Vendredi 29 novembre, les Archives départementales de la Haute-Savoie accueilleront un colloque très intéressant intitulé « Les pays de Savoie et la Grande Guerre : quelles sources ?« . Cette journée est organisée conjointement par les Archives départementales de Haute-Savoie, de Savoie et le laboratoire Langages, Littératures, Sociétés (LLS) de l’université de Savoie. L’objectif de cette journée est double : s’intéresser aux archives disponibles pour « comprendre et étudier les répercussions de la Grande Guerre sur les pays de Savoie » et mieux connaître les événements qui seront commémorés à l’occasion du centenaire. Des professionnels des archives évoqueront les sources archivistiques en Pays de Savoie, les sources archivistiques nationales (Archives nationales, de la Défense, des Affaires étrangères, de l’Économie et des Finances et de la SNCF) et internationales (italiennes et suisses). Patrice Marcilloux, professeur d’archivistique à l’université d’Angers, prononcera la conférence inaugurale : « Usages et logiques d’usages des archives de la Grande Guerre : de la preuve à l’individu en passant par la Grande Guerre« . La journée sera clôturée par Georges-Henri Soutou, de l’Institut de France. A la veille de la commémoration du Centenaire et alors que les journées d’étude, les colloques et les publications sur la Grande Guerre se multiplient, cette manifestation rappelle…
A l’occasion des 16e Rendez-vous de l’histoire à Blois, j’ai redécouvert ce site consacré aux monuments aux morts. En effet, Martine Aubry, ingénieur de recherche à l’université de Lille III, a présenté le travail de recherche qui portait sur les départements du Nord et du Pas-de-Calais, et qui s’est étendu à la France et à la Belgique. Il s’agit de recenser les monuments aux morts, de les décrire au moyen des informations fournies par les archives et d’en montrer des photographies. Une fiche technique pour chaque monument retrace son histoire, de la construction à nos jours. Elle comprend notamment : une description des monuments (matériaux, inscriptions, sculptures, ornements, etc.). une carte de géolocalisation des données historiques concernant la construction, l’inauguration, les commémorations, etc. On découvre ainsi que depuis leur édification, l’histoire des monuments n’a pas été figée et qu’elle a été marquée aussi par des destructions, des dégradations, des déplacements, etc. des sources (photographies et archives) numérisées et accessibles en ligne. des références bibliographiques ainsi que des liens internet qui permettent d’approfondir la recherche. Les possibilités d’interrogation sont multiples. On peut faire une recherche par lieu, par type de commémoration, par type de monument, par date, par auteur, par nom…
Comment parler aujourd’hui de la guerre, de l’armée et de la Nation en 1914, sans risquer le contre-sens, l’erreur d’interprétation ou l’anachronisme ? En lisant certaines publications sur la Grande Guerre, on se rend compte que le manque de culture historique militaire amène des auteurs à tomber dans ces travers qui nuisent à la démonstration. La suspension de la conscription depuis 1996 a certainement contribué à la perte de cette culture militaire, même minimale, qu’offrait l’expérience du service militaire. Le passage par l’armée de conscription pouvait permettre de mieux comprendre le fait militaire. Certes à la fin du XXe siècle, la vie y était plus douce qu’au début du siècle, mais l’environnement, la vie de caserne, les ordres, les traditions, les règles de vie dans les chambrées, les rapports entre les individus et les catégories, les exercices, etc. étaient hérités en partie de l’armée de la Troisième République. Or cette mémoire tend à disparaître. Deuxième facteur d’explication, la méconnaissance de cette source technique qu’est le Dictionnaire militaire. Cette « Encyclopédie des sciences militaires rédigée par un comité d’officiers de toutes armes » est rarement référencée dans les bibliographies des travaux de recherches. J’ai souvent recours à cette somme grâce à laquelle j’ai…
