En novembre 2016, la Mission du centenaire de la Première Guerre mondiale publiait un état des lieux et proposait des perspectives au sujet de la numérisation du patrimoine écrit de la Grande Guerre. Pour en savoir plus sur ce rapport, nous avons interrogé l’auteur de ce rapport, Laurent Veyssière, conservateur général du patrimoine et directeur général adjoint de la Mission du centenaire de la Première Guerre mondiale. Pourquoi la France est-elle un pays leader en matière de numérisation du patrimoine écrit ? La France, État et collectivités territoriales, s’est engagée résolument dans une politique de numérisation du patrimoine culturel dès les années 1990. En particulier, depuis une quinzaine d’années, la numérisation du patrimoine écrit a pris un essor considérable dans les bibliothèques et les services d’archives. Elle permet à la fois de protéger les collections et les fonds d’archives tout en assurant leur valorisation par une consultation aisée et à distance. Les politiques de numérisation du patrimoine écrit ont beaucoup évolué au fil de ces dernières années, répondant à des enjeux différents entre bibliothèques et services d’archives, mais aussi à des ambitions diverses. La mise en ligne des documents numérisés contribue incontestablement avec succès à la démocratisation culturelle et au développement…
Les 10 et 11 avril, la mission du Centenaire a organisé les Rencontres du Web 14-18 à la Gaîté Lyrique à Paris. A cette occasion, nous sommes intervenus pour introduire la journée du 11 avril consacrée aux sources numérisées et à leur exploitation. Nous publions ici le texte de notre communication. Nous avons cherché à brosser un tableau synthétique des sources en ligne et des descriptions de sources, autrement dit des instruments de recherche, parce que la mise en ligne de sources n’a de sens que si elles sont interrogeables, ce qui suppose un long travail préalable de description et d’indexation par des professionnels, que les utilisateurs gagnent à comprendre. Ce tableau est loin d’être exhaustif. Tout part de notre blog… Depuis 2012, nous écrivons ce blog, que nous alimentons au gré de nos rencontres, de nos découvertes et de nos sujets de recherche. Ce blog, nous l’avons créé pour plusieurs raisons. D’abord nous voulions mettre nos deux expériences d’enseignant-chercheur et de conservatrice du patrimoine au service de notre intérêt commun pour les sources de la Grande Guerre. La forme du blog, tout en nous offrant un outil de travail, permet une libre expression et des possibilités de partage et…
Pendant la Première Guerre mondiale, 1008 individus (militaires et civils, français et étrangers) ont été condamnés à la peine capitale par la justice militaire, au front ou à l’arrière, pour désobéissance militaire, affaires d’espionnage ou de droit commun. Les archives des conseils de guerre conservées au Service historique de la Défense à Vincennes ont été numérisées et récemment mises en ligne sur le site internet Mémoire des hommes, en réponse à la demande formulée par le Président de la République lors du lancement des commémorations du centenaire de la Première Guerre mondiale en novembre 2013. Dans cet ensemble sériel, ce sont des situations très diverses et souvent émouvantes que le curieux et le chercheur peuvent désormais facilement découvrir page après page. Pour en savoir plus sur cette opération, nous avons interrogé Agnès Chablat-Beylot, conservateur en chef du patrimoine, responsable du département des archives définitives du Centre historique des archives du SHD. D’où viennent ces dossiers de fusillés ? Les « dossiers de fusillés », mis en ligne à partir du 6 novembre 2014 sur le site Mémoire des hommes sont les minutes de jugement et les dossiers de procédure des conseils de guerre qui les ont condamnés à mort. Ces archives sont…
