Cette lithographie en couleur datée de septembre 1919, disponible sur le site de la Library of Congress, est très instructive. D’une part, elle donne la liste de toutes les grandes unités qui ont appartenu à l’American Expeditionary Force (AEF) de 1917 à 1919 : trois armées (numérotées 1 à 3), neuf corps d’armée (1 à 9) et 53 divisions d’infanterie (de 1 à 20, de 26 à 42, de 74 à 94 et de 96 à 97). Ces unités ont été projetées principalement en France mais aussi en Grande-Bretagne, en Italie, en Belgique et en Allemagne. D’autre part, chaque grande unité est représentée par son shoulder sleeve insignia (SSI), littéralement l’insigne de manche d’épaule (SSI), un patch brodé typique de l’US Army. Les patchs des unités de l’AEF ont été créés à la fin de la Première Guerre mondiale. Celui de la 1st infantry division est le plus connu (un grand 1 rouge qui a donné son surnom à la division : The Big Red One). La plupart de ces patchs existent toujours, tandis que d’autres ont été modifiés pour des raisons historiques et militaires. J’ai passé en revue ces SSI afin de mesurer l’impact de la Grande Guerre sur la création…
C’est la première fois que je vois une authentique barbe de « poilu ». Vieille de près d’une siècle, elle est toujours pieusement conservée dans sa boîte d’origine par la fille d’un soldat de la Grande Guerre. Voilà un beau sujet d’article à la veille des vacances de Noël : la barbe du poilu Louis Lecarpentier. Le barbu… Louis Marie Auguste Lecarpentier est né à Tourlaville (Manche) le 1er août 1889. Cultivateur, il est incorporé le 4 octobre 1910 au 2e régiment d’artillerie à pied, au sein duquel il est promu 2e canonnier servant maître pointeur en septembre 1911. Envoyé dans la disponibilité en septembre 1912, il reprend ses activités dans la ferme familiale des environs de Cherbourg (voir la fiche matricule de Louis Lecarpentier aux archives départementales de la Manche). Le 1er août 1914, il est rappelé à l’activité et rejoint le 3e régiment d’artillerie à pied à Cherbourg le 3 août 1914. Les unités d’artillerie à pied ont connu une évolution très complexe depuis le XIXe siècle. Retenons qu’elles sont principalement composées d’artillerie de forteresse et de batteries côtières et terrestres. Le régiment est créé en mars 1910 à partir d’éléments provenant d’un bataillon d’artillerie à pied. Louis Lecarpentier appartient…
Il y a un siècle, en septembre 1915, les soldats français percevaient les premiers casques Adrian avant de partir à l’assaut du front de Champagne (offensives de l’automne 1915). Depuis, le casque du poilu est devenu le symbole français de la Première Guerre mondiale. Pour preuve, il figure sur presque tous les monuments français commémorant la Grande Guerre. Aujourd’hui, je saisis l’occasion de ce centenaire pour présenter mon casque Adrian. Le casque Adrian Proposé par le sous-intendant Louis Adrian et adopté par le grand quartier général en avril 1915, le casque est commandé à des milliers d’exemplaires dès juin 1915. Sa fabrication est confiée aux établissements Japy ainsi qu’à d’autres industriels spécialisés dans la ferblanterie. Cette diversité des fabricants explique quelques différences dans certaines pièces du casque (cimier pointu ou cimier arrondi, insigne d’arme différent, etc). Compliqué à fabriquer et fragile, ce casque a néanmoins été une réussite. Il n’est pas révolutionnaire au combat, mais il apporte une sécurité supplémentaire pour celui qui le porte : il le protège des pierres et autres débris projetés sur le champ de bataille et peut dévier certains projectiles. A la fin de la guerre, ce casque, fabriqué à plus de 20 millions d’exemplaires,…
