L’arrière : la guerre si loin, si proche
Archives , Projets de valorisation / 24 novembre 2014

Le départ du 113e régiment d’infanterie de Blois le 5 août 1914 [Archives départementales du Loir-et-Cher, 6 Fi] ____ A l’occasion de la préparation d’une exposition sur le département dans la guerre, les Archives départementales de Loir-et-Cher ont « redécouvert » dans leurs collections un journal intime qui constitue un témoignage vivant et totalement inédit sur la vie à l’arrière. Dans ce journal, à partir du 30 juillet 1914, l’architecte blésois Paul Legendre, conscient de la gravité des événements, rapporte l’actualité quotidienne, détaille ses occupations et confie au papier les pensées que lui inspire l’actualité. Très vite, l’idée de la publication s’est imposée mais l’importance matérielle du journal (6 cahiers de 230 pages chacun) a conduit à privilégier une édition intégrale en ligne, pour laquelle Facebook semblait le médium le plus approprié. Ainsi, chaque jour depuis le 30 juillet, cent ans jour pour jour après que Paul Legendre a raconté sa journée sur son cahier, nous publions son récit : quelques phrases d’accroche illustrées sur Facebook et l’intégralité du texte sur le portail culture41.fr. Un journal intime Dans sa préface, Paul Legendre (1872-1941) précise lui-même sa démarche : « À la veille d’événements peut-être graves, au tournant mystérieux de notre histoire, je commence des « Souvenirs…

Mettre en ligne des dossiers de fusillés
Archives , Entretiens / 16 novembre 2014

Pendant la Première Guerre mondiale, 1008 individus (militaires et civils, français et étrangers) ont été condamnés à la peine capitale par la justice militaire, au front ou à l’arrière, pour désobéissance militaire, affaires d’espionnage ou de droit commun. Les archives des conseils de guerre conservées au Service historique de la Défense à Vincennes ont été numérisées et récemment mises en ligne sur le site internet Mémoire des hommes, en réponse à la demande formulée par le Président de la République lors du lancement des commémorations du centenaire de la Première Guerre mondiale en novembre 2013. Dans cet ensemble sériel, ce sont des situations très diverses et souvent émouvantes que le curieux et le chercheur peuvent désormais facilement découvrir page après page. Pour en savoir plus sur cette opération, nous avons interrogé Agnès Chablat-Beylot, conservateur en chef du patrimoine, responsable du département des archives définitives du Centre historique des archives du SHD.   D’où viennent ces dossiers de fusillés ? Les « dossiers de fusillés », mis en ligne à partir du 6 novembre 2014 sur le site Mémoire des hommes sont les minutes de jugement et les dossiers de procédure des conseils de guerre qui les ont condamnés à mort. Ces archives sont…

Le programme du cycle d’initiation à la recherche archivistique aux Archives nationales
Archives , Généalogie , Recherche / 11 novembre 2014

Les Archives Nationales (Wikimedia Commons) Dans le cadre de l’exposition « Août 1914. Tous en guerre ! » (ouverte au public jusqu’au 22 janvier 2015), un cycle d’initiation à la recherche archivistique autour des sources sur la Grande Guerre des Archives nationales est organisé sur le site de Pierrefitte des Archives nationales. Cinq séances (de 1 heure 30 à 2 heures chacune) sont prévues du 26 novembre 2014 au 26 janvier 2015. Elles seront conduites par les responsables scientifiques des fonds d’archives. Elles sont libres d’accès et ouvertes à tous types de publics intéressés par la généalogie ou la recherche historique (lecteurs, visiteurs, généalogistes, enseignants-chercheurs….). Ce cycle de conférences pratiques est destiné à faire connaître les ressources propres des Archives nationales sur l’histoire de la Grande Guerre et le travail scientifique mené sur les fonds. La session liminaire, consacrée à une présentation générale des fonds, servira de cadre pour tout le cycle. Les sessions suivantes, plus sélectives, prennent la forme d’interventions très courtes et concrètes autour d’une thématique. Les responsables scientifiques des fonds, en une intervention de 15 à 20 minutes, présentent la structure et les grandes composantes d’un fonds, son intérêt, exposent les modalités d’accès aux documents, les actualités de traitement…

