La Première Guerre mondiale est sans doute, dans l’histoire de France, le conflit qui a laissé le plus d’archives. Conscientes, dès l’enlisement des opérations à la fin de 1914, de vivre un événement crucial de l’histoire du monde, les autorités civiles et militaires attachent un soin particulier à la collecte et à la conservation des documents s’y rapportant. Héritier des services historiques de l’Armée et de la Marine, eux-mêmes directement issus de la Première Guerre mondiale, le Service historique de la Défense (SHD), né en 2005, est aujourd’hui le dépositaire de l’énorme production documentaire des institutions militaires d’un pays engagé dans une guerre d’une ampleur et d’une intensité sans précédent. Si ces archives sont presque intégralement inventoriées, il manquait au chercheur, confronté à leur masse et à leur dispersion, un guide présentant de manière synthétique l’ensemble des sources conservées par le SHD, tant dans ses centres de Vincennes, de Châtellerault et de Pau que dans ses antennes de Cherbourg, Brest, Lorient, Rochefort, Toulon et Caen. Au-delà, cet instrument de recherche veut mettre l’accent sur la complémentarité de fonds émanant d’institutions françaises ou alliées, de différents ministères (Guerre, Marine et Armement), de l’armée de Terre ou de la Marine, mais aussi…
Pendant la Première Guerre mondiale, quatre brigades russes sont intégrées dans l’armée française et combattent sur les fronts de l’Ouest et d’Orient. Cependant, après le déclenchement de la Révolution russe en 1917, ces soldats deviennent suspects aux yeux des Français, qui les retirent du front. Après la révolte et la répression du camp de La Courtine en septembre 1917, les contingents russes en France et à Salonique sont dispersés. Certains soldats continuent à se battre dans l’armée française (dans la division marocaine notamment) tandis que d’autres sont employés dans des compagnies de travailleurs à l’arrière ou en Afrique du Nord. De cette histoire, il reste encore de nombreuses traces qui sont présentées ci-dessous brièvement. Avant de commencer ses recherches au Service historique de la Défense, le chercheur doit s’approprier le plan de classement des archives de la Guerre. Les archives militaires sont classées par producteur au sein de séries chronologiques (1). La série N, qui couvre la IIIe République, reflète l’organisation politique de l’Etat et de l’armée : le ministre de la Guerre et son cabinet, les conseils supérieurs, l’état-major de l’armée, les archives des unités (armée, corps d’armée, division, brigade, régiment, etc). L’historien qui s’intéresse aux brigades russes en…