Drapeau du 201e régiment d’infanterie, modèle 1880 (02527;Ba 701), Paris, Musée de l’Armée (photo musée de l’Armée). Curieux de savoir ce que sont devenus les drapeaux et les étendards des régiments français de la Grande Guerre, nous nous sommes adressés au Département contemporain du Musée de l’Armée, qui a bien voulu répondre à nos questions à ce sujet. ** Quelles sont les différentes parties d’un drapeau et d’un étendard ? En 1914, les drapeaux régimentaires de l’armée française sont confectionnés selon le modèle réglementaire établi en 1880. Celui-ci fait suite à la décision du ministère de la Guerre en date de juin 1878 de remplacer la totalité des emblèmes. Le 14 juillet 1880, le président de la République Jules Grévy remet les nouveaux drapeaux lors d’une cérémonie à l’hippodrome de Longchamp, une scène immortalisée par le peintre Edouard Detaille. Ainsi, les troupes à pied reçoivent des drapeaux ; les troupes montées (la cavalerie, l’artillerie et le train des équipages) reçoivent des étendards, c’est-à-dire des emblèmes aux dimensions réduites, limitant la prise au vent et donc adaptés aux contraintes spécifiques du déplacement de ces troupes. Le modèle 1880, également dénommé « modèle IIIe République », se compose d’un tablier de soie bleu-blanc-rouge en…
En 2012, nous avions évoqué ici même l’initiative intéressante lancée par une équipe d’enseignants du lycée Mermoz de Vire. En juillet 2014, Eric Allart est retourné en Macédoine pour effectuer une nouvelle prospection inventaire dans la boucle de la Cerna. Il a bien voulu nous en présenter les grandes lignes. *** Dans le prolongement du travail effectué en avril 2010 et avril 2012, nous avons effectué une prospection inventaire dans la boucle de la Cerna du 15 au 21 juillet 2014, au sud de la République de Macédoine. Le voyage a été aussi l’occasion de rencontrer l’attaché de défense de l’ambassade de France à Skopje, pour lui présenter nos travaux et définir la participation d’un groupe d’élèves du lycée professionnel Jean Mermoz de Vire aux commémorations de novembre dans le cimetière militaire français de Bitola. Une stèle construite par les élèves chaudronniers du lycée professionnel Jules Verne de Mondeville, sous l’égide de Sylvie Guitton, est en voie d’acheminement vers Bitola (arrivée prévue courant septembre 2014). Elle représente un fantassin chargeant, inspiré par les dessins de l’artilleur Etienne Valentin, hommage de la communauté éducative bas-normande au sacrifice des Poilus d’Orient. L’expédition de 2012, associant des enseignants et des élèves des deux…
Depuis le début de l’année, chaque semaine, les écoles de Saint-Cyr Coëtquidan proposent de découvrir un officier de la Grande Guerre sur leur site internet à partir des fonds très riches du musée du Souvenir (des milliers d’objets, de tableaux et de documents d’archives). Les objets qui sont présentés, parce qu’ils ont appartenu à ces officiers, donnent également lieu à une description. Cette rubrique hebdomadaire ne se limite pas aux saint-cyriens. Le conservateur du musée, l’officier communication et moi-même, qui suis chef du département histoire et géographie, souhaitons évoquer l’histoire des officiers de l’armée française pendant la Première Guerre mondiale, quels qu’ils soient. La diversité des recrutements a toujours fait la richesse de ce corps (Saint-Cyriens, Polytechniciens, Saint-Maixentais, réservistes, territoriaux…). L’objectif de cette rubrique est avant tout pédagogique. Tous les élèves officiers en formation aux écoles peuvent ainsi approfondir l’histoire de la Première Guerre, celle du corps des officiers ou encore les traditions de l’armée française et son patrimoine. Les nombreux témoignages laissés par les officiers de la Grande Guerre sont aussi l’occasion de stimuler la réflexion des élèves officiers sur le sens de l’engagement, la décision, le commandement, la peur, le combat, les relations avec les subordonnés. Pour certains,…
Voilà quelques semaines, je découvrais l’exposition Les Malles ont une mémoire. L’idée de reconstituer des malles de soldats et de civils de la Grande Guerre m’a beaucoup plu et intrigué. Cette exposition originale est présentée par l’association « L’Alloeu Terre de Batailles 1914-1918 » (ATB 14-18) au Mémorial Ascq 1944 à Villeneuve d’Ascq du 31 mars au 29 août 2013. Son président, Bertrand Lecomte, a bien voulu répondre à quelques questions. Quelle est l’origine de ce projet ? D’où vient cette idée des malles ? Le projet collectif d’exposition itinérante « Les malles ont une mémoire 1914-1918 » a été initié, piloté et mis en œuvre par l’association « l’Alloeu Terre de Batailles, 1914-1918 » (62), présidée par Bertrand Lecomte. Il fédère des musées et associations du Nord et du Pas-de-Calais consacrés à l’histoire des conflits mondiaux, notamment le musée de la bataille de Fromelles (59), le musée du Fort de Leveau à Feignies (59), le musée d’Histoire de Harnes (62), la société historique de Villeneuve d’Ascq et du Mélantois (59), le musée de la Résistance de Bondues (59), l’Office National des Anciens Combattants et le Musée Hospitalier Régional de Lille. A l’image de l’association ATB 14-18, les différentes structures partenaires possèdent dans leurs réserves et…
