Numériser et mettre en ligne les registres matricules : l’exemple des Archives départementales de la Drôme

A l’heure où nombre de services d’archives départementales numérisent les registres matricules pour les mettre en ligne sur leurs sites Internet, le directeur des Archives départementales de la  Drôme, Benoît Charenton, a bien voulu nous présenter les motivations, les préparatifs et la mise en œuvre de ce type d’opération, qui contribue à la diffusion du patrimoine écrit conservé dans le réseau des archives publiques. *** Numériser les registres matricules, pour le conservateur qui en a la charge, c’est d’abord l’occasion de se replonger dans ces gros registres livrés chaque année, par porteur militaire, dans les archives départementales. Soixante-dix ans après avoir été ouverts, ils retournent dans leur département d’origine, porteurs de tous les « bons pour le service » d’une classe, soit l’ensemble des jeunes gens recensés au cours de leur vingtième année et déclarés aptes à remplir leurs obligations militaires. Leur reliure fatiguée cache des pages remplies de précieuses informations sur la carrière de nos aïeux sous les drapeaux, à des époques où le fait militaire exerçait sur les individus une emprise que l’on a peine à imaginer aujourd’hui. Arrivées à vingt ans au régiment, les recrues y effectuent un service actif de deux à cinq ans suivant les époques et…

Votre ancêtre est…dans les archives militaires.
Archives , Généalogie , Recherche / 2 septembre 2012

Le 26 juin 2012 a eu lieu la première journée du généalogiste au Service historique de la Défense (SHD) à Vincennes. En préparant cette manifestation, les organisateurs ont eu l’idée de concevoir un guide de généalogie dans les archives militaires. Nous avons rencontré les auteurs de Vos ancêtres à travers les archives militaires : Vincent Mollet, conservateur du patrimoine, chargé de mission « instruments de recherche » auprès de l’adjoint au chef du SHD, et Sandrine Heiser, chargée d’études documentaires et chef du bureau de la politique des publics au département des publics et de la valorisation du SHD. Quels étaient les objectifs des auteurs ? D’abord, il s’agissait d’offrir aux généalogistes « les repères nécessaires à une recherche fructueuse » peut-on lire sur le site du Service historique de la Défense. Ainsi, en moins de trois mois, Sandrine Heiser et Vincent Mollet ont écrit « le guide que nous aurions envie d’avoir« , nous confie Sandrine Heiser. Les auteurs ont mobilisé les équipes du Service historique de la Défense, à Vincennes et dans toutes les antennes du service en France. Le résultat dépasse ce qu’on pouvait espérer. C’est une anaphore qui interpelle et guide le lecteur de chapitre en chapitre, avec des intitulés commençant par « Votre ancêtre était… »…

Au travail !
Archives , Commémorations / 27 août 2012

A l’heure des universités d’été, les archivistes du monde entier avaient les yeux tournés vers Brisbane, en Australie, où s’est tenu le Congrès international 2012 du Conseil international des archives, du 20 au 24 août. A cette occasion, Jean-Baptiste Auzel, conservateur en chef aux Archives de France, a donné une communication sur « les Archives de France et la commémoration du premier conflit mondial », consultable sur le site Internet ICA 2012. Il y a présenté cinq grands axes : 1 – la numérisation et la mise en ligne des registres matricules des soldats : 8 millions de fiches matricules au total…, qu’une dérogation générale devrait bientôt rendre librement communicables et dont la CNIL pourrait autoriser la mise en ligne ; s’il est possible d’ajouter une indexation à la numérisation, l’accès se ferait via un moteur de recherche national (sur tous ces aspects juridiques, techniques et financiers, la communication est très complète). 2 – un guide de recherche dans les sources archivistiques : le guide de recherche national, thématique, ne vise pas l’exhaustivité, et devrait être complémentaire des guides déjà publiés ou en cours d’élaboration dans les services d’archives notamment dans les Archives départementales ; ce guide national devrait être publié en…