Pour la rentrée, et en attendant la rentrée littéraire, un peu d’autopromotion ne peut pas nuire ! Voici donc quelques lignes sur une récente publication consacrée à la Grande Guerre, en Bretagne et ailleurs. Si la connaissance de la Grande Guerre et la manière dont les combattants et civils ont vécu la guerre a fait de considérables progrès depuis une vingtaine d’années, une dimension reste paradoxalement peu prise en compte : l’approche régionale ou infra-régionale. Le 13 novembre 2013, l’Université de Rennes II et le Centre de recherche des Écoles de Saint-Cyr Coëtquidan ont organisé, aux Archives départementales d’Ille-et-Vilaine, une journée d’étude sur le thème « Pour une approche régionale de la Grande guerre ». Cette journée marquait la première étape de la préparation d’un colloque sur « La Grande Guerre des Bretons (1914-2014) » qui se tiendra à Coëtquidan et à Rennes les 14 et 15 mai 2014. Les actes de la journée d’étude viennent de paraître aux Presses universitaires de Rennes. On y trouve la version écrite des communications prononcées en 2012 : Yann Lagadec, « L’approche régionale, quelle pertinence ? Le cas des combattants bretons dans la Grande Guerre » ; Erwan Le Gall, « Saint-Malo, la Bretagne, la France : des multiples inscriptions…
L’information est venue de Twitter la semaine dernière. Interviewée lors du Congrès de généalogie de Marseille au début du mois juin, Sandrine Aufray, chef de projet du site internet Mémoire des hommes, annonce les projets à venir dans une vidéo de quelques minutes postée sur Dailymotion le 4 juillet 2013. On apprend dans un premier temps que, le 11 novembre 2013, à l’occasion du dixième anniversaire de Mémoire des hommes, le site va connaître quelques transformations graphiques. De plus, de nouvelles fonctionnalités vont être introduites. Elles permettront l’indexation collaborative et les recherches transversales (par département, par commune, etc.). Avis aux internautes et aux passionnés de la Grande Guerre ! Puis, pour les commémorations du centenaire, le site sera enrichi par de nouvelles mises en ligne : Les 100 000 fiches des soldats décédés qui n’ont pas eu la mention « Mort pour la France » (décès non liés au service, les oublis, les fusillés, etc.). Les Armées françaises dans la Grande Guerre (107 volumes et des centaines de cartes) seront aussi disponibles sur le site. Les AFGG ont été rédigées par des dizaines d’officiers du Service historique entre 1922 et 1937. Elles ont été publiées par l’Imprimerie Nationale. Quelques volumes sont déjà…
Il y a quelques mois, dans l’article intitulé Officiers en série, nous avons vu comment rechercher le dossier d’un officier de la Première Guerre mondiale dans les archives du Service historique de la Défense. Entrons aujourd’hui à l’intérieur des dossiers, pour comprendre les pièces qui les constituent. Les dossiers individuels des officiers (de l’armée active et de la réserve) se caractérisent par leur homogénéité et leur fiabilité. Ils se distinguent des dossiers de carrière des Affaires étrangères ou de l’Instruction publique, par les pièces qui les composent. Ces dossiers ont permis à l’État de garantir les droits des officiers, de contrôler un corps qui peut éventuellement représenter une menace pour la République et de veiller au recrutement et aux carrières de ces hommes sur lesquels il doit compter. On a donc là une source rigoureuse, dont l’exploitation requiert toutefois une grande prudence. Les dossiers de pensions et de carrière des militaires s’étoffent et se structurent progressivement au cours du XIXe siècle. Au lendemain de la guerre franco-prussienne de 1870-1871, le processus s’accélère à cause de l’augmentation des effectifs de l’armée et de la nécessité pour l’État de connaître individuellement chaque cadre. Les dossiers se standardisent. D’un même format, ils sont…
Xavier Boniface, professeur à l’Université du Littoral Côte d’Opale, est connu pour ses travaux sur le fait religieux dans les armées. Dans son dernier livre, il s’intéresse aux relations entre l’Église, l’État et l’armée de 1879 à 1914. Nous lui avons demandé de nous parler des sources qui lui ont permis de mener son travail et nous l’avons interrogé sur les archives de l’aumônerie militaire pendant la Grande Guerre, à l’heure où celle-ci s’organise pour commémorer le centenaire (voir l’article de La Croix du 20 mars 2013). Dans votre dernier livre L’armée, l’Église et la République (1879-1914), vous montrez à plusieurs reprises qu’il est possible d’entrevoir les orientations religieuses et politiques des officiers (p. 184 et suivantes). Pouvez-vous nous indiquer quelles ont été vos sources et quelles informations vous en avez retirées ? En fait, une majorité d’officiers ne semblent pas s’intéresser, ou seulement de loin, aux questions politico-religieuses. Pour les autres, on peut connaître leurs idées à travers les écrits que certains d’entre eux ont publiés. Des archives familiales privées sont – dans les rares cas où on en trouve ! -, de précieuses sources. Les rapports des préfets, demandés à partir de 1902, donnent aussi quelques renseignements, mais…