Une fois n’est pas coutume, je vous propose de nous intéresser à un objet de la Grande Guerre. Les collections du Musée du Souvenir des écoles militaires de Saint-Cyr Coëtquidan sont composées de milliers d’objets (uniformes, médailles et décorations, iconographies, armes et tableaux) et de documents (archives, livres, photographies, dessins). Le musée a été inauguré par le président de la République Armand Fallières à Saint-Cyr-l’Ecole le 24 juillet 1912. Dans le cadre de mes activités de recherche, je me rends souvent au musée du Souvenir, notamment pour consulter les riches archives laissées par les promotions de La Spéciale. Parmi les 3 000 objets exposés, certains ont une histoire extraordinaire, comme la tabatière du tsar Nicolas II ou la bicyclette de la Mission Marchand. Le poteau-frontière allemand fait partie des curiosités du musée. L’objet, d’une hauteur de plus d’un mètre, est légendé comme suit : « Poteau frontière enlevé près de Pfetterhausen (Alsace) 1914 par les troupes du général Jullien, ancien commandant en second de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr, 1911-1912« . Telle était déjà sa description lors de la visite du président Poincaré à l’École spéciale militaire en 1919, comme le rapporte le Petit Parisien du mardi 8 juillet 1919. Pourtant les…
Pendant les vacances de Noël, nous avons visité le musée de la Grande Guerre de Meaux. Il n’est pas difficile de trouver l’imposant bâtiment de l’architecte Christophe Lab, au pied de la Liberté éplorée, monument offert à la France par les États-Unis en septembre 1932. Cet ensemble monumental rend hommage aux soldats français qui ont résisté à l’avance allemande devant Meaux pendant la première bataille de la Marne en septembre 1914. Officiellement inauguré le 11 novembre 2011, le musée s’appuie sur l’importante collection de Jean-Pierre Verney (20 000 objets et 30 000 documents !) et dépend de la communauté d’agglomération du Pays de Meaux. L’historien Marc Ferro est président d’honneur du Conseil scientifique. Le musée, qui a pour ambition d’expliquer la Première Guerre mondiale de façon pédagogique, s’adresse à tous les publics, y compris les plus jeunes. Les deux batailles de la Marne occupent une grande place dans l’exposition, sans que les autres aspects nationaux et internationaux de la guerre soient négligés. Nous avons été séduits par l’utilisation de l’espace dans toutes les dimensions. Après avoir traversé des salles introductives consacrées aux origines du conflit, on pénètre dans une galerie en marchant aux côtés des soldats de 14 de…
L’historien Joël Cornette nourrissait ce projet depuis plusieurs années : diriger une nouvelle Histoire de France et offrir au public le résultat des recherches entreprises par les historiens. Cette Histoire de France de Clovis à nos jours comprend treize tomes. L’historien Nicolas Beaupré s’est vu confier la rédaction du volume couvrant la période s’étendant de 1914 à 1945. Il a accepté de répondre à nos questions. Né en 1970, Nicolas Beaupré est maître de conférences en histoire contemporaine à l’Université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand. Il est également membre junior de l’Institut Universitaire de France (IUF, promotion 2010) et membre du comité directeur du Centre international de recherche de l’Historial de la Grande Guerre de Péronne. Spécialiste de la Grande Guerre et de ses conséquences en France et en Allemagne, il a notamment publié Le Rhin. Une géohistoire, Paris, La documentation Française, 2005 ; Ecrire en guerre, écrire la guerre (France, Allemagne 1914-1920), Paris, CNRS éditions, 2006 ; Das Trauma des Krieges (1918-1932/33). Deutsch-französische Geschichte Band VIII (Histoire franco-allemande 1918-1932/33), Darmstadt, Wissenschaftliche Buchgesellschaft, 2009, à paraître en français sous le titre Le Traumatisme de la Grande Guerre, en septembre 2012 aux Presses universitaires du Septentrion. Pourquoi ce titre : « Les Grandes Guerres » ? Comme…