Destination Nouvelle-Zélande
Archives , Bibliothèques , Musées / 15 juillet 2012

Contrairement à ce que le titre de ce billet peut laisser croire, nous ne partons pas en vacances aux antipodes… mais il n’est pas interdit de voyager « à dos d’archives » ! Nous nous sommes donc intéressés aux sources et aux outils consacrés à l’histoire de la Grande Guerre en Nouvelle-Zélande. A chacune de mes visites à Ypres, j’ai été impressionné par l’intensité et la solennité des cérémonies néo-zélandaises à Paschendaele. Il faut dire que l’effort de ce dominion de l’empire britannique a été considérable : la Nouvelle-Zélande, peuplée de 1,1 million d’habitants en 1914, a levé 120 000 volontaires pendant la guerre. Avec les Australiens, ils ont formé l’Australian and New Zealand Army Corps (ANZAC) et se sont illustrés aux Dardanelles, en Palestine et en France : L’Australie et la Nouvelle-Zélande dans la Grande Guerre (Chemins de mémoire) et La Nouvelle-Zélande sur le front occidental (Mission du Centenaire). Au total, près de 18 000 Néo-Zélandais sont morts au combat à des milliers de kilomètres de chez eux. Rien d’étonnant donc à ce que l’histoire de la Première Guerre mondiale suscite un grand intérêt dans cet archipel du Pacifique Sud, aujourd’hui membre du Commonwealth britannique. Le succès des trois journées franco-néo-zélandaises…

Officiers en série
Archives , Recherche / 1 juillet 2012

Pour retracer le parcours des hommes qui ont servi pendant la Grande Guerre, nous avons déjà évoqué les registres matricules du recrutement, mais les dossiers nominatifs constituent également une source précieuse. La journée d’étude sur les dossiers nominatifs au XIXe siècle, organisée au Centre historique des Archives nationales le 24 octobre 2006, a bien montré l’importance des archives administratives du personnel. L’existence des dossiers individuels en France est largement due à la structure centralisée de l’État : produits et gérés par les ministères, ces dossiers constituent aujourd’hui d’importantes séries aux Archives nationales ainsi que dans les services d’archives des ministères de la Défense et des Affaires étrangères (Les recherches biographiques du XIXe au milieu du XXe siècle. État des sources d’archives et des instruments de recherche nominatifs). Au Service historique de la Défense (SHD), dans les fonds de l’armée de terre (les seuls dont nous parlerons ici), la volumineuse série Y est consacrée aux archives du personnel : archives collectives et archives individuelles. Les archives collectives sont constituées de registres, principalement des contrôles de troupes et d’officiers (sous-séries Ya, Yb et Yc). Les dossiers individuels du personnel, dossiers de carrière et de pension, occupent les sous-séries Yd, Ye, Yf, Yg,…

Tour de France des matricules

Réservistes de 1870, Pierre Georges Jeanniot, 1882, Paris, Musée de l’Armée L’histoire de l’armée est inséparable de celle de la Nation, écrivait Paul-Marie de La Gorce dans La République et son armée. Les registres matricules en sont une illustration. Comment et pourquoi ont-ils été constitués et comment sont-ils conservés et valorisés aujourd’hui ? Les collections des registres matricules commencent à partir de 1867. Les lois sur le recrutement de l’armée, depuis la loi Niel de 1868 jusqu’à la loi de 1905, ont imposé progressivement le service militaire aux jeunes Français. Le recrutement dans les armées débute par un recensement des jeunes hommes de 20 ans (la classe) effectué chaque année par les maires. Ces hommes sont ensuite convoqués devant le conseil de révision au chef-lieu de canton, où ils sont déclarés aptes ou inaptes au service. Cette décision est inscrite sur les listes de recrutement cantonal de la subdivision. On peut en visionner sur le site internet des archives municipales de Saint-Denis. Enfin, les bureaux du recrutement, installés dans les subdivisions de région, convoquent les conscrits afin des les immatriculer et de les inscrire sur le registre matricule avant l’incorporation. Les civils deviennent alors des militaires. Un site internet, Le parcours…

Le 16 avril 1917, au Chemin des Dames, « L’heure est venue. Confiance et courage »
Archives / 15 avril 2012

Au tournant de 1916 et 1917, les Alliés placent tous leurs espoirs dans leur grande offensive de printemps. Le plan nécessite des moyens considérables. A la fin du mois de mars 1917, les Français alignent sur un front compris entre Soissons et Reims, soit 80 kilomètres, un groupe d’armées, commandé par le général Micheler, fort de trois armées aux ordres des généraux Mazel (Ve),  Mangin (VIe) et Duchêne (Xe). Ce sont plus de 5 000 pièces d’artillerie qui ont été acheminées : sur le front des Ve et VIe armées (environ 50 kilomètres), il y a une pièce d’artillerie tous les huit mètres. Pour tirer, l’artillerie a besoin des observations aériennes : 39 ballons, 47 escadrilles d’observation (pour le réglage de l’artillerie) et 8 escadrilles de chasse ont été réunis pour l’offensive. Enfin, pour la première fois, le haut commandement français s’apprête à engager massivement des chars (128). Au total, près de 1 200 000 hommes (10 fois l’effectif de l’armée de terre française aujourd’hui) sont rassemblés. Le général Robert Nivelle est le commandant en chef de l’armée française. Ce polytechnicien, officier d’artillerie, s’est distingué dans la phase offensive de la bataille de Verdun l’année précédente. Il a notamment reconquis…

