Cette lithographie en couleur datée de septembre 1919, disponible sur le site de la Library of Congress, est très instructive. D’une part, elle donne la liste de toutes les grandes unités qui ont appartenu à l’American Expeditionary Force (AEF) de 1917 à 1919 : trois armées (numérotées 1 à 3), neuf corps d’armée (1 à 9) et 53 divisions d’infanterie (de 1 à 20, de 26 à 42, de 74 à 94 et de 96 à 97). Ces unités ont été projetées principalement en France mais aussi en Grande-Bretagne, en Italie, en Belgique et en Allemagne. D’autre part, chaque grande unité est représentée par son shoulder sleeve insignia (SSI), littéralement l’insigne de manche d’épaule (SSI), un patch brodé typique de l’US Army. Les patchs des unités de l’AEF ont été créés à la fin de la Première Guerre mondiale. Celui de la 1st infantry division est le plus connu (un grand 1 rouge qui a donné son surnom à la division : The Big Red One). La plupart de ces patchs existent toujours, tandis que d’autres ont été modifiés pour des raisons historiques et militaires. J’ai passé en revue ces SSI afin de mesurer l’impact de la Grande Guerre sur la création…
L’Armée américaine dans la Grande Guerre est mon dernier livre, publié aux Éditions Ouest-France. Je propose d’en gagner un exemplaire, à condition de répondre à une petite question à la fin de cet article. Dans ce livre, j’ai voulu montrer comment les Etats-Unis ont transformé, en un temps record et avec le soutien des alliés, leur petite armée de volontaires en une armée de conscrits forte de plus de quatre millions d’hommes, dont deux millions ont été projetés en Europe. Cette rapide montée en puissance de l’armée est le signe le plus visible de la métamorphose opérée par les Etats-Unis pendant la Première Guerre mondiale. Pour illustrer ce livre, j’ai pioché en particulier dans les fonds photographiques des Archives nationales américaines (National Archives and Records Administration : NARA). Installées sur plusieurs sites aux Etats-Unis, parmi lesquels le National Archives Building à Washington D.C., à l’université du Maryland ou encore à Suitland dans le Maryland, les Archives nationales américaines ont pour mission de conserver et de communiquer les documents produits par les organes fédéraux. On y trouve par exemple les grands textes fondateurs de l’histoire américaine comme la Constitution des Etats-Unis, la Déclaration d’indépendance (1776) ou la Proclamation d’émancipation (1863). La…
La commémoration du centenaire de l’entrée des États-Unis dans la guerre s’est traduite par la publication de plusieurs ouvrages en France. Le dernier livre de Bruno Cabanes, Les Américains dans la Grande Guerre, a retenu mon attention. Cette synthèse portant sur un sujet encore méconnu en France est accompagnée d’une riche iconographie, bien mise en valeur dans ce bel album publié chez Gallimard. L’historien Bruno Cabanes occupe la chaire Donald G. et Mary A. Dunn d’histoire de la guerre moderne à l’Ohio State University (Etats-Unis). Il a bien voulu répondre à nos questions. 1/ Pourquoi écrivez-vous de la Première Guerre mondiale qu’elle est « la guerre oubliée de l’Amérique » ? L’histoire de la Grande Guerre est méconnue de la plupart des Américains, qui l’étudient peu au cours de leur scolarité et pour lesquels elle représente un conflit lointain. Cela peut paraître d’autant plus étonnant que 1917 marque une coupure importante dans l’histoire militaire et internationale du pays, les Etats-Unis accédant véritablement à un rang de première puissance mondiale, et l’armée américaine devenant, en l’espace de quelques mois, une armée moderne, mieux entraînée et mieux équipée. On dit parfois qu’il y a trois conflits omniprésents dans la mémoire collective des…