Depuis le début de l’année, chaque semaine, les écoles de Saint-Cyr Coëtquidan proposent de découvrir un officier de la Grande Guerre sur leur site internet à partir des fonds très riches du musée du Souvenir (des milliers d’objets, de tableaux et de documents d’archives). Les objets qui sont présentés, parce qu’ils ont appartenu à ces officiers, donnent également lieu à une description. Cette rubrique hebdomadaire ne se limite pas aux saint-cyriens. Le conservateur du musée, l’officier communication et moi-même, qui suis chef du département histoire et géographie, souhaitons évoquer l’histoire des officiers de l’armée française pendant la Première Guerre mondiale, quels qu’ils soient. La diversité des recrutements a toujours fait la richesse de ce corps (Saint-Cyriens, Polytechniciens, Saint-Maixentais, réservistes, territoriaux…). L’objectif de cette rubrique est avant tout pédagogique. Tous les élèves officiers en formation aux écoles peuvent ainsi approfondir l’histoire de la Première Guerre, celle du corps des officiers ou encore les traditions de l’armée française et son patrimoine. Les nombreux témoignages laissés par les officiers de la Grande Guerre sont aussi l’occasion de stimuler la réflexion des élèves officiers sur le sens de l’engagement, la décision, le commandement, la peur, le combat, les relations avec les subordonnés. Pour certains,…
Document : circulaire du ministre de la Guerre au sujet de la réforme des méthodes de travail (13 décembre 1917). Source : versement d’archives de l’Imprimerie nationale, PH 278/2004, article 103 (instructions confidentielles et autres du ministère des Finances, 1917-1938), Centre des archives économiques et financières (Savigny-le-Temple). Datée du 13 décembre 1917, cette circulaire a pour objet la « réforme des méthodes de travail » de l’administration du département de la Guerre. En diplomatique, la circulaire se définit comme un avis ou une instruction adressée simultanément par les agents supérieurs à leurs divers subordonnés. Ici, le président du Conseil et ministre de la Guerre Georges Clemenceau, qui est au pouvoir depuis un mois seulement, s’adresse à l’ensemble de ses services. Depuis le début de l’année 1917, le ministère de la Guerre a connu plusieurs tentatives de réforme d’organisation et de fonctionnement. Cependant, la situation que trouve Clemenceau à son arrivée au pouvoir ne semble pas lui donner satisfaction. Le général Henri Mordacq (1868-1943), chef du cabinet militaire de Clemenceau, le note d’ailleurs dans son journal, à la suite d’une conversation avec le ministre : « Nous parlâmes ensuite du ministère de la Guerre. Nécessité d’y rétablir l’autorité du ministre qui n’existait plus, disloquée…
La correspondance laissée par les soldats est une des sources les plus citées par les historiens de la Grande Guerre. Pourtant il est souvent difficile de la contextualiser. La correspondance du soldat Maurice Gastellier est intéressante à plus d’un titre. Son petit-fils, Joël Thierry, a retranscrit l’intégralité de cette correspondance, puis il l’a croisée avec les journaux des marches et opérations des 76e et 19e régiments d’infanterie, des 9e, 10e, 125e, 22e et 163e divisions d’infanterie. De cette façon, il a reconstitué la vie de son aïeul au jour le jour. Né à Coulommiers, en Brie, le 20 décembre 1893, Maurice Gastellier, orphelin de père à 14 ans, est un jeune cultivateur au hameau du Theil (Seine-et-Marne). Il est incorporé au 76e régiment d’infanterie (Clignancourt) en qualité d’engagé volontaire le 14 octobre 1913 puis il est affecté au 19e régiment d’infanterie (Brest) le 1er mai 1916. Il est démobilisé le 11 avril 1919. Soldat de 2e classe de 1913 à 1919, il laisse au pays sa mère, Julia, veuve à 37 ans, son frère cadet René, un ouvrier Joseph et un cheval, Bijou, pour les travaux des champs. Il entretient avec les siens une correspondance régulière atteignant plus de 600 lettres. Maurice…