Les conseils de guerre des régions : l’exemple de Rennes
Archives / 5 avril 2012

Cliquer sur le document pour agrandir. Document : Dossier de procédure de Jean-Louis Lannezval, 136e régiment d’infanterie, traduit devant le conseil de guerre permanent de la 10e région (septembre 1914). Origine : Archives départementales d’Ille-et-Vilaine, 11 R 795. A l’occasion de mes récentes recherches dans les dossiers du conseil de guerre de Rennes, je vous invite à découvrir ces sources et quelques axes de recherche qu’elles offrent au chercheur. Avant le conflit, la justice dans les armées est exercée par le conseil de guerre. Chaque région militaire dispose d’un tribunal. Les hommes déférés devant les conseils de guerre sont des soldats, des sous-officiers et des officiers appartenant à l’armée active (engagés et appelés) jugés pour des crimes et des délits attestés par le code de justice militaire de 1857. Celui-ci est complété en 1875 par une loi sur le fonctionnement en temps de guerre. Les condamnés sont écroués dans des lieux de détention militaires (les fameuses prisons militaires) et ils réintègrent l’armée à l’expiration de leur peine. A partir d’août 1914, cette organisation connaît quelques évolutions. Dans la zone de l’intérieur (les régions), les tribunaux militaires sont maintenus. Dans la zone des armées, toutes les grandes unités (de la division à…

Une sinistre comptabilité
Archives / 26 mars 2012

Document : Note de la commission de l’armée au Sénat au sujet de l’évaluation des récupérations et des déchets, avril 1916 (état-major de l’armée, 1er bureau). Origine : Service historique de la Défense, 7 N 533 : études sur les effectifs (1914-1919). Aujourd’hui, je vous propose de découvrir un document étonnant. Beaucoup considèrent, encore aujourd’hui, que les autorités ont longtemps ignoré l’étendue des pertes pendant la guerre. Il est vrai que compter les pertes (morts, disparus, blessés, prisonniers) a été une opération compliquée à mettre en œuvre ; que les chiffres obtenus ont été le plus souvent  fantaisistes ; et que le résultat a été l’un des secrets les mieux gardés. Mais dès les premières batailles, les généraux comme les politiques savent bien que le feu tue : beaucoup ont connu les champs de bataille et toutes les familles sont endeuillées. Le maréchal Foch perd son fils et son gendre à la guerre ; le général de Castelnau perd ses trois fils. Pour conduire la guerre et les opérations, il est nécessaire d’avoir une vision globale des pertes et des effectifs disponibles. Au début de l’année 1916, l’armée française, alors qu’elle se prépare à attaquer conjointement avec les Britanniques sur la…

Europeana 1914-1918. Acte III : la collecte auprès des particuliers
Archives , Objets , Patrimoine / 19 mars 2012

Die Bibel als Rettung vor dem Tod (Collection particulière : Prof. Dr. Gottfried Geiler) / Europeana 1914-1918 Après « Europeana Collections 1914-1918 », qui concerne des institutions patrimoniales, il faut évoquer un projet au nom très proche, « Europeana 1914-1918« , qui consiste quant à lui à numériser des fonds détenus par des particuliers. En 2008, dans toute la Grande-Bretagne, il a été demandé au public de rassembler les lettres, les photos et les souvenirs de famille liés à la Grande Guerre afin de les numériser. Cette initiative de l’université d’Oxford, qui a donné naissance à The Great War Archive, a remporté un franc succès, amenant Europeana à lancer un programme pan-européen de collecte et de numérisation auprès du public Depuis 2011, ce projet rassemble des souvenirs et des histoires sur la période de la Grande Guerre. Dans la phase actuelle, il se concentre sur des objets européens : lettres, cartes postales, photos et histoires d’Allemagne, du Luxembourg, d’Irlande, de Slovénie et du Royaume-Uni. Les contributions peuvent prendre deux formes : Chacun peut fournir une photographie d’objet ou proposer une histoire via le site Europeana 1914-1918 : l’équipe projet procède ensuite à la validation. A l’occasion de journées de collecte, chacun peut apporter des…