Des décorations et des archives
Archives / 5 novembre 2014

Les soldats de la Grande Guerre et les civils ont été abondamment décorés pendant et après la Première Guerre mondiale. Des sites internet permettent de reconnaître les différentes décorations et de découvrir leur histoire, les critères d’attribution et leurs caractéristiques matérielles : Ordres, décorations et médailles (1914-1918) et France Phaleristique. En revanche, on sait moins que l’attribution de décorations a généré des archives, qui peuvent s’avérer très utiles pour les recherches familiales et historiques. Nous avons voulu identifier ces sources et nous en avons découvert la diversité et la richesse, dont nous essayons de rendre compte dans le présent article. Des décorations : pourquoi, pour qui ? Avant la guerre : Que ce soit par l’octroi d’une promotion au grade supérieur ou par l’attribution d’une marque distinctive, récompenser le soldat est aussi ancien que la guerre elle-même. Pourtant, à la veille de la Première Guerre mondiale, peu de décorations sont distribuées dans les armées françaises. Elles récompensent principalement le temps des services, les séjours outre-mer et parfois le mérite et le courage. La Légion d’honneur et la Médaille militaire : elles sont peu distribuées avant 1914. La médaille coloniale et les médailles commémoratives (Maroc, Madagascar) : elles ne confèrent pas une dignité…

La caisse à livrets
Archives / 29 septembre 2014

À la veille de la Première Guerre mondiale, les livrets font partie du quotidien des militaires : livrets de bouche à feu, d’emplacement des troupes, d’étapes, d’infirmerie, de munitions, d’ordinaire, de solde, etc. On connaît davantage, – et on confond parfois -, ces deux types de livrets à caractère individuel que sont le livret individuel et le livret matricule. Les livrets individuels, souvent appelés livrets militaires, étaient en possession des soldats et ont souvent été conservés par les familles. Les livrets matricules étaient dans les mains de l’administration et n’ont pas été conservés, ou à la marge, à l’exception de ceux des officiers, qui ont été insérés dans leurs dossiers de carrière ; petite spécificité pour les officiers issus du rang, leurs dossiers individuels conservent à la fois leur livret matricule d’officier et leur livret matricule d’homme de troupe. LE LIVRET INDIVIDUEL Le livret individuel est un document incontournable pour un homme du début du XXe siècle. Tout homme sous les drapeaux se voit attribuer un livret individuel. La première page est complétée par le bureau de recrutement, puis le livret est envoyé, avec le livret matricule, au corps d’affectation. Ensuite il est remis au soldat. Il est expressément recommandé…

Aout 1914. Tous en guerre ! Entretien avec Isabelle Chave
Archives , Bibliothèques , Entretiens , Exposition / 14 septembre 2014

L’exposition Août 1914. Tous en guerre ! ouvre ses portes aux Archives nationales  à Pierrefite-sur-Seine le 19 septembre 2014. Isabelle Chave, conservatrice en chef aux Archives nationales et commissaire de l’exposition a accepté de répondre à nos questions. En préambule, pouvez-vous nous présenter l’exposition ? Comme l’indique son titre, l’exposition des Archives nationales porte sur l’entrée en guerre, sur une période de 36 jours exactement, allant de la mobilisation, le 2 août 1914, à la première bataille de la Marne. Son originalité est, avec l’arrière-plan militaire que l’on connaît, de mettre l’accent sur l’histoire sociale, administrative, économique, financière, industrielle et culturelle de cette période, en donnant la priorité à l’évocation des Français de l’arrière, à l’administration de leur vie quotidienne. Par cette exclamation, « Tous en guerre ! », il s’agit d’inviter à sortir le sujet du seul exposé de la mobilisation militaire et de l’élargir à la « mobilisation civile », pour reprendre l’expression utilisée par Olivier Bascou, préfet de la Gironde en août 1914, dans son livre de souvenirs, ou encore à la mobilisation administrative, à la mobilisation industrielle, entre autres… Pour en montrer l’ampleur et l’ambition, il fallait par ailleurs appliquer cette approche à une aire géographique…

Proust and the Great War à l’Université de l’Illinois

  Extrait d’une lettre de Marcel Proust à Lionel Hauser (2 août 1914). (Avec l’aimable autorisation de la Rare Book & Manuscript Library, University of Illinois at Urbana-Champaign) A la déclaration de la guerre, Marcel Proust est âgé de 43 ans. Il connaît déjà le succès depuis qu’est paru Du côté de chez Swann (1913), le premier volume de La recherche du temps perdu. La guerre inspire Marcel Proust, en particulier dans Le Temps retrouvé, septième et dernier volume publié en 1927, à titre posthume. En revanche, on connaît moins le correspondance que l’écrivain a entretenue pendant le conflit. L’université de l’Illinois a mis en ligne une exposition originale, Proust and the Great War, qui permet de découvrir quelques lettres de l’écrivain. François Proulx, Assistant Professor of French, qui a fait travailler six étudiants du département de français sur ces lettres, a accepté de nous présenter ce travail. Cette exposition numérique réunit une dizaine de lettres de Marcel Proust écrites entre 1914 et 1918. On y découvre l’angoisse de Proust à l’amorce de la guerre, alors qu’il craint le siège de Paris, son profond chagrin face à la perte d’êtres chers, et son lucide refus de tout chauvinisme. Des lettres adressées à Proust…