L’information est venue de Twitter la semaine dernière. Interviewée lors du Congrès de généalogie de Marseille au début du mois juin, Sandrine Aufray, chef de projet du site internet Mémoire des hommes, annonce les projets à venir dans une vidéo de quelques minutes postée sur Dailymotion le 4 juillet 2013. On apprend dans un premier temps que, le 11 novembre 2013, à l’occasion du dixième anniversaire de Mémoire des hommes, le site va connaître quelques transformations graphiques. De plus, de nouvelles fonctionnalités vont être introduites. Elles permettront l’indexation collaborative et les recherches transversales (par département, par commune, etc.). Avis aux internautes et aux passionnés de la Grande Guerre ! Puis, pour les commémorations du centenaire, le site sera enrichi par de nouvelles mises en ligne : Les 100 000 fiches des soldats décédés qui n’ont pas eu la mention « Mort pour la France » (décès non liés au service, les oublis, les fusillés, etc.). Les Armées françaises dans la Grande Guerre (107 volumes et des centaines de cartes) seront aussi disponibles sur le site. Les AFGG ont été rédigées par des dizaines d’officiers du Service historique entre 1922 et 1937. Elles ont été publiées par l’Imprimerie Nationale. Quelques volumes sont déjà…
A l’heure où nombre de services d’archives départementales numérisent les registres matricules pour les mettre en ligne sur leurs sites Internet, le directeur des Archives départementales de la Drôme, Benoît Charenton, a bien voulu nous présenter les motivations, les préparatifs et la mise en œuvre de ce type d’opération, qui contribue à la diffusion du patrimoine écrit conservé dans le réseau des archives publiques. *** Numériser les registres matricules, pour le conservateur qui en a la charge, c’est d’abord l’occasion de se replonger dans ces gros registres livrés chaque année, par porteur militaire, dans les archives départementales. Soixante-dix ans après avoir été ouverts, ils retournent dans leur département d’origine, porteurs de tous les « bons pour le service » d’une classe, soit l’ensemble des jeunes gens recensés au cours de leur vingtième année et déclarés aptes à remplir leurs obligations militaires. Leur reliure fatiguée cache des pages remplies de précieuses informations sur la carrière de nos aïeux sous les drapeaux, à des époques où le fait militaire exerçait sur les individus une emprise que l’on a peine à imaginer aujourd’hui. Arrivées à vingt ans au régiment, les recrues y effectuent un service actif de deux à cinq ans suivant les époques et…
Réservistes de 1870, Pierre Georges Jeanniot, 1882, Paris, Musée de l’Armée L’histoire de l’armée est inséparable de celle de la Nation, écrivait Paul-Marie de La Gorce dans La République et son armée. Les registres matricules en sont une illustration. Comment et pourquoi ont-ils été constitués et comment sont-ils conservés et valorisés aujourd’hui ? Les collections des registres matricules commencent à partir de 1867. Les lois sur le recrutement de l’armée, depuis la loi Niel de 1868 jusqu’à la loi de 1905, ont imposé progressivement le service militaire aux jeunes Français. Le recrutement dans les armées débute par un recensement des jeunes hommes de 20 ans (la classe) effectué chaque année par les maires. Ces hommes sont ensuite convoqués devant le conseil de révision au chef-lieu de canton, où ils sont déclarés aptes ou inaptes au service. Cette décision est inscrite sur les listes de recrutement cantonal de la subdivision. On peut en visionner sur le site internet des archives municipales de Saint-Denis. Enfin, les bureaux du recrutement, installés dans les subdivisions de région, convoquent les conscrits afin des les immatriculer et de les inscrire sur le registre matricule avant l’incorporation. Les civils deviennent alors des militaires. Un site internet, Le parcours…
Die Bibel als Rettung vor dem Tod (Collection particulière : Prof. Dr. Gottfried Geiler) / Europeana 1914-1918 Après « Europeana Collections 1914-1918 », qui concerne des institutions patrimoniales, il faut évoquer un projet au nom très proche, « Europeana 1914-1918« , qui consiste quant à lui à numériser des fonds détenus par des particuliers. En 2008, dans toute la Grande-Bretagne, il a été demandé au public de rassembler les lettres, les photos et les souvenirs de famille liés à la Grande Guerre afin de les numériser. Cette initiative de l’université d’Oxford, qui a donné naissance à The Great War Archive, a remporté un franc succès, amenant Europeana à lancer un programme pan-européen de collecte et de numérisation auprès du public Depuis 2011, ce projet rassemble des souvenirs et des histoires sur la période de la Grande Guerre. Dans la phase actuelle, il se concentre sur des objets européens : lettres, cartes postales, photos et histoires d’Allemagne, du Luxembourg, d’Irlande, de Slovénie et du Royaume-Uni. Les contributions peuvent prendre deux formes : Chacun peut fournir une photographie d’objet ou proposer une histoire via le site Europeana 1914-1918 : l’équipe projet procède ensuite à la validation. A l’occasion de journées de collecte, chacun peut apporter des…
