En cette veille de Chandeleur, nous nous intéressons aux sources du ravitaillement militaire, en laissant la parole à Stéphane Le Bras, maître de conférences en histoire contemporaine et auteur d’une thèse intitulée Négoce et négociants en vins dans l’Hérault : pratiques, influences, trajectoires (1900-1970). *** Peu d’études ont été consacrées à l’histoire du ravitaillement alimentaire dans l’armée française pendant la Grande Guerre. Le sujet a longtemps été considéré comme un thème peu sérieux. Ainsi, le ravitaillement renvoyait simplement à un discours folklorique, symbolisé par l’argot du poilu où coexistaient « pinard », « singe », « popote » et autre « tambouille ». Cette vision largement caricaturale, matérialisée par exemple par les cartes postales, contribue à expliquer l’absence de travaux de fond sur les enjeux liés au ravitaillement alimentaire, alors même que les études s’élargissaient à l’Autre front. Il est primordial de comprendre que la question du ravitaillement des troupes françaises entre 1914 et 1918 dépasse le simple cadre de l’acheminement de telle ou telle denrée au front, sa quantité, son coût, son goût voire l’évocation du soutien au moral des soldats, et qu’elle participe à plein à l’économie de guerre. Très concrètement, l’analyse des sources à notre disposition sur le sujet permet de mettre en exergue des…
En 2012, nous avions évoqué ici même l’initiative intéressante lancée par une équipe d’enseignants du lycée Mermoz de Vire. En juillet 2014, Eric Allart est retourné en Macédoine pour effectuer une nouvelle prospection inventaire dans la boucle de la Cerna. Il a bien voulu nous en présenter les grandes lignes. *** Dans le prolongement du travail effectué en avril 2010 et avril 2012, nous avons effectué une prospection inventaire dans la boucle de la Cerna du 15 au 21 juillet 2014, au sud de la République de Macédoine. Le voyage a été aussi l’occasion de rencontrer l’attaché de défense de l’ambassade de France à Skopje, pour lui présenter nos travaux et définir la participation d’un groupe d’élèves du lycée professionnel Jean Mermoz de Vire aux commémorations de novembre dans le cimetière militaire français de Bitola. Une stèle construite par les élèves chaudronniers du lycée professionnel Jules Verne de Mondeville, sous l’égide de Sylvie Guitton, est en voie d’acheminement vers Bitola (arrivée prévue courant septembre 2014). Elle représente un fantassin chargeant, inspiré par les dessins de l’artilleur Etienne Valentin, hommage de la communauté éducative bas-normande au sacrifice des Poilus d’Orient. L’expédition de 2012, associant des enseignants et des élèves des deux…
En février, la Mission du Centenaire a ouvert un site internet, centenaire.org, consacré à la Grande Guerre hier et aujourd’hui : hier à travers les archives (écrites, figurées ou orales) et aujourd’hui à travers le tourisme de mémoire, les événements commémoratifs ou scientifiques, les fouilles archéologiques ou les photographies contemporaines par exemple. C’est un « portail de ressources numériques » : il propose du contenu (sans viser l’exhaustivité mais plutôt dans le but de faire découvrir des documents ou des thèmes, de donner envie d’en savoir plus) et se présente aussi comme une porte d’entrée vers d’autres sites internet, notamment vers les institutions patrimoniales détentrices de fonds d’archives. Ce portail pédagogique et esthétique s’adresse à la fois au grand public et aux spécialistes. Les contenus sont encore limités mais il est appelé à s’enrichir très vite. Nous avons souhaité en savoir plus sur les objectifs de la Mission : Aurélien Brossé, directeur éditorial du site, a bien voulu répondre à nos questions et nous a ainsi présenté les perspectives pour les mois à venir. Nous l’en remercions, ainsi que Joseph Zimet, directeur général de la Mission. 1. Comment se fait la quête des « trésors d’archives » ? Dans le cadre des actions de la Mission du centenaire de la Première…
Document : cimetière militaire de Bitola avec au premier plan la tombe du soldat Momar N’Doye Origine :photographie d’Eric Allart (avril 2012) J’ai récemment échangé avec Eric Allart, enseignant, qui m’a fait part d’une initiative intéressante par ses aspects pédagogiques et scientifiques. Une équipe d’enseignants du lycée Mermoz de Vire, soutenue par des spécialistes (Yann Thomas et Sophie Quévillon) et avec le concours de la région Basse-Normandie et de l’académie de Caen, a mené à bien un projet de prospection archéologique sur le thème de la Première Guerre mondiale en Macédoine. L’une des caractéristiques de cette activité est qu’elle a associé des élèves du lycée professionnel Jean Mermoz de Vire et des élèves du lycée Josip Broz Tito de Bitola. Dès 2009, des enseignants et des élèves du lycée normand ont réalisé un travail de recherche documentaire et de lecture de correspondances et de carnets de guerre de poilus d’Orient. Du 20 au 25 mars 2009, ils ont effectué une reconnaissance sur le terrain, dans le but de localiser les zones de fouilles et de nouer des contacts avec les Macédoniens. A partir du 25 avril et jusqu’au 2 mai 2010, une équipe forte de 15 élèves français et de 15 élèves macédoniens, encadrés par six…
Photo : PAIR archeologie / BNPS.co.uk. Retrouvez le reportage du Dailymail en cliquant sur l’image. Le 18 mars 1918, après un bombardement de l’artillerie française, 34 soldats allemands sont ensevelis dans une galerie souterraine allemande de première ligne à Carspach (Haut-Rhin). La nuit suivante, les Allemands tentent de secourir leurs soldats. Ils parviennent à extraire deux survivants, qui décèdent par la suite, et une dizaine de cadavres. Puis les combats se poursuivent et le régiment allemand quitte le secteur. C’est ainsi que les corps de 21 soldats ensevelis ont été retrouvés en 2011. Le site était connu par les sources écrites et figurées (plans, historique du 94e régiment d’infanterie de réserve allemand, etc) et l’existence d’un monument commémoratif sur place. Le Kilianstollen, une galerie souterraine destinée à abriter plusieurs centaines d’homme dans les premières lignes, a été découvert à la faveur de travaux routiers l’année dernière. En septembre et en décembre 2011, des fouilles archéologiques préventives ont été entreprises. De nombreux objets, bien conservés, ont alors été mis au jour. Ils permettent d’en savoir plus sur la vie quotidienne de ces soldats mais aussi sur la construction et l’organisation des fortifications de campagne. Pour Michaël Landolt, archéologue territorial, cette fouille…