deux sœurs ! Léon est ouvrier quand il est incorporé au 127e régiment d’infanterie de Valenciennes le 10 octobre 1913. Toutefois, il est réformé par la commission de réforme de Valenciennes pour otite chronique et perforation du tympan le 10 juillet 1914. Ainsi, à la déclaration de guerre, il n’est pas rappelé sous les drapeaux. A partir du 25 août 1914, Saulzoir est occupé par l’armée allemande. Il est pris au piège derrière la ligne de front. Évadé des pays envahis Néanmoins, et bien que réformé, il décide de rejoindre la France non occupée. Mon grand-père, alors âgé de 5 ans, se souvenait de son oncle…
Jules Berquet n’a laissé aucune lettre, aucun journal de guerre, aucun objet. Le temps a effacé le souvenir de cet homme puisque tous ceux qui l’ont connu sont maintenant disparus. La photographie ci-contre, transmise par ma grand-mère, constitue la dernière trace de cette vie engloutie au cours des premières semaines de guerre. Une rapide enquête, à partir d’éléments dispersés, m’a néanmoins permis de recomposer, en pointillés, la vie de ce soldat disparu le 31 août 1914. Né à Saulzoir (Nord) le 5 octobre 1888, il est le fils de Jules Joseph Louis et de Zélie Julienne Desfossez, Il est le cadet d’une famille modeste de huit enfants. Jules Berquet est aussi le frère de ma grand-mère paternelle, vingt ans plus jeune que lui. Avant l’armée, Jules Berquet est employé en qualité de chauffeur. Appartenant à la classe 1908, il est incorporé au 45e régiment d’infanterie dont les unités sont stationnées à Laon, Hirson et Sissonne le 8 octobre 1909. Au terme de deux années de service militaire actif obligatoire, il passe dans la disponibilité de l’armée active le 24 septembre 1911. Il rentre à Saulzoir, où il épouse Zélie Renaut, avec laquelle il a un enfant. Des années d’avant-guerre, seules…