Retrouver un soldat algérien dans les archives françaises
Archives , Généalogie , Recherche / 28 mai 2014

Depuis la création du blog, nous avons reçu beaucoup de messages d’Algérie. Des questions nous sont régulièrement posées au sujet des Algériens incorporés dans l’armée française pendant la Première Guerre mondiale. Nous ne pouvons pas répondre à toutes les sollicitations, mais nous proposons ici quelques pistes destinées à orienter les chercheurs dans les archives françaises. Tout d’abord, je conseille la lecture de quatre excellentes fiches méthodologiques élaborées par les Archives nationales : Les recherches biographiques du XIXe au milieu du XXe siècle (fiche n°29). Recherches biographiques sur les combattants et victimes de la Première Guerre mondiale (fiche n°22) Les militaires aux Archives nationales et au Service historique de la Défense (fiche n°23) Vous recherchez un militaire ? En 1914, la population de l’Algérie se caractérise par son hétérogénéité. L’Algérie coloniale est alors à son apogée et elle est l’un des premiers partenaires commerciaux de la France. Cette prospérité attire des milliers d’Européens qui viennent s’ajouter aux immigrants français et à la population juive, naturalisée en 1870. Cette communauté de 750 000 personnes cohabite avec 4 500 000 Musulmans, ou « indigènes », qui ne bénéficie cependant pas des même droits. Les Français d’origine ou naturalisés Quand la guerre est déclarée, la mobilisation…

Le SHD nous guide dans les archives de la Grande Guerre
Archives / 1 mai 2014

La Première Guerre mondiale est sans doute, dans l’histoire de France, le conflit qui a laissé le plus d’archives. Conscientes, dès l’enlisement des opérations à la fin de 1914, de vivre un événement crucial de l’histoire du monde, les autorités civiles et militaires attachent un soin particulier à la collecte et à la conservation des documents s’y rapportant. Héritier des services historiques de l’Armée et de la Marine, eux-mêmes directement issus de la Première Guerre mondiale, le Service historique de la Défense (SHD), né en 2005, est aujourd’hui le dépositaire de l’énorme production documentaire des institutions militaires d’un pays engagé dans une guerre d’une ampleur et d’une intensité sans précédent. Si ces archives sont presque intégralement inventoriées, il manquait au chercheur, confronté à leur masse et à leur dispersion, un guide présentant de manière synthétique l’ensemble des sources conservées par le SHD, tant dans ses centres de Vincennes, de Châtellerault et de Pau que dans ses antennes de Cherbourg, Brest, Lorient, Rochefort, Toulon et Caen. Au-delà, cet instrument de recherche veut mettre l’accent sur la complémentarité de fonds émanant d’institutions françaises ou alliées, de différents ministères (Guerre, Marine et Armement), de l’armée de Terre ou de la Marine, mais aussi…

Les archives de la Grande Guerre en Hongrie
Archives , Bibliothèques , Recherche / 22 avril 2014

La Grande Guerre a profondément marqué l’Europe médiane. En 1914, cet espace est partagé entre les trois empires allemand, austro-hongrois et russe ; en 1918, la disparition de ces empires remodèle la carte de l’Europe médiane. La Hongrie devient indépendante à la suite de l’éclatement de l’Autriche-Hongrie. Il est important de connaître cette histoire pour comprendre comment se présentent les sources de la Grande Guerre en Hongrie. Gergely Fejérdy, maître de conférences à l’université catholique de Pázmány Péter à Budapest, a accepté d’en faire ici une rapide présentation. De 1867 à 1918, la Hongrie est intégrée dans la double Monarchie des Habsbourg. Environ 10 millions de Hongrois vivent en Autriche-Hongrie (51 millions d’habitants) à la veille de la Première Guerre mondiale. Budapest possède un gouvernement, au sein duquel un ministre est chargé des affaires militaires et de l’armée (Honvéd, littéralement « défenseur de la patrie”). Cependant, en ce domaine, les Hongrois ne pèsent sur les décisions de l’empereur François-Joseph (1849-1916) que de manière dérisoire, essentiellement à travers le Parlement, qui vote ou refuse la subvention demandée par Vienne.  Après 1867, il existe à Vienne trois « ministères communs » : le ministère de la Guerre le ministère des Politiques étrangères le ministère des Finances,…