Le Service des archives économiques et financières vient de publier, sur le site internet des ministères économiques et financiers, un mini-site consacré aux marchés de guerre passés entre 1914 et 1919. Ouvert à l’occasion des Journées européennes du Patrimoine, ce site fait suite à un travail de numérisation de près de 10 682 fiches fournisseurs récapitulant les 11 000 dossiers conservés par le service, soit près de 280 ml d’archives. Un fonds riche et sous-exploité pour comprendre le tissu industriel français pendant la Grande Guerre. Sont considérés comme marchés de guerre, au sens de l’article 138 de la loi du 31 mai 1933, les marchés passés par l’État, les départements, les communes et les établissements publics entre le 1er août 1914 et le 25 octobre 1919, ainsi que ceux concernant la liquidation des stocks, la reconstitution des régions libérées et les opérations liquidatrices des séquestres d’Alsace et de Lorraine réalisées après la guerre. Les grands noms de l’industrie française y sont présents : Blériot aéronautique, Schneider et compagnie, Société Michelin E. et Cie, Louis Renault, Peugeot et Cie, Société des mines de Carmaux, Société lyonnaise des eaux et de l’éclairage, Société chimique des usines du Rhône, Saint Gobain Chauny et…
En cette veille de Chandeleur, nous nous intéressons aux sources du ravitaillement militaire, en laissant la parole à Stéphane Le Bras, maître de conférences en histoire contemporaine et auteur d’une thèse intitulée Négoce et négociants en vins dans l’Hérault : pratiques, influences, trajectoires (1900-1970). *** Peu d’études ont été consacrées à l’histoire du ravitaillement alimentaire dans l’armée française pendant la Grande Guerre. Le sujet a longtemps été considéré comme un thème peu sérieux. Ainsi, le ravitaillement renvoyait simplement à un discours folklorique, symbolisé par l’argot du poilu où coexistaient « pinard », « singe », « popote » et autre « tambouille ». Cette vision largement caricaturale, matérialisée par exemple par les cartes postales, contribue à expliquer l’absence de travaux de fond sur les enjeux liés au ravitaillement alimentaire, alors même que les études s’élargissaient à l’Autre front. Il est primordial de comprendre que la question du ravitaillement des troupes françaises entre 1914 et 1918 dépasse le simple cadre de l’acheminement de telle ou telle denrée au front, sa quantité, son coût, son goût voire l’évocation du soutien au moral des soldats, et qu’elle participe à plein à l’économie de guerre. Très concrètement, l’analyse des sources à notre disposition sur le sujet permet de mettre en exergue des…