Pendant la Première Guerre mondiale, les captures de soldats ont été massives. En 1918, près de 7 millions de militaires sont prisonniers en Europe, en Outre-Mer et en Amérique du Nord. Les prisonniers français ont formé l’un des plus gros contingents de ces infortunés, puisque plus de 600 000 soldats français ont été retenus en Allemagne principalement, mais aussi en Bulgarie et en Turquie. En France, ces hommes ont longtemps été suspectés de non combativité, voire de lâcheté. Pourtant, les conditions de vie dans les camps ont été très difficiles, notamment en raison des privations, du manque d’hygiène, des maladies, du travail obligatoire ou encore des punitions. Plusieurs milliers d’entre eux sont morts en captivité. La nécropole nationale de Sarrebourg, où domine « Le Géant enchaîné » du sculpteur et ancien prisonnier de guerre Frédy Stoll, rassemble les corps de plus de 13 200 soldats français décédés en captivité (les noms ici sur MémorialGenWeb). Les images concernant les prisonniers de guerre en captivité sont peu nombreuses. Elles sont rarement le fait des captifs et ont davantage servi la propagande des « geôliers ». Les cartes-photos ci-dessous en sont probablement un exemple. Une fois n’est pas coutume, ces photos contiennent des informations précieuses inscrites sur…
Pendant la Première Guerre mondiale, quatre brigades russes sont intégrées dans l’armée française et combattent sur les fronts de l’Ouest et d’Orient. Cependant, après le déclenchement de la Révolution russe en 1917, ces soldats deviennent suspects aux yeux des Français, qui les retirent du front. Après la révolte et la répression du camp de La Courtine en septembre 1917, les contingents russes en France et à Salonique sont dispersés. Certains soldats continuent à se battre dans l’armée française (dans la division marocaine notamment) tandis que d’autres sont employés dans des compagnies de travailleurs à l’arrière ou en Afrique du Nord. De cette histoire, il reste encore de nombreuses traces qui sont présentées ci-dessous brièvement. Avant de commencer ses recherches au Service historique de la Défense, le chercheur doit s’approprier le plan de classement des archives de la Guerre. Les archives militaires sont classées par producteur au sein de séries chronologiques (1). La série N, qui couvre la IIIe République, reflète l’organisation politique de l’Etat et de l’armée : le ministre de la Guerre et son cabinet, les conseils supérieurs, l’état-major de l’armée, les archives des unités (armée, corps d’armée, division, brigade, régiment, etc). L’historien qui s’intéresse aux brigades russes en…
En février, la Mission du Centenaire a ouvert un site internet, centenaire.org, consacré à la Grande Guerre hier et aujourd’hui : hier à travers les archives (écrites, figurées ou orales) et aujourd’hui à travers le tourisme de mémoire, les événements commémoratifs ou scientifiques, les fouilles archéologiques ou les photographies contemporaines par exemple. C’est un « portail de ressources numériques » : il propose du contenu (sans viser l’exhaustivité mais plutôt dans le but de faire découvrir des documents ou des thèmes, de donner envie d’en savoir plus) et se présente aussi comme une porte d’entrée vers d’autres sites internet, notamment vers les institutions patrimoniales détentrices de fonds d’archives. Ce portail pédagogique et esthétique s’adresse à la fois au grand public et aux spécialistes. Les contenus sont encore limités mais il est appelé à s’enrichir très vite. Nous avons souhaité en savoir plus sur les objectifs de la Mission : Aurélien Brossé, directeur éditorial du site, a bien voulu répondre à nos questions et nous a ainsi présenté les perspectives pour les mois à venir. Nous l’en remercions, ainsi que Joseph Zimet, directeur général de la Mission. 1. Comment se fait la quête des « trésors d’archives » ? Dans le cadre des actions de la Mission du centenaire de la Première…