Les protagonistes du programme Europeana Collections 1914-1918 se sont interrogés sur les attentes du public afin d’orienter la sélection des documents à numériser. Une enquête réalisée sur Internet, dont les résultats ont été présentés au cours de la journée d’étude du 16 décembre 2011, a offert un premier aperçu de la demande du grand public comme des chercheurs, entre sélection de documents uniques et riche bibliographie. L’ambition du projet se lit dans le nombre de documents numérisés (plus de 400000) mais aussi dans leur qualité et leur diversité. La sélection concernera tous les supports (manuscrits, imprimés, cartes, photographies, affiches, musique, enregistrements audiovisuels) et tous les types de publications (journaux, tracts, romans, correspondance, littérature pour la jeunesse, manuels…). Elle permettra de constituer un corpus représentatif de l’expérience individuelle et collective et de l’opinion dans les pays belligérants comme dans les pays neutres et selon toutes les sensibilités nationales, politiques et religieuses. (Chroniques de la Bibliothèque nationale de France, n° 58, avril-juin 2011) De plus, pour répondre à l’objectif d’accès rapide et facile, la numérisation sera faite, chaque fois que possible, en plein texte. Quelles seront les contributions françaises ? La BnF sera une des principales contributrices, à partir de ses propres…
Je commence aujourd’hui un « billet-feuilleton » consacré au programme Europeana Collections 1914-1918. C’est un projet international de numérisation et de diffusion, via un portail européen, de documents se rapportant à la Première Guerre mondiale. Soutenu par la Commission européenne, ce projet est impressionnant, tant par ses objectifs (mise en ligne de plus de 400000 documents) que par l’important travail de coordination qu’il suppose à l’échelle européenne (mise en place de partenariats, sélection des documents, numérisation et océrisation, interopérabilité des métadonnées, agrégation des contenus, médiation…). En voici la genèse. En 2010, dix bibliothèques nationales de huit pays européens, ainsi que deux partenaires techniques, ont décidé de se réunir autour d’un projet commun visant à numériser et à proposer en ligne un corpus riche et varié de documents numérisés traitant de la Grande Guerre. Ces pays, qui figuraient en 1914-1918 du côté de la Triple Entente, de la Triple Alliance ou des Neutres, sont : l’Allemagne, la France, l’Italie, la Belgique, le Royaume-Uni, le Danemark, l’Autriche, la Serbie. La France est représentée par la Bibliothèque nationale de France (BnF) et la Bibliothèque nationale et universitaire (BNU) de Strasbourg. 17 thématiques ont été retenues (par exemple : littérature de guerre ; chants et partitions…
Le 11 novembre 2011, un rapport de préfiguration du centenaire de la Première Guerre mondiale intitulé Commémorer la Grande Guerre (2014-2020) : propositions pour un centenaire international, signé par Joseph Zimet (Direction de mémoire, du patrimoine et des archives), a été remis au président de la République. Le centenaire doit être « une nouvelle pierre ajoutée au singulier édifice mémoriel bâti par les Français » (p. 10). Ce rapport d’une centaine de pages donne les premières orientations en matière de financement, de gouvernance, de projets scientifiques et de calendrier. Pour la France, les enjeux sont internationaux, culturels, éducatifs, économiques et sociaux, etc. Parmi les projets envisagés, il y a l’inscription au patrimoine mondial de l’Humanité des principaux paysages et sites de mémoire de la Grande Guerre. Un premier programme a déjà été établi pour l’année 2014, celle de « la levée de rideau du 100e anniversaire ». Elle sera marquée par six grands rendez-vous (voir p. 14), parmi lesquels l’entrée au Panthéon de Maurice Genevoix le 11 novembre 2014. Pour mettre en œuvre le programme commémoratif du centenaire de la Première Guerre mondiale, une mission interministérielle doit être créée au début de cette année 2012. La numérisation et la valorisation…