En août dernier, le Daily mail annonçait la publication sur Internet de 230 000 lettres, accompagnées de leurs testaments, laissées par des soldats britanniques avant qu’ils trouvent la mort sur les champs de bataille de la Première Guerre mondiale (voir aussi Heartbreaking World War 1 Wills Written By Soldiers On The Way To The Western Front – PICTURES). En France, ces documents sont rares et souvent conservés dans les archives familiales. Pourtant, la pratique était répandue parmi les combattants, comme le montre cette lettre du sergent Maurice Prévost : elle nous a été confiée par Yann Thomas, chercheur en histoire, qui a accepté qu’elle soit publiée sur ce blog, et qui possède également l’enveloppe, ainsi que des photographies du sergent, de son épouse et de ses enfants. Plus qu’une lettre testament, ce document est une lettre d’amour d’un fils,d’un père et d’un mari à sa famille. Né à Grand (Vosges) le 7 janvier 1884, Maurice Prévost est employé de bureau à Houilles dans les Yvelines avant la guerre. Il est marié à Amélie Mancel depuis le 29 janvier 1908 quand la guerre est déclarée. Il rejoint alors le 239e régiment d’infanterie de Rouen en qualité de sergent fourrier. Le vendredi…
Vendredi 29 novembre, les Archives départementales de la Haute-Savoie accueilleront un colloque très intéressant intitulé « Les pays de Savoie et la Grande Guerre : quelles sources ?« . Cette journée est organisée conjointement par les Archives départementales de Haute-Savoie, de Savoie et le laboratoire Langages, Littératures, Sociétés (LLS) de l’université de Savoie. L’objectif de cette journée est double : s’intéresser aux archives disponibles pour « comprendre et étudier les répercussions de la Grande Guerre sur les pays de Savoie » et mieux connaître les événements qui seront commémorés à l’occasion du centenaire. Des professionnels des archives évoqueront les sources archivistiques en Pays de Savoie, les sources archivistiques nationales (Archives nationales, de la Défense, des Affaires étrangères, de l’Économie et des Finances et de la SNCF) et internationales (italiennes et suisses). Patrice Marcilloux, professeur d’archivistique à l’université d’Angers, prononcera la conférence inaugurale : « Usages et logiques d’usages des archives de la Grande Guerre : de la preuve à l’individu en passant par la Grande Guerre« . La journée sera clôturée par Georges-Henri Soutou, de l’Institut de France. A la veille de la commémoration du Centenaire et alors que les journées d’étude, les colloques et les publications sur la Grande Guerre se multiplient, cette manifestation rappelle…
Charles Delvert (1879-1940) est un des grands témoins de la Grande Guerre. Ce normalien, officier de réserve au 101e régiment d’infanterie, commande une section puis la 8e compagnie du régiment. Il s’illustre notamment dans les combats autour du fort de Vaux pendant la bataille de Verdun. Entre 1914 et 1916, il est blessé à quatre reprises, ce qui lui vaut d’être inapte au service armé. Il termine alors la guerre en qualité d’officier d’état-major à la 5e armée puis en Italie. Pendant la guerre, Delvert décrit sa guerre au jour le jour sur des carnets. Il en tire deux ouvrages : Histoire d’une compagnie, publié en 1918, et Carnets d’un fantassin, en 1935. Dans un style épuré, il relate sa vie au front et en convalescence pendant la guerre. On découvre un officier proche de ses hommes et humain dans son commandement. D’ailleurs, les Carnets sont dédicacés à ses hommes de la 8e compagnie. Aujourd’hui, les archives de Charles Delvert sont conservées par la famille. Elles sont d’une grande richesse et se composent notamment de manuscrits, de photographies et des carnets originaux. Sa correspondance d’après-guerre montre qu’il a entretenu des relations avec les soldats de sa compagnie mais aussi avec…
A l’occasion des 16e Rendez-vous de l’histoire à Blois, j’ai redécouvert ce site consacré aux monuments aux morts. En effet, Martine Aubry, ingénieur de recherche à l’université de Lille III, a présenté le travail de recherche qui portait sur les départements du Nord et du Pas-de-Calais, et qui s’est étendu à la France et à la Belgique. Il s’agit de recenser les monuments aux morts, de les décrire au moyen des informations fournies par les archives et d’en montrer des photographies. Une fiche technique pour chaque monument retrace son histoire, de la construction à nos jours. Elle comprend notamment : une description des monuments (matériaux, inscriptions, sculptures, ornements, etc.). une carte de géolocalisation des données historiques concernant la construction, l’inauguration, les commémorations, etc. On découvre ainsi que depuis leur édification, l’histoire des monuments n’a pas été figée et qu’elle a été marquée aussi par des destructions, des dégradations, des déplacements, etc. des sources (photographies et archives) numérisées et accessibles en ligne. des références bibliographiques ainsi que des liens internet qui permettent d’approfondir la recherche. Les possibilités d’interrogation sont multiples. On peut faire une recherche par lieu, par type de commémoration, par type de monument, par date, par auteur, par nom…
L’information est venue de Twitter la semaine dernière. Interviewée lors du Congrès de généalogie de Marseille au début du mois juin, Sandrine Aufray, chef de projet du site internet Mémoire des hommes, annonce les projets à venir dans une vidéo de quelques minutes postée sur Dailymotion le 4 juillet 2013. On apprend dans un premier temps que, le 11 novembre 2013, à l’occasion du dixième anniversaire de Mémoire des hommes, le site va connaître quelques transformations graphiques. De plus, de nouvelles fonctionnalités vont être introduites. Elles permettront l’indexation collaborative et les recherches transversales (par département, par commune, etc.). Avis aux internautes et aux passionnés de la Grande Guerre ! Puis, pour les commémorations du centenaire, le site sera enrichi par de nouvelles mises en ligne : Les 100 000 fiches des soldats décédés qui n’ont pas eu la mention « Mort pour la France » (décès non liés au service, les oublis, les fusillés, etc.). Les Armées françaises dans la Grande Guerre (107 volumes et des centaines de cartes) seront aussi disponibles sur le site. Les AFGG ont été rédigées par des dizaines d’officiers du Service historique entre 1922 et 1937. Elles ont été publiées par l’Imprimerie Nationale. Quelques volumes sont déjà…
Parmi les sites internet et autres blogs traitant de la Grande Guerre, Le Parcours du Combattant de la Guerre 1914-1918 a retenu notre attention. Nous avons interrogé son auteur sur ses méthodes de travail. Ses réponses montrent bien tout l’intérêt de la mise en ligne des sources. 1) Qui est derrière Le Parcours du combattant de la Guerre 1914-1918 ? Un simple professeur d’histoire en collège qui utilise ses temps de trajets et son temps libre pour faire des recherches ! J’ai travaillé de manière irrégulière sur le carnet de mon arrière-grand-père pendant un peu plus de 10 ans. Et puis en 2006, j’ai sauté le pas en m’inscrivant sur le forum Pages 14-18 pour poser une question. Le virus était pris. Ne connaissant pratiquement rien de précis sur la période, j’ai lu, beaucoup : discussions, livres, revues. J’étais un peu touche à tout, curieux d’en savoir toujours plus pour mieux comprendre la période. Et puis en 2010 m’est venue l’idée que je pouvais aller plus loin et partager ce que j’avais appris. L’idée du site a mis six mois à prendre forme, entre la structure, le contenu, les difficultés techniques (j’étais curieux d’avoir la main de A à Z sur le…
Il y a quelques mois, dans l’article intitulé Officiers en série, nous avons vu comment rechercher le dossier d’un officier de la Première Guerre mondiale dans les archives du Service historique de la Défense. Entrons aujourd’hui à l’intérieur des dossiers, pour comprendre les pièces qui les constituent. Les dossiers individuels des officiers (de l’armée active et de la réserve) se caractérisent par leur homogénéité et leur fiabilité. Ils se distinguent des dossiers de carrière des Affaires étrangères ou de l’Instruction publique, par les pièces qui les composent. Ces dossiers ont permis à l’État de garantir les droits des officiers, de contrôler un corps qui peut éventuellement représenter une menace pour la République et de veiller au recrutement et aux carrières de ces hommes sur lesquels il doit compter. On a donc là une source rigoureuse, dont l’exploitation requiert toutefois une grande prudence. Les dossiers de pensions et de carrière des militaires s’étoffent et se structurent progressivement au cours du XIXe siècle. Au lendemain de la guerre franco-prussienne de 1870-1871, le processus s’accélère à cause de l’augmentation des effectifs de l’armée et de la nécessité pour l’État de connaître individuellement chaque cadre. Les dossiers se standardisent. D’un même